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Il y a quelques semaines vous nous invitiez à discuter durant le Sommet Union européenne-Union africaine des enjeux de ce nouveau partenariat. Tout y était, l’espoir en premier. La
commissaire en charge des Partenariats internationaux, Jutta Urpilainen, nous expliquait au sein de la Commission que le changement même de nom de son département portait en lui l’idée qu’il
fallait que l’Europe change son rapport avec l’Afrique, tout comme l’Afrique devait changer son positionnement avec l’Europe. Vous nous demandiez alors en tant que représentants de la
jeunesse européenne de nous exprimer sur ce sujet. Aujourd’hui, nous vous interpellons en tant que Français inquiets de l’évolution de la relation entre l’Europe et l’Afrique. Au-delà de
nous, c’est aussi tout un parcours que l’Union européenne reconnaît. Celui d’une immigration apaisée et vecteur de paix ; celui d’une citoyenneté liée aux valeurs et non au sang, celui
également d’un modèle de société où la couleur de peau n’importe pas. C’est ce que nous sommes et ce que nous représentons. Ce « nous » n’est donc plus un nous de distance, mais bien
d’appartenance à l’Europe. Nous savons que vous avez à cœur de préserver les valeurs de notre continent, et que chaque décision, chaque action, vous les prenez en parfaite conscience des
principes que nous partageons. ETAT DE DROIT. L’article 21 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne stipule clairement sur ce sujet : la discrimination quelle qu’elle soit
est interdite. C’est parce que nous sommes un continent où le racisme n’a pas sa place, où le racisme et l’antisémitisme ont tué des millions de personnes, que nous nous battons contre eux
jour et nuit. Nous le savons, là où il y a l’Etat de droit et de la démocratie, à leurs pieds, comme piliers se trouvent l’égalité de traitement et la lutte contre le racisme ; sans cela,
notre civilisation ne serait que tricherie. Vous et nous, ne voulons pas tricher avec nos principes, nous laissons cela aux populistes et aux dictateurs. C’est parce que nous sommes attachés
à ces principes que nous partageons le combat des Ukrainiens, celui de la résistance à une colonisation, à une invasion. Il ne peut y avoir de doute, ceux qui œuvrent sur un nouveau rapport
entre l’Afrique et l’Europe, condamnent avec fermeté les attaques perpétrées contre le peuple Ukrainien par le président Vladimir Poutine. > « Comment voulez-vous que notre voix et votre
travail sur la > réforme avec le continent africain trouvent une cohérence et un > écho favorable chez nous, si l’Europe, face à la menace > meurtrière, traite différemment les
Blancs des Noirs et des > Arabes ? » Pourtant, madame la présidente, comment voulez-vous que notre voix et votre travail sur la réforme avec le continent africain trouvent une cohérence
et un écho favorable chez nous, si l’Europe, face à la menace meurtrière, traite différemment les Blancs des Noirs et des Arabes ? Comment voulez-vous, que dans notre quotidien, nous
soutenions un rapprochement entre nos deux continents, altéré par ailleurs par un discours anti-démocratie soutenu par d’autres puissances , si la maison de l’Etat de droit qu’est l’Europe
ferme les yeux sur le racisme que vivent aujourd’hui des ressortissants africains ? Pour beaucoup ce sont des étudiants, des jeunes, qui sont aussi des espoirs pour leur famille, des espoirs
pour leur pays d’origine. URGENCE. Si nous vous interpellons avec urgence, c’est pour vous demander de rappeler aux Etats membres, que le racisme n’a pas sa place chez nous, de condamner
sans réserve les actions de certains policiers ukrainiens et polonais, d’impliquer l’Union africaine dans les modalités de prises en charge des ressortissants africains pour répondre aux
besoins d’urgence avec le concours des pays membres. Mais surtout élargir la protection temporaire à toutes les personnes frappées par le conflit sans distinction de couleur, ni de pays.
Nous vous le demandons, non pas pour nous rassurer. Non, nous vous le demandons car, au-delà de ce conflit de territoire, il se cache un conflit plus pernicieux, celui qui nourrit la haine
de l’autre : l’idéologie raciste. Ne laissons pas le bruit courir qu’en Europe on considère différemment Ukrainiens et Africains. Rappeler que notre humanité n’est pas réservée à une seule
communauté, rappeler que nos valeurs ne sont pas à géométrie variable selon la couleur de peau, c’est couper l’herbe sous le pied du récit accusant l’Europe d’hypocrisie. Une civilisation
qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde disait Aimé Césaire, ne laissez pas notre Europe être rongée par la gangrène de l’extrême droite, de cette épidémie, nous n’en
sortons jamais indemnes. _Lova Rinel est porte-parole de Pluriel ; Pierre Henry est porte-parole de Pluriel ; Fodé Sylla est ancien député européen._