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Le récent accord national interprofessionnel sur la sécurisation de l’emploi marque une étape importante dans la reconnaissance des bouleversements du monde du travail, notamment de la
montée de la précarité, et dans la définition d’une nouvelle approche des droits sociaux, qu’il convient de moins lier au contrat de travail ou à un emploi particulier, et davantage à
l’individu tout au long de son parcours professionnel. Cet accord, qui n’a pas encore fait l’objet d’une loi, offre l’occasion d’aborder la question centrale des transformations profondes du
monde du travail et de la détermination des nouveaux droits à mettre en place. Cet essai revient sur ces transformations au long cours, afin de renouveler la vision dominante du monde du
travail qui se focalise sur les types de contrats existant à un moment donné (80 % de CDI, fonctionnaires et indépendants, 10 % de contrats atypiques et 10 % de chômeurs) et oublie la
réalité des trajectoires vécues par les individus. Cette vision statique, fondée sur la nature des contrats, est à l’origine des représentations traditionnelles opposant « insiders »
protégés et « outsiders » marginalisés. Elle masque les mutations profondes du monde du travail, marquées par une dégradation croissante des conditions, et une insécurisation des
trajectoires professionnelles, qui concerne d’une façon ou d’une autre une majorité des salariés. Cet essai propose de suivre les évolutions des trajectoires professionnelles des individus,
de plus en plus marquées par l’absence de perspectives de progrès, des interruptions et des ruptures, la précarité. Cette approche révèle ainsi que la frontière entre une « classe populaire
laborieuse » et une « classe moyenne laborieuse » est purement virtuelle : en France, les deux tiers du monde du travail sont précaires, précarisés ou menacés. A partir de ce nouveau
diagnostic des évolutions du monde du travail, cet essai a pour objectif de proposer un horizon cohérent pour une redéfinition des droits des salariés tout au long de leur parcours
professionnel. Pour ce faire, il convient d’abandonner progressivement les politiques entretenant le développement des emplois de mauvaise qualité : notamment les exonérations de cotisations
sociales sur les bas salaires. Cet essai insiste sur la nécessité d’associer à tout emploi, quel que soit son statut, des droits nouveaux qui permettront d’améliorer la qualité : formation
professionnelle pour tous, tout au long de la vie, effective et transférable, quel que soit le contrat de travail ; accès complet à la protection sociale… Pour endiguer la précarisation de
la société, il formule quelques mesures concrètes : un accès aux minima sociaux généralisés à tous les actifs de moins de 25 ans ; une remontée des barèmes du RSA pour extraire de la
pauvreté nombre de précaires ; le droit pour un salarié à temps partiel d’aménagement des horaires permettant d’assumer éventuellement un deuxième emploi souhaité ou une formation à temps
partiel choisi… Il s’agit de mettre en avant la question de la qualité des conditions du travail, trop souvent oubliée au nom de la nécessité de sauver des emplois. Cette question est le
chaînon manquant entre le débat sur la politique industrielle et celui sur la protection sociale et la fiscalité. On ne pourra développer une stratégie économique ambitieuse, capable de
maintenir notre système de solidarités, d’alimenter le budget de l’Etat, de résorber la dette et de respecter notre environnement qu’à la condition de promouvoir un travail de qualité pour
tous.