
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
Le mardi 22 avril au soir, environ 200 manifestants se sont rassemblés sur la place Beinecke, au cœur du campus de l’université de Yale, pour installer un campement de solidarité avec la
Palestine. Cette action visait à dénoncer la venue du ministre israélien de la Sécurité, Itamar Ben-Gvir, figure de l’extrême droite, attendu pour une conférence. Dans le cadre de sa
première tournée officielle aux États-Unis, Ben-Gvir avait été invité à donner une conférence par l’organisation Shabtai, un collectif sioniste non affilié à l’université. Schmully Hecht,
qui dirige Shabtai, avait écrit dans un appel à la conférence que « _ce sont des événements assumés comme celui-ci qui ont permis à Yale de rester un refuge pour les Juifs, dans une Ivy
League aujourd’hui minée par un extrémisme toxique._ » Mardi, à 21h30, huit tentes avaient été dressées dans le campement, mais à 23h30, les manifestants ont été contraints d’y mettre un
terme face aux menaces de sanctions, voire d’arrestations, émanant de l’administration universitaire. Dès 22h, Pilar Montalvo, vice-présidente adjointe pour la vie universitaire, accompagnée
d’un « facilitateur de la liberté d’expression », a distribué aux manifestants des cartes contenant un QR code renvoyant au règlement intérieur de Yale sur la liberté d’expression, ainsi
qu’un message disant : « _Veuillez cesser immédiatement votre action en cours. Si vous ne le faites pas, vous risquez des sanctions disciplinaires de l’université et/ou une arrestation._ »
Les « facilitateurs de la liberté d’expression » sont des agents de « médiation » mis en place depuis septembre 2024 qui ont pour mission d’intervenir rapidement lors des mobilisations
étudiantes, afin d’en « _désamorcer les manifestations dans un délai très court_ ». Ce mardi, ils sont donc intervenus pour distribuer ces cartes qui précisaient que les étudiants étaient «
_actuellement en infraction avec les règles de Yale concernant la liberté d’expression, les rassemblements pacifiques et/ou les perturbations_ ». Interrogé sur la nature exacte de ce
document, un facilitateur de la liberté d’expression a éludé la question d’un éventuel avis d’arrestation, se contentant d’affirmer qu’il s’agissait d’un simple rappel des politiques en
vigueur à l’université. En réaction à la distribution des cartes, les manifestants ont répondu en scandant : « _Ne scannez pas le QR code !_ » Vers minuit, les manifestants ont fini par
quitter les lieux, laissant les tentes sur place, après avoir appelé à rejoindre une nouvelle manifestation le mercredi 23 avril. Dans un communiqué publié aujourd’hui sur le compte
@yalepalestineactions, les étudiants mobilisés écrivaient « _Reconnaissons ce que nous avons accompli, malgré une répression intense. Nous avons démontré à cette université que nous n’avons
pas peur d’intensifier notre mobilisation ! Et nous continuerons à le faire pour Gaza, jusqu’à ce que la libération soit obtenue._ » La manifestation de mardi a eu lieu un peu plus d’un an
après les grandes mobilisations d’avril 2024, lorsque des centaines d’étudiants avaient protesté contre la guerre menée par Israël à Gaza et exigé que Yale se désengage des contrats
d’investissement avec des entreprises d’armement en lien avec Israël. À l’époque, deux campements avaient été érigés sur le campus, dont l’un s’était terminé par l’arrestation de 48
personnes, parmi lesquelles 44 étudiants de Yale. Un an plus tard, alors que les bombardements sur Gaza ont repris et que le génocide se poursuit, la répression des mouvements de solidarité
s’intensifie à travers les États-Unis. La criminalisation du soutien à la Palestine se manifeste de manière de plus en plus brutale : arrestation et expulsion de Mahmoud Khalil,
interpellation par les services d’immigration (ICE) de Leqaa Kordia, ou encore fuite vers le Canada de Ranjani Srinivasan pour échapper aux poursuites. À Columbia University, des dizaines
d’étudiants ont été suspendus, exclus ou ont vu leur diplôme révoqué pour leur participation aux mobilisations]. Dans ce contexte, Donald Trump et plusieurs présidences d’universités
entendent mettre le mouvement étudiant au pas, et faire un exemple qui pourra être reproduit partout où l’impérialisme est dénoncé. Face à cette vague de répression policière, administrative
et idéologique, des centaines d’étudiants à travers les États-Unis ont répondu cette semaine par des grandes actions de solidarité. Il est désormais crucial d’amplifier ce mouvement, et de
faire entendre, depuis la France aussi, un message clair de soutien aux étudiants réprimés.