Offensive islamophobe : borne s'acharne contre le lycée musulman averroès de lille

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Alors que le Tribunal administratif de Lille avait désavoué la Préfecture du Nord, ce 23 avril, en rétablissant le contrat qui unissait l’État avec le lycée musulman Averroès de Lille, la


ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, poursuit la campagne islamophobe et monte à la charge. Dans sa décision, le tribunal administratif avait jugé que « _la condition tenant à


l’existence de manquements graves au droit n’était pas remplie_ », et « _que la procédure suivie était entachée d’irrégularités_ ». Cette annonce vient annuler la décision prise en décembre


2023 par l’ancien préfet du Nord, Georges-François Leclerc, de supprimer le contrat entre ce lycée privé et l’État, sous prétexte que le lycée entretiendrait des «  _liens avec la mouvance


des Frères musulmans_ », et qu’il y aurait en son sein des « _atteintes aux valeurs de la République_  ». Un véritable désaveu pour le gouvernement et sa politique raciste et islamophobe. En


ce sens, à peine la décision tombée, plusieurs membres de l’exécutif ont affirmé leur volonté de poursuivre la cabale contre l’établissement en faisant appel, comme l’a annoncé Elisabeth


Borne ce 29 avril. La ministre de l’Éducation, dénonce ainsi des « _manquements graves_ », tandis que Bruno Retailleau, a profité d’une conférence de presse pour poursuivre la campagne


islamophobe : « _les faits sont graves, ils sont signe de l’entrisme islamique que je veux combattre avec la plus grande fermeté_ », avant de qualifier l’établissement de « _bastion de cet


entrisme_ ». Début avril, Georges-François Leclerc déclarait en commission d’enquête parlementaire que « _des éléments documentaires_ » et « _certains enseignements (…) relevaient clairement


du salafo-frérisme_ ». Une rhétorique islamophobe bien connue, déployée depuis plusieurs années par le gouvernement pour justifier une répression systémique arbitraire à l’égard des


populations musulmanes ou présumées comme telles. Comme « _preuves à l’appui_ », le texte de la préfecture justifiant la suppression du contrat en décembre 2023 dénonçait le contenu du cours


d’« éthique musulmane », qui défendraient « _une doctrine directement contraire aux valeurs fondamentales de la République_ ». Sont également reprochés à l’établissement « _une absence de


ressources sur certaines thématiques comme la culture, les institutions sociales, les comportements culturels, les relations entre les sexes, l’homosexualité_ », ainsi que la présence d’une


trop grande quantité de livres religieux sur l’Islam en comparaison aux autres religions. Des accusations que même la justice - pourtant un acteur essentiel de l’islamophobie d’État - s’est


vue contrainte de balayer, dénonçant une absence de preuves pour l’ensemble des accusations formulées. De fait, l’argumentaire mis en avant par Elisabeth Borne, suite à cette décision, se


concentre presque exclusivement sur le fait que l’établissement aurait refusé le contrôle d’inspecteurs de l’Éducation nationale. Qui plus est, le deux poids, deux mesures saute évidemment


aux yeux entre le traitement réservé au lycée Averroès et l’impunité dont bénéficient des établissements catholiques contre lesquels des témoignages s’accumulent, à l’image de l’école


Stanislas ou de Notre Dame de Bétharram. L’attaque menée en 2023 contre Averroès par le préfet du Nord est la première décision de ce type depuis le début de la Ve République d’après


Médiacités. En déployant ces accusations islamophobes, le gouvernement cherche à faire de la répression que subit ce lycée - un des principaux et rares établissements privés musulmans de


France - un cas d’école. Bien que le tribunal administratif ait annulé la décision prise par le préfet du Nord, cette annulation a pris plus d’un an et demi, entraînant une baisse de 30% de


l’effectif des élèves, alors que la procédure judiciaire est loin d’être close. Il n’y a rien à attendre de la justice, qui joue un rôle clé dans la répression des phénomènes de


contestation, des classes populaires et des travailleurs, à l’image des expulsions confirmées au tribunal d’Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, ou encore de l’imam


Hassan Iquioussen. Cette offensive s’inscrit dans une campagne islamophobe d’ampleur menée par le gouvernement ces derniers mois, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau en tête. Ce dernier


scandait « _À bas le voile !_ » au cours d’un meeting le mois dernier, au même moment où un projet de loi d’interdiction du voile dans le sport se discute au Parlement, et que des imams et


des figures publiques musulmanes ou assimilées comme telles sont expulsées et réprimées. C’est cette même rhétorique islamophobe du gouvernement qui fait office de catalyseur des agressions


et attentats racistes, comme c’est le cas pour l’assassinat d’Aboubakar Cissé à la mosquée de La Grand-Combe. À l’heure où le gouvernement enchaîne les attaques, il est nécessaire de


s’opposer à toutes les mesures racistes et islamophobes de son projet répressif, telles que la dernière loi immigration, l’interdiction de l’abaya dans les écoles ou encore le projet de loi


sur le voile dans le sport.