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Ce mardi 13 mai, plusieurs salariés du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) ont vu leurs domiciles perquisitionnés par les forces de l’ordre avant d’être interpellés et placés en
garde à vue pour l’ensemble de la journée. Une répression violente qui intervient peu de jours après la marche contre l’islamophobie, coorganisée par le CCIE et quinze jours après
l’assassinat islamophobe d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. Alors que les actes et discriminations racistes se multiplient dans le pays, l’État français réprime les organisations
qui luttent contre l’islamophobie en même temps que les membres du gouvernement continuent de propager un discours haineux à l’égard des musulmans. Selon les informations de _Politis_, les
forces de l’ordre seraient arrivées à 6h du matin auprès de plusieurs domiciles de salariés du CCIE, pour les perquisitionner et, à au moins deux reprises, procéder à des interpellations. Un
couple a notamment été placé en garde à vue alors que le mari n’aurait eu aucun lien avec le CCIE. Les policiers étaient même prêts à emporter leur bébé en garde à vue, si le couple n’avait
pas fait appel en urgence à un proche. Le domicile de la mère d’une salariée du CCIE a également été longuement perquisitionné, alors que sa fille n’y habite plus depuis longtemps.
Plusieurs ordinateurs et téléphones ont été saisis dans les perquisitions et n’ont pas été rendus à leurs propriétaires à la fin de la garde à vue. La justification de cette répression
violente ? Une enquête sur le « _maintien ou la reconstitution, ouverte ou déguisée, d’une association ou d’un groupement dissous_ ». Le CCIE est en effet le successeur belge du Collectif
contre l’islamophobie en France (CCIF), dont Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait obtenu la dissolution en 2020, confirmée en septembre 2021 par le Conseil d’État. Cette
dissolution s’inscrivait dans une vague de répression, faisant suite à l’assassinat de Samuel Paty, qui avait ciblé de manière arbitraire plusieurs organisations et associations supposément
liées à l’islamisme radical et, de ce fait, considérées complices de terrorisme. Ces accusations cachaient la cause véritable de la dissolution du CCIF, que le Conseil d’État a lui-même
reconnu dans sa décision : l’association « _tient depuis plusieurs années des propos sans nuance visant à accréditer l’idée que les autorités publiques françaises mèneraient, notamment dans
le cadre de la lutte contre le terrorisme, un combat contre la religion musulmane et ses pratiquants et que, plus généralement, la France serait un pays hostile aux musulmans_ ». Le CCIF a
précisément été dissous parce qu’il dénonçait le caractère structurel de l’islamophobie en France, et le rôle central de l’État dans sa propagation. Sa dissolution il y a plusieurs années,
et la répression actuelle du CCIE ordonnée par le même Darmanin, aujourd’hui garde des Sceaux, en collaboration avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est une répression
foncièrement politique, qui vise tous les opposants politiques luttant contre le racisme de l’État français. Le même Retailleau, parmi d’autres politiciens, étalait fin mars son
islamophobie, proclamant lors d’un meeting intitulé « Pour la République… La France contre l’islamisme » : « _À bas le voile ! _ », alimentant de ce fait la haine des femmes musulmanes ayant
fait le choix de porter le voile. Et c’est encore lui qui engageait la semaine dernière deux procédures de dissolution, l’une ciblant l’organisation pro-palestinienne Urgence Palestine,
l’autre l’organisation antifasciste la Jeune Garde. La répression des salariés du CCIE rappelle une fois de plus l’urgence de faire front.