Droguée et agressée sur son lieu de travail, islem est menacée de licenciement par la ratp

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Islem est agente de station sur la ligne 14. Le 9 février dernier, lors de sa prise de service, un collègue lui propose un gâteau. Elle l’accepte, sans savoir que celui-ci contient de la


drogue. « _Je me suis installée dans la salle où on prend le café et j’ai croisé mon collègue Arnault*, qui est aussi un ami et qui était avec une autre collègue à nous. Lorsqu’ils m’ont


proposé ce gâteau je ne me suis pas méfiée et j’en ai mangé un bout, c’était un brownie._ » Très vite, Islem se sent mal et perd le contrôle. « _J’étais en poste avec ce même collègue, et


j’ai commencé à avoir des vertiges, à me sentir instable. Arnault* m’a accompagnée en salle de pause, m’a donné un verre d’eau et m’a dit qu’il allait prendre soin de moi. Mais mon état a


empiré. J’avais du mal à respirer, j’ai fait une grosse crise d’angoisse puis un malaise, je somnolais, allongée par terre._ » Elle constate aussi que son collègue, qu’elle pensait être son


ami, ne va pas l’aider mais à l’inverse, va profiter de son état de faiblesse pour l’agresser sexuellement. « _Il éteint la lumière de la salle. A ce moment-là, je me sentais toujours très


mal donc je lui demande d’appeler les secours, mais il refuse. J’étais comme séquestrée puisque je ne pouvais plus bouger mais il refusait de faire venir des personnes extérieures pour


m’aider. Après m’avoir fait monter à l’extérieur pour qu’on s’achète à manger, on est retournés dans la même salle, j’étais allongée au sol et je vomissais, j’étais dans un état second.


C’est à ce moment-là qu’il a commencé à me caresser sous mon pull. Il m’a dit que j’avais de belles fesses, m’a attrapé par les hanches et s’est frotté contre moi_ ». Lorsque son service


prend fin et qu’Islem reprend ses esprits, elle s’empresse de rentrer chez elle. Dès le lendemain, elle appelle sa direction pour raconter ce qui lui est arrivé. « _Dans un premier temps, ma


cheffe me dit qu’il a plein de casseroles autour de faits similaires, qu’il est connu pour ça et que j’ai bien fait d’en parler. On m’assure aussi que je serai protégée, que je n’aurai plus


à travailler avec lui et son groupe d’amis_ ». Nous avons pu consulter la déclaration écrite qui revient en détail sur les faits, qu’elle adresse à sa hiérarchie le 13 février. « DE


VICTIME, TU DEVIENS ACCUSÉE » : MENACÉE DE LICENCIEMENT APRÈS AVOIR ÉTÉ DROGUÉE CONTRE SON GRÉ Le 14 février, Islem constate qu’elle est en poste avec son collègue qui l’a agressée quelques


jours auparavant, contrairement à ce que sa direction lui avait dit. Elle alerte une maîtrise à ce sujet. « _À ce moment-là, c’est le choc pour moi : la maîtrise me hurle dessus en me disant


que mes « problèmes sexuels et privés » n’ont rien à faire dans le cadre professionnel. Je lui explique qu’il ne s’agit pas de ça, mais que je ne peux pas travailler avec ces gens qui m’ont


droguée et agressée sur mon lieu de travail. J’étais effondrée, je me suis mise en arrêt de travail et je n’ai pas été en état de reprendre depuis_ ». Un mois plus tard, c’est la douche


froide pour Islem qui reçoit une convocation à un entretien préalable à révocation. En dépit de solides preuves qu’elle a adressé à sa direction (aveux et excuses du collègue qui l’a


droguée, témoignages de personnes présentes le jour de faits, etc.) sa direction lui reproche d’avoir abandonné son poste le jour des faits, entre 6h45 et 10h30 soit durant la période où,


sous l’effet des substances ingérées, elle a été victime de vertiges et malaises. « _Tout s’est effondré pour moi, je n’arrivais pas à y croire. Comment peuvent ils me reprocher de m’être


droguée alors que c’était contre mon gré ? C’est une inversion totale des choses, de victime, tu te retrouves accusée_ ». La RATP semble avoir monté un dossier de toutes pièces contre la


salariée. En effet, lors de la consultation de son dossier, Islem a constaté que seuls des éléments à charge contre elle y figuraient, notamment un certain nombre de témoignages mensongers


d’amis de l’agresseur qui prétendent qu’Islem aurait mangé le gâteau en connaissance de cause. « _Les témoignages que j’ai fournis, de personnes qui étaient présentes au moment des faits et


qui attestent de ce qui s’est passé, ont disparu, la direction m’a dit qu’ils ont fait le choix de ne pas les prendre en compte. Les aveux de Arnault aussi ne figurent pas non plus au


dossier. Une de mes collègues a même voulu témoigner mais la direction a refusé de prendre sa déclaration !_ ». UN CAS RÉVÉLATEUR DE LA POLITIQUE DE LA RATP EN MATIÈRE DE VIOLENCES SEXISTES


ET SEXUELLES Lors de l’avant-première du documentaire « RATP, pour que la peur change de camp » qui s’est tenue il y a quelques semaines, Islem a choisi de prendre la parole pour raconter


son histoire et dénoncer la répression scandaleuse dont elle fait l’objet. > Islem, agent RATP au métro, a été droguée à son insu avec des > gâteaux au cannabis puis agressée 


sexuellement sur son lieu de > travail. Au lieu de la soutenir, la RATP la convoque le 13 mai pour > la licencier pour abandon de poste : une honte ! #JusticePourIslem > #NousToutes


 #ratp pic.twitter.com/12wkQztbfc >  > — Ahmed Berrahal (@berrahalAhmed93) May 8, 2025 Son cas est un exemple de plus de la politique de la RATP en matière de violences sexistes et


sexuelles : par crainte de salir son image, la direction n’accepte pas que les victimes prennent la parole et dénoncent des faits subis sur leur lieu de travail. Bien loin de les accompagner


ou même de mettre en place des dispositifs de base (comme par exemple, permettre à une agent de ne plus travailler avec la personne l’ayant agressée), la direction de l’entreprise préfère


poursuivre les victimes en disciplinaire pour les faire taire et se couvrir. Dans une enquête parue dans nos colonnes, plusieurs femmes dénonçaient la gestion catastrophique par la RATP de


ce type de cas. Plusieurs fois épinglée par l’inspection du travail à ce sujet, le syndicat Solidaires poursuit d’ailleurs la RATP en justice pour les manquements commis par l’entreprise


dans sa gestion de ces affaires. « _Lui a 11 ans de boîte et est très connu par la direction, assez respecté. Moi je n’ai qu’un an d’ancienneté, je pense que ça joue. En réalité, la RATP


cherche à se couvrir d’une agression commise dans ses locaux et pour ça, elle m’accable. Je considère que j’ai été doublement victime : pour l’agression que j’ai subie puis pour la réaction


de la direction qui veut aujourd’hui me sanctionner_ » explique Islem. Les syndicats La base et Solidaires RATP appellent à un rassemblement de soutien le 13 mai à 12h, 19 place de


Lachambeudie, jour du disciplinaire d’Islem. Soyons nombreux pour la soutenir, refuser toute sanction à son encontre et dénoncer la politique de l’entreprise, qui traîne dans la boue les


femmes qui osent dénoncer les agressions qu’elles subissent ! * Prénom modifié