À menton, un bras de fer s’engage entre la municipalité et le promoteur de l’hôtel 5 étoiles, toujours en chantier

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"Ce qui devait_ être un fleuron de notre offre hôtelière est aujourd’hui un bâtiment fantôme, une énigme."_ C’est ainsi que Gabrielle Bineau décrit le projet de l’hôtel 5 étoiles


de Garavan. L’élue d’opposition (groupe Unis pour Menton) a profité du dernier conseil municipal pour interpeller Yves Juhel sur le sujet. _"Avez-vous des nouvelles de votre ami M.


Paget?",_ a-t-elle demandé en référence à Alain Paget, gérant de Progereal, le promoteur du chantier. _"La chambre témoin, si elle n’a jamais existé, a-t-elle disparu avec les


illusions?"_ La présentation de cette dernière était, jusqu’à la fin d’année 2024, prévue au premier trimestre 2025, la livraison totale pour la fin d’année, et l’ouverture du complexe


pour début 2026. _"Pendant ce temps, un autre projet hôtelier de luxe, celui de votre autre ami M. Likierman avance, lui. Faut-il y voir un traitement de faveur?",_ a ensuite


demandé Gabrielle Bineau. L’élue faisait référence à la pose de la première pierre du futur hôtel de Mauro Colagreco, au cœur du jardin Rosmarino, début mai, en présence d’Yves Juhel et,


donc, de Michael Likierman, l’associé historique du chef étoilé. _"Vous parlez d’appliquer des pénalités de retard de 300.000 euros par an au promoteur défaillant de l’hôtel 5 étoiles.


Ces pénalités sont-elles notifiées? Sont-elles encaissées? Ou n’était-ce, une fois de plus, que de la poudre aux yeux? Qui ment dans cette affaire? (...) Concernant l’hôtel 5 étoiles, quand


les Mentonnais auront-ils enfin des informations claires et transparentes sur l’avenir de ce projet?"_ UNE NOUVELLE PROLONGATION REFUSÉE PAR LE MAIRE Il faut dire que, sur place, le


projet semble bel et bien à l’arrêt. Au premier plan, un bâtiment en béton non peint trône derrière des rambardes provisoires. En hauteur, l’enchaînement de baies vitrées flambant neuves


offre un contraste saisissant. Pas un ouvrier ni un bruit de chantier ne décorent le cadre. _"Depuis 4 ans, le 5 étoiles est le sujet phare. C’est pourquoi je voudrais faire un petit


retour en arrière,_ a commencé par répondre Yves Juhel. _Ce projet d’un complexe de luxe à Garavan a débuté lorsque Jean-Claude Guibal n’était même pas élu. C’est son prédécesseur, Emmanuel


Aubert, qui l’avait initié à Menton et c’était à l’époque un 4 étoiles."_ En 2003, un premier projet a été lancé par la municipalité, mais n’a jamais abouti, d’après Yves Juhel.


_"En 2010, une délibération a été votée pour un nouveau projet avec pour actionnaire principal Alain Paget. Un permis de construire a été accordé en 2011. Mais il a fait l’objet de


nombreux recours devant les juridictions administratives, et le permis de construire n’est devenu définitif que le 5 janvier 2016. L’acte a finalement été voté le 19 décembre 2016"_,


rappelle précisément le maire de Menton. Ensuite, trois avenants de prolongation ont été autorisés par des délibérations, en 2019, 2022 et 2023. _"Ce dernier actait la fin des travaux


au 31 décembre 2024. Ainsi, depuis le 1 janvier 2025, des titres de recettes relatifs aux astreintes, qui étaient fixés à 820 euros par jour de retard, ont été émis chaque mois à l’appui


d’un rapport d’information, par un agent assermenté de la police municipale attestant la non-finalisation des travaux"_, a annoncé Yves Juhel. UNE AUDIENCE AU TRIBUNAL LE 16 JUIN À ce


jour, les titres de recettes ont, d’après lui, été émis pour les mois de janvier, février, mars et avril. Aux alentours de 25.000 euros chaque mois. Aucun de ces titres de recettes n’a été


recouvré à ce jour. _"La société de M. Paget reste donc redevable à la Ville de 98.400 euros. Il a demandé un nouvel avenant par courrier en mars, auquel bien sûr je n’ai pas donné


suite. La société de M. Paget a assigné la commune devant le tribunal judiciaire de Nice pour demander l’annulation des deux premiers titres de recettes."_ Yves Juhel en a profité pour


rappeler les positions passées de plusieurs de ses opposants municipaux. _"Mme Paire, je ne pense pas que vous vous soyez opposée au projet d’hôtel 5 étoiles, ni en 2016, ni en 2020,


lorsque vous étiez première adjointe au maire, et madame Bineau adjointe à l’urbanisme." "Qui est maire aujourd’hui? Qui est responsable aujourd’hui? Il faut arrêter de revenir en


2003, 2002, 1989. Qui, en 2016, a fait voter le permis?",_ lui a rétorqué Gabrielle Bineau. _"Moi-même j’assume d’avoir voté pour à partir de 2014. Je ne dis pas le contraire. Mais


ne faites pas porter à l’actuelle majorité la responsabilité de tout ce qu’il s’est passé depuis 2002, y compris quand c’était M. Storaï qui faisait les notes."_ Et le maire de Menton


de citer les délibérations, au cours des conseils municipaux des années 2002 et 2003, prononcées et votées par Jean-Christophe Storaï, aujourd’hui conseiller municipal d’opposition.


Rappelant les différences entre le projet envisagé à l’époque et le chantier en cours, ce dernier réplique: _"Aujourd’hui, il est de votre responsabilité de casser ce contrat léonin. On


n’y arrivera pas! Consulter tous les professionnels du secteur sur un hôtel 5 étoiles à Menton, dans la période actuelle, ça ne marchera pas." "Ce n’est pas ce que j’entends


depuis quatre ans"_, a répondu Yves Juhel. _"Quatre années au cours desquelles vous continuez à soutenir la couronne, c’est ça qui est choquant", _a répliqué son opposant.


Contacté par _Nice-Matin_, Alain Paget n’a pas souhaité répondre à nos questions. Concernant les pénalités de retard assignées par la Ville et contestées par ses soins, l’audience est


prévue, devant le tribunal judiciaire de Nice, le 16 juin prochain.