Au p’tit bonheur : « notre rêve ? Construire une famille à trois. Avec une femme ou une personne non binaire »

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« “Bah alors, t’es pas toujours casée ? T’as toujours pas d’enfant ? T’es un peu trop vieille maintenant, non ?” Voilà ce qu’on lui répétait en boucle, à ma mère. Alors, elle cherchait


désespérément un mari. Et elle a trouvé. Mon père. Prof de sport. Je ne suis pas arrivé.e tout de suite. Elle me parle souvent de ses fausses couches et d’un embryon qu’elle a vu flotter


dans le fond de la cuvette des toilettes. Elle a fini par m’avoir, à 44 ans. Papa adorait Johnny Hallyday et la chanson _Oh ! Ma jolie Sarah_. “_Oh, ma jolie Sarah/ Combien de temps encore/


Oh, jolie Sarah/ Attendrai-je ton corps ?”_ L’infirmière aussi a dit que c’était à la mode. Alors banco. Je suis né.e un dimanche à 23 h 57, le 2 avril 1995. J’ai grandi dans une


ville-dortoir. A Aigrefeuille-d’Aunis, 3 000 habitants, à 20 kilomètres de La Rochelle, en Charente-Maritime. Un lac aménagé, une piscine et un Intermarché. J’habitais dans une maison en


ciment construite par mon grand-père maternel. La nuit, je voulais regarder les étoiles, alors je laissais les volets ouverts. J’aimais ça. Au sol, il y avait de la moquette noire, toute


douce, avant que mon père installe du lino. Au mur, il y avait des petits bonshommes couleur pastel. Puis on a mis du papier peint mauve parce que j’aimais le mauve. J’aime toujours le


mauve. Ma mère a tout fait enlever à mon départ. Elle voulait vendre la maison. Finalement, ils sont restés. Quand j’y retourne, je me sens encore chez moi, mais c’est vrai que je ne


reconnais plus trop ma chambre. Avec ma mère, il fallait que tout soit parfait : moi, la maison. Elle passait son temps à tout nettoyer, elle repassait même les torchons. Moi, je me souviens


que sa cuisine était fade, elle cuisait tout à la vapeur. Il fallait que je sache lire – à 4 ans, je lisais le Bescherelle –, que je sois poli.e : “Bonjour monsieur. Bonjour madame.” “Oh,


mais qu’elle est sage. Elle ne bouge pas.” Je confirme, je ne bougeais pas. IL VOUS RESTE 80.65% DE CET ARTICLE À LIRE. LA SUITE EST RÉSERVÉE AUX ABONNÉS.