À peine utilisés, trop vite jetés : que deviennent les savons usagés après votre séjour à l’hôtel?

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À PEINE UTILISÉS, TROP VITE JETÉS : QUE DEVIENNENT LES SAVONS USAGÉS APRÈS VOTRE SÉJOUR À L’HÔTEL ? Des associations spécialisées collectent, recyclent et redistribuent les savonnettes


laissées par les clients. Une initiative qui n’empêche pas le gâchis de millions de tonnes de produits d’hygiène. Publicité Il fait partie des produits d’accueil offerts aux clients des


hôtels, à l’image des sachets de thé et des carnets de notes. Le savon miniature disposé sur le rebord du lavabo est à l’origine d’un immense gâchis dans un grand nombre d’hôtels du monde


entier. Utilisé quelques fois à chaque nuitée, le pain de savon finit la plupart du temps dans la poubelle des déchets ménagers avant d’être enterré ou incinéré, sauf si le client prend soin


de l’emporter à la fin de son séjour - ce qui n’est pas considéré comme un larcin. Pour réduire ce gâchis, plusieurs associations sur le territoire se sont donné pour mission de les


récupérer, les reconditionner et les redistribuer. La principale d’entre elles, Unisoap, créée en 2017, a noué des partenariats avec près de 500 hôtels (sur les quelque 17.000 que compte la


France), principalement des 4 et 5-étoiles. Indépendants ou franchisés, ces établissements s’engagent à collecter les savons usagés laissés par leurs clients. «_Selon nos estimations, 51


millions d’unités sont jetés chaque année par les hôtels en France, alors que trois millions de Français n’ont pas les moyens de se procurer des produits d’hygiène de base_», souligne


Pauline Grumel, fondatrice d’Unisoap. 100.000 SAVONS REDISTRIBUÉS Une fois récupérés, les savons sont nettoyés et broyés avant d’être reconstitués en nouveaux pains. «_Une démarche


écologique mais aussi sociale puisque ce recyclage est réalisé dans un Établissement et service d’aide par le travail (Esat) employant des personnes en situation de handicap_, ajoute Pauline


Grumel. Le recyclage répond aux réglementations européennes très strictes en matière de produits d’hygiène qui prévoient par exemple que seuls les savons de même composition peuvent être


recyclés. En sept ans, Unisoap a redistribué près de 100.000 savons, notamment via des associations caritatives comme Les Restos du Cœur. Après la tempête Chido et les problèmes sanitaires


qui ont suivi, 2000 unités ont ainsi été distribuées aux habitants de Mayotte. Les hôteliers y trouvent aussi leur compte : leurs dons sont défiscalisés et leur octroient des points à faire


valoir pour l’obtention de certifications de tourisme durable comme La Clef Verte. LES DISTRIBUTEURS DE SAVON, FAUSSE BONNE SOLUTION ? Pour éviter le gâchis, les hôteliers ont tendance à


supprimer les savons solides au profit du format liquide. «_Entre 2023 et 2024, l’achat de savons solides a baissé de près de 20 % sur les marchés français et européen. Aujourd’hui, nos


clients commandent presque exclusivement des pains de 15 ou 20 grammes, contre parfois 50 ou 100 grammes il y a encore dix ans_», souligne François Marchand, président du Groupe GM, créateur


français de produits d’accueil pour les hôtels et mécène de l’association Unisoap. En délivrant la juste dose, les distributeurs de savons semblent a priori une solution miracle. «_En


réalité, c’est déplacer le problème puisque ce n’est plus le savon qui est à recycler, mais le plastique !»_, rétorque Pauline Grumel. «_Les produits liquides sont essentiellement composés


d’eau, ce qui augmente les besoins en transport et donc les émissions de CO². À quantité équivalente, pour un camion de savon solide, il faut 14 camions de savon liquide_», détaille la


fondatrice d’Unisoap. Alors, faut-il réhabiliter la savonnette dans les chambres d’hôtel ? «_C’est un produit d’image pour les hôtels, comme la literie ou le petit déjeuner. Les hôteliers


ont tout à gagner à le valoriser en incitant leurs clients à l’emporter chez eux, par exemple au moyen d’affiches sur les écogestes_», estime François Marchand. Le glisser dans sa trousse de


toilette est un moyen de garder un souvenir utile de son séjour... tout en faisant un geste vertueux pour l’environnement. ------------------------- EN VIDÉO - Face à l’essor du tourisme au


Japon, les hôtels de luxe sont victimes de leur succès