«conditionner les aides dans les quartiers au respect de l'état de droit est-il tabou? »

feature-image

Play all audios:

Loading...

FIGAROVOX/TRIBUNE - Frédéric Masquelier, président d'Estérel-Côte d'Azur agglomération et maire LR de Saint-Raphaël, explique sa décision de couper les subventions à un quartier de


Fréjus après des violences lors de la victoire du Maroc en quarts de finale de la Coupe du monde, le 13 décembre. Publicité _Frédéric Masquelier est maire LR de de Saint-Raphaël et


président d'Estérel Côte-d'Azur Agglomération._ ------------------------- Absurdité, bêtise, scandale… Les porte-paroles de la bien-pensance se sont mobilisés face à la décision de


suspendre les aides de la Communauté d'agglomération Estérel Côte d’Azur pour le quartier de la Gabelle. Précisons que ce quartier est un ensemble de copropriétés privées qui fait


l'objet d'une attention particulière depuis plusieurs décennies. Près de 30 millions d'argent public y ont été investis pour le désenclaver, pour rénover des immeubles devenus


vétustes à cause de charges non payées et pour permettre à un bailleur social de préempter des appartements laissés à l'abandon par leurs propriétaires. On y ajoutera une grande


mosquée construite illégalement dans une zone inondable sur la base d'un permis de construire périmé. Au cours de l'année 2021, à la suite d'émeutes urbaines, ce quartier de


2700 habitants a de nouveau bénéficié d'un accompagnement à l'aide de moyens renforcés. Les principales associations culturelles et sportives ont été sollicitées pour offrir des


activités privilégiant la jeunesse. Les entreprises ont été mobilisées pour des embauches et des propositions concrètes d'investissements dans l'aménagement de l'espace public


ont été faites pour améliorer la qualité de vie. > Il est insupportable, dans une période où tous les Français font > des efforts, que des groupes d'individus détruisent des 


biens et > des équipements publics par manque d'éducation > Frédéric Masquelier Malgré ces efforts considérables, une cinquantaine de jeunes continuent de jeter régulièrement des


pierres sur les véhicules de police ou de secours, d'injurier et menacer les représentants de l'autorité, de mettre le feu au mobilier urbain et aux commerces voisins, de démonter


à la scie électrique les installations de vidéoprotection… Autre particularité, les caves des immeubles sont inaccessibles, sauf à quelques initiés, offrant un lieu idéal pour de nombreux


trafics connus par tous. À chaque fois le ton est tristement fataliste : ce sont des jeunes «imbéciles» ! Comme si ce terme était à lui seul constitutif d'une excuse ! Comme s'il


n'y avait ni famille, ni aucune autorité dans le quartier. C'est précisément cette logique de droits sans devoirs que nous refusons en conditionnant la délivrance des aides


publiques de la Communauté d'agglomération au respect des règles de l'État de droit. En effet, il est insupportable, dans une période où tous les Français font des efforts, que des


groupes d'individus détruisent des biens et des équipements publics par manque d'éducation, parce qu'ils s'ennuient ou pour s'amuser à l'occasion d'une


victoire lors d'un match de football. La notion de punition collective fut dégainée par quelques ténors de gauche comme un argument massue pour signifier l'impossibilité de


discriminer la totalité des habitants d'un quartier pour les agissements de quelques-uns. Les amalgames les plus douteux avec des périodes dramatiques de l'histoire sont à cette


occasion ressortis d'autant plus aisément que la participation de deux maires LR et RN à cette décision était, sans aucune forme d'analyse, un élément de disqualification immédiat.


Sur le fond, s'il est incontestable que la responsabilité individuelle est structurante d'une société démocratique, elle suppose d'une part d'interpeller les auteurs des


actes de délinquance et d'autre part de les juger. Or, dans le cas présent, le recours à la responsabilité individuelle est inefficace dès lors que les petits voyous encagoulés sont


rarement identifiables par la police. Ajoutons qu'en pratique les mineurs ne sont pas punissables. L'absence de toute sanction individuelle est de ce fait devenue le principe


laissant le problème sans solution. Pour acheter la paix sociale, l'État propose à chaque fois de mettre toujours plus d'argent comme gage de bienveillance accentuant, en réalité,


le sentiment d'impunité. > Au lieu de nier hypocritement une situation délétère en > dénonçant à chaque fois des provocations policières pour > justifier l'inacceptable, 


les familles devraient apprendre à leurs > enfants à respecter la police qui ne fait que son travail dans des > conditions difficiles > Frédéric Masquelier Nous refusons ce cercle


vicieux en appelant l'État à s'engager fortement pour que cela cesse. Nous l'invitons à cesser de fuir ses responsabilités en renforçant de manière pérenne les moyens


policiers sur le terrain. Lorsqu'il y a de la présence policière la situation est maîtrisée. Il appartient ensuite à la justice de prononcer rapidement des mesures d'éloignement du


quartier de ceux, y compris mineurs, qui ne respectent pas la loi. Nous demandons aux bailleurs sociaux de résilier les baux des familles qui troublent la jouissance du quartier, et de


veiller à leur expulsion. Nous disons, ensuite, aux habitants que le principe de la responsabilité individuelle ne doit pas être un prétexte pour échapper à une véritable prise de conscience


dès lors qu'ensemble ils peuvent, s'ils le veulent, mettre un terme à une situation inacceptable. Nous leur demandons de ne pas manifester seulement pour se plaindre des pertes de


subventions mais aussi pour dénoncer la dérive du quartier le plus aidé de l'agglomération. Nous attendons qu'ils participent aux efforts d'amélioration de leur quartier en


aidant activement l'État et les collectivités dans leurs actions de prévention. Dans ce registre, au lieu de nier hypocritement une situation délétère en dénonçant à chaque fois des


provocations policières pour justifier l'inacceptable, les familles devraient, en toutes circonstances, apprendre à leurs enfants à respecter la police qui ne fait que son travail dans


des conditions difficiles. Cette prise de conscience collective par un rétablissement immédiat des valeurs de l'État de droit est l'unique moyen de faire accepter au reste de la


population, notamment celle qui paye pour une politique jugée inefficace, que les habitants des quartiers ne sont pas seulement des créanciers de la société mais des citoyens à part entière


qui méritent le respect. À VOIR AUSSI - France-Maroc: «15 policiers ont été blessés et 167 personnes interpellées» en région parisienne