Ia : un supplément d’un journal américain recommande la lecture de romans... Qui n’existent pas

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IA : UN SUPPLÉMENT D’UN JOURNAL AMÉRICAIN RECOMMANDE LA LECTURE DE ROMANS... QUI N’EXISTENT PAS L’auteur de ce supplément conçu par une agence externe a reconnu avoir demandé à une


intelligence artificielle de générer cet article, sans procéder à aucune vérification. Publicité Au bord de la plage, les pieds dans l’eau. Quoi de mieux qu’un bon livre pour occuper vos


sessions bronzage ? À l’approche de l’été, le journal américain Chicago Sun-Times a tout prévu. Dans le supplément « Indice de chaleur : votre guide du meilleur de l’été », inséré dans ce


journal le week-end dernier, le rédacteur Marco Buscaglia a listé les meilleurs ouvrages à emporter dans sa valise. Parmi eux, _Tidewater _d’Isabel Allende ou _The Last Algorithm_ de Andy


Weir. Le problème ? Ces livres n’existent pas, et la plupart des ouvrages de la liste ne sont pas attribués aux bons auteurs, et inversement. L’article rempli de fausses informations est


rapidement repéré par des internautes et est devenu viral sur les réseaux sociaux. « _Quelle humiliation pour le Chicago Sun-Times !_ » peut-on lire sur X. Spécialisé dans le décryptage des


nouvelles technologies, le média américain 404 a voulu comprendre comment une telle faute a pu être commise. >  « JE N’AI AUCUNE EXCUSE »_ _ En remontant le fil jusqu’à Marco Buscaglia,


celui-ci a avoué avoir utilisé une liste d’ouvrages générée par intelligence artificielle, et ne pas avoir vérifié les informations. Auteur de la presque totalité des articles composant les


64 pages du supplément, il admet utiliser l’intelligence artificielle comme support « _mais je vérifie toujours. Cette fois-ci, je ne l’ai pas fait et je n’arrive pas à croire à mon erreur


parce que c’est tellement évident. Je n’ai aucune excuse_ ». Il explique rédiger ce type de contenus sans savoir dans quelles publications ils vont se retrouver. Il se dit « _extrêmement


embarrassé_ » et reconnaît sa pleine responsabilité. Mais ce n’est pas tout : le média 404 a identifié d’autres anomalies dans le supplément. Parmi elles, un article consacré à l’engouement


pour les hamacs rédigé par ce même Marco Buscaglia. Il y cite Jennifer Campos, chercheuse spécialisée dans les loisirs à l’université du Colorado, qui aurait publié une étude sur le sujet


dans le journal d’ethnographie contemporaine en 2023. Sauf qu’après quelques recherches, le média 404 a constaté qu’il n’y avait aucune mention de cette professeure dans ce journal


universitaire. Jennifer Campos semble n’être qu’une ancienne étudiante diplômée de l’université, et travaille aujourd’hui dans la publicité. UN CONTENU QUI N’A PAS ÉTÉ APPROUVÉ PAR LA


RÉDACTION DU JOURNAL Sur Bluesky, le Chicago Sun-Times a affirmé que ce supplément n’était « _pas un contenu éditorial et n’a pas été créé ou approuvé par la rédaction du Sun-Times_ ». En


effet, celui-ci est produit par l’agence de contenus King Features, qui conçoit et vend des suppléments «clés en main». Elle est détenue par le groupe de presse Hearst, qui possède un grand


nombre de titres magazines. Le supplément a ainsi été commercialisé en complément de plusieurs journaux américains, comme le Philadelphia Inquirer. « _Historiquement, nous n’avons pas de


contrôle éditorial sur ces suppléments, principalement parce qu’ils proviennent d’un éditeur de presse, et nous avons donc supposé à tort qu’il y aurait une vérification éditoriale de leur


côté _» a déploré Victor Lime, vice président marketing et communication du Chicago Public Media qui détient le Chicago Sun-Times. _« LE JOURNALISTE DOIT VÉRIFIER LA VÉRACITÉ DE CE QU’IL


PUBLIE »_ Auprès du média 404, il explique que le Chicago Sun-Times ajoute régulièrement des suppléments ludiques à ses pages pour enrichir le journal, « _mais il s’agit généralement de


contenus qui ne sont pas relatifs à l’actualité. Nous comprenons qu’il est inacceptable pour nous de diffuser des fausses informations à nos lecteurs_ ». Victor Lim a précisé que le journal


allait revoir ses accords avec Hearst. Il insiste également sur le fait l’intelligence artificielle peut être utilisée pour résumer des documents ou analyser des données, mais que «_ le


journaliste doit vérifier la véracité de tout ce qu’il publie_ ».