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MUNICIPALES 2026 : DÉSAVEU EN VUE AU SÉNAT POUR LA RÉFORME DU SCRUTIN À PARIS, LYON ET MARSEILLE La Chambre haute se penche mardi après-midi sur la proposition de loi visant à rendre le mode
de scrutin municipal plus direct dans les trois plus grandes villes françaises. Publicité La droite y est hostile, l'immense majorité de la gauche aussi, et même le bloc central peine
à y trouver son compte : la proposition de loi macroniste visant à réformer le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille risque d'être très largement désavouée lors des débats, qui
débuteront mardi après-midi au Sénat. Un contretemps majeur pour le gouvernement, partisan de ce texte, à moins d’un an des élections. Adoptée à l'Assemblée nationale début avril avec
l'appui de l'exécutif, la réforme mettrait fin au mode de scrutin mis en place en 1982. En vertu de celui-ci, les électeurs des trois plus grandes villes françaises votent dans
chaque arrondissement (ou secteur) pour une liste de conseillers, les élus du haut de la liste siégeant au conseil d'arrondissement (ou de secteur) ainsi qu’au conseil municipal. La
proposition de loi prévoit à la place d'instaurer deux scrutins, l'un pour élire les conseillers d'arrondissement (ou de secteur), l'autre pour élire ceux du conseil
municipal, sur une circonscription unique. Le texte propose également d'abaisser à 25% la prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, au lieu de 50%, comme c'est
aujourd'hui le cas partout en France. Ces évolutions sont justifiées par une formule martelée par les soutiens de la réforme : _«Un Parisien égale une voix, un Lyonnais égale une voix,
un Marseillais égale une voix.»_ «UN TEXTE MAL ÉCRIT» Mais derrière cette justification se cachent également d'importants enjeux politiques, chaque parti ayant sorti la calculette pour
essayer d'anticiper l'impact de la réforme sur son score aux élections municipales de mars 2026. Au Sénat, force est de constater que les calculs n'ont pas donné satisfaction.
Le texte avait prospéré à l'Assemblée grâce à une majorité atypique composée du bloc central, des Insoumis et du Rassemblement national... Mais LFI ne compte aucun élu au Sénat, le RN
seulement une poignée et le groupe macroniste une vingtaine. À la Chambre haute, la balance semble au contraire pencher très largement pour un rejet, d'autant plus que le président du
Sénat Gérard Larcher (LR) lui-même ne s'est pas privé de dire tout le mal qu'il pensait de la démarche. _«Est-ce bien sage de faire évoluer ainsi un mode de scrutin moins d'un
an avant les élections municipales ?»,_ a par ailleurs interrogé Mathieu Darnaud, chef des sénateurs LR, première force politique au Palais du Luxembourg. Si les députés républicains
avaient soutenu l'initiative, nombreux sont ceux qui y ont vu une stratégie dans le cadre de la campagne pour la présidence du parti, entre un Laurent Wauquiez, chef du groupe à
l’Assemblée, favorable à cette réforme voulue par Rachida Dati et un Bruno Retailleau vivement opposé. Sans surprise, les sénateurs LR suivront massivement la position du ministre de
l'Intérieur, ancien président du groupe à la Chambre haute. Les socialistes, deuxième groupe du Sénat, ont la même vision, à l'exception de leurs élus marseillais. _«C'est un
texte mal écrit, qui mélange trois situations totalement différentes sur le plan juridique»_, regrette leur chef de file Patrick Kanner. LA PERSPECTIVE D’UNE CMP Le rejet probable du Sénat
placerait le gouvernement dans une situation délicate sur ce texte. Convoquera-t-il une commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés de négocier pour
aboutir à un texte commun ? _«La logique serait de voir en CMP si un compromis est possible»_, avance une source gouvernementale, refusant néanmoins de _«se placer dans le cas de figure
d'une issue défavorable»_ des débats dans l'Hémicycle du Sénat. Si aucun accord n'émerge, l'exécutif peut également décider de donner le dernier mot à l'Assemblée
nationale... Mais il faudra l'assumer auprès de ses alliés. En effet, le premier ministre François Bayrou avait assuré en février qu'il _«n'imagin(ait) pas qu'un texte
puisse être adopté sur ce sujet sans qu'il y ait accord de l'Assemblée nationale et du Sénat»_. _«Si le gouvernement veut aller au bout sur sa réforme, il va se fragiliser_,
souligne Lauriane Josende, rapporteur LR de la proposition de loi. _Je ne suis pas sûre que le jeu en vaille la chandelle.»_