4shbab : mtv version islamique

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Lancée en 2009, la chaîne égyptienne 4Shbab (pour les jeunes) vise à « délivrer le message de l'Islam » à la jeune génération. Et pour cela, quoi de plus attractif qu'une chaîne


musicale ?    Théo Corbucci Publié le 26 octobre 2010 UNE CHAÎNE « ISLAMIQUE ET HIP, PIEUSE ET FUN » Pour Ahmed Abu Haiba, fondateur et directeur de 4Shbab, « il est clair que les jeunes


générations de musulmans ne regardent ou n’écoutent jamais les chaînes islamiques traditionnelles. Nous avions donc besoin d’une autre approche média capable de délivrer le message de


l’Islam à ce public. […] Si nous voulions leur délivrer un message, il allait donc de soi qu’une chaîne musicale était le meilleur moyen. » « Très ennuyeuses », les chaînes islamiques


classiques comme Iqraa ou Al-Majd TV n'ont rien pour passionner la jeunesse : lecture du Coran en boucle, « présentateurs à longues barbes qui ne parlent que de péchés, de rédemption et


des dangers de l'Occident » ; la liste est longue. Ahmed Abu Haiba pense avoir trouvé la parade : montrer à la nouvelle génération que « l'on peut être traditionnel et moderne à


la fois, islamique et hip, pieux et fun ». « LISTEN TO THE TUNE OF ISLAM » Dans l'esprit de son fondateur, 4Shbab s'est un peu la version islamique de MTV : une chaîne halal,


qu'il serait licite de regarder à la différence de sa version américaine (haram), car conforme aux principaux préceptes de l'Islam. « Le plus gros problème de ces chaînes [MTV,


Melody Tunes] c'est qu'elles ne disent rien sur la vie que nous menons » explique au New York Times Saber Abd El Shafy, membre du groupe 4Hearts, régulièrement diffusé sur la


chaîne.« Voitures de luxe, filles, piscines : elles traitent toutes du bonheur à court terme. »ajoute t-il. Sur 4Shbab, aucune femme dénudée au programme (même très peu de femmes tout


court), des paroles louant Dieu et des clips on ne peut plus imagés. Mais plus que propager le message de l'Islam par la musique, Ahmed Abu Haiba voit en sa chaîne l'un des


meilleurs moyens de combattre l'extrémisme religieux : « 4Shbab change la manière dont les jeunes regardent l'Islam. Je sais que nous pouvons changer les gens, les salafistes ou


les jihadistes. Certaines personnes qui nous écoutent n'avaient jamais écouté de musique avant ! ». Pour lui, l'entertainment est avant tout une manière de toucher le public le


plus large possible : « J'ai commencé 4Shbab car nous avons besoin de redéfinir l'Islam. Les gens voient l'Islam comme une série de restrictions et de limitations. » POP-MUSIC


BUSINESS La principale difficulté de 4Shbab est de trouver le juste milieu entre Islam et le pop-music business. Ahmed Abu Haiba en est conscient et ne souhaite pas prêcher dans le désert :


à tous les journalistes qui l'ont interrogé il aime rappeler certains chiffres, et plus particulièrement le nombre d'abonnés au forum du site (25 000) et le nombre de SMS reçus


par jour (3 000). Utilisateur des nouvelles technologies, 4Shbab est également présent sur Facebook (plus de 8 500 fans) et sur le site de micro-blogging Twitter. Face aux 115 000 fans du


géant saoudien Rotana, la chaîne égyptienne fait pâle figure. Mais Ahmed Abu Haiba sait bien qu'il ne joue pas sur le même tableau. Family-friendly, Ahmed Abu Haiba reste persuadé que


son projet peut également toucher les parents, sensibles à ce que leurs enfants regardent à la télévision : zapper sur 4Shbab c'est avoir la certitude « qu'ils peuvent laisser la


télévision en arrière-plan lorsque les enfants sont à la maison ». La journaliste Amira El Ahl reste quant à elle sceptique sur l'impact réel de 4Shbab, et n'hésite pas à écrire,


dans un article paru dans _Qantara_, que la chaîne « est pratiquement inconnue en Égypte. » Pour appuyer son propos, elle est allée à la rencontre de Karim, 14 ans et grand consommateur de


chaînes musicales : « Qui veut regarder des vidéos musicales sans femmes dedans ? » Si 4Shbab a réussi à se faire connaître à travers la BBC, le Guardian, le New York Times et même le


Christian Science Monitor, reste encore à la chaîne égyptienne à s'imposer de manière durable dans les foyers. A elle seule, la question de Karim est représentative et prouve, si besoin


en était, que le pari d'Ahmed Abu Haiba est loin d'être gagné. ANNEXE C'est entre prédicateurs et femmes dénudées que 4Shbab tente de se positionner, avec d'un côté les


chaînes islamiques traditionnelles (comme Iqraa) et de l'autre les chaînes musicales les plus communes (Melody TV, assez ressemblante à MTV). Pour appuyer ce propos, voici 3 captures


d'écrans qui renvoient vers les vidéos les plus représentatives (voire caricaturales...) de ces différences de positionnements. Nous invitons vivement les lecteurs intéressés à les


visionner pour s'en faire une meilleure idée. Iqraa Melody Hits TV 4Shbab -- Voir en ligne :