Des chercheurs ont passé au crible 263 métiers: voici ceux qui rendent le plus heureux et le plus malheureux

Psychologues, ingénieurs maritimes, facteurs, professionnels de santé, commis de cuisine… Une étude a analysé le niveau de satisfaction des employés de 263 professions et les a classés en

deux catégories: celles qui rendent le plus heureux et celles qui rendent le moins heureux. Quel métier rend le plus heureux? Une équipe de chercheurs a réalisé une étude* à partir d'un

très large panel de données, sur près de 60.000 participants estoniens. En plus des caractéristiques classiques (âge, sexe, profession, niveau de diplôme...), ils ont été interrogés sur

leur niveau de satisfaction au travail et dans la vie. Ils ont également passé un test de personnalité. Parmi les participants à l'étude, 263 professions différentes ont été recensées.

Une grille d'analyse encore plus fine que les traditionnelles catégories socio-professionnelles. En revanche, tous les participants étant estoniens, les résultats ont pu être influencés

par des variables culturelles. Première surprise: les plus heureux ne sont pas les mieux payés. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que le revenu jouait bien un rôle dans la

satisfaction mais que son effet était "modeste". De plus le prestige n'est pas associé à un plus grand épanouissement. > "La nature du travail en lui-même semble jouer

 un rôle plus > important dans la satisfaction que le prestige qui lui est > associé", écrivent les auteurs. Avec vous du vendredi 6 septembre LES AGENTS DE SÉCURITÉ, LES SERVEURS

ET LES VENDEURS SONT MALHEUREUX Parmi toutes les professions représentées, les 10 où les salariés sont les plus heureux dans la vie sont les suivantes: * les religieux, * certains

professionnels de santé (non docteurs), * les psychologues, * les enseignants spécialisés, * les travailleurs indépendants, * les ingénieurs maritimes, * les tôliers (les ouvriers qui

travaillent la tôle). À l'inverse, les 10 professions les plus malheureuses dans la vie sont surtout des emplois de service et de contact avec la clientèle, comme: * les agents de

sécurité, * les sondeurs, * les serveurs, * les vendeurs, * les facteurs, * les charpentiers * les ingénieurs chimistes… Mais les auteurs ont différencié la satisfaction dans la vie et la

satisfaction au travail. Même si les deux se regroupent partiellement, dans le deuxième cas, on retrouve aussi parmi les plus heureux au travail: les professions liées à la santé (comme les

dentistes, les sages-femmes ou les kinés), mais aussi les développeurs informatiques et les auteurs. Chez ceux qui disent le plus souffrir au travail, on trouve plus d'emplois

d'ouvriers peu qualifiés. Les moins satisfaits professionnellement travaillent dans le transport, la manutention et la fabrication. On retrouve aussi les commis de cuisine, les

serveurs, les agents d'entretien et divers types de vendeurs parmi les 10 métiers les moins satisfaits de leur travail. RÉFLÉCHIR ET ACCOMPLIR REND HEUREUX, MANAGER OU EXÉCUTER MOINS

Mais alors quels facteurs expliquent de telles différences? Lorsqu'on annule l'effet des traits de personnalité des employés, les métiers qui sont associés à une plus grande

satisfaction sont ceux qui offrent des "possibilités d'accomplissement" en atteignant des "objectifs qui ont du sens". Dans le contenu du travail, les salariés qui

réalisent des activités pratiques et techniques, ont tendance à être plus heureux dans la vie. > "Ils peuvent favoriser la satisfaction en offrant des résultats > concrets, une 

faible ambiguïté et des opportunités de maîtrise > basée sur les compétences", écrivent les auteurs. Les tâches très structurées et basées sur des règles strictes sont à

l'inverse associées à une moindre satisfaction dans la vie. Les managers ne semblent pas non plus être les plus heureux: les jobs qui impliquent des qualités de leadership et de

compétitivité sont associés à des niveaux de satisfaction plus bas que la moyenne "potentiellement en raison du stress, de la pression ou des responsabilités". Les indépendants en

revanche se montrent particulièrement satisfaits. Les métiers de réflexion, qui comportent des tâches d'analyses, de résolution de problèmes et de recherches peuvent aussi être très

épanouissants. Enfin, les métiers artistiques et ceux qui nécessitent des compétences sociales apparaissent de manière neutre "probablement du fait des conditions de travail assez

variables au sein de cette catégorie", selon les auteurs de l'étude. _*Étude réalisée par quatre chercheurs des universités de Tartu (Estonie), Melbourne (Australie),

d'Edimbourg (Ecosse) et de la McGill University (Canada): Maris Vainre, Kätlin Anni, Uku Vainik, René Mõttus. Le panel était de 59.000 personnes, ayant donné leur sang à une biobanque

estonienne. Les données ont été collectées via une enquête en ligne entre novembre 2021 et avril 2022. Ils ont été interrogés sur leur profession, leur satisfaction au travail et dans la vie

mais aussi sur leurs traits de personnalité._ Marine Cardot