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« Rien n’est plus important que la vie humaine » : ce principe affiché par le Président de la République dans son allocution du 28 octobre 2020 illustre combien la crise du Covid a rebattu
les cartes de la réflexion sur le coût de la santé. Le juste niveau des dépenses publiques allouées à la santé est l’objet d’un débat nourri depuis plusieurs décennies. Qu’il s’agisse de
rembourser des thérapies innovantes très coûteuses, de construire un hôpital, d’organiser un dépistage systématique de cancer, ou de confiner le pays, la question s’impose : qu’est-il est
juste de dépenser pour protéger la santé et sauver des vies ? C’est tout l’objet d’une discipline à part entière qui est désormais présente dans les agences sanitaires de nombreux pays :
l’évaluation médico-économique, capable de mettre en face des coûts d’un investissement, les gains de santé qu’il engendre pour la collectivité. Cette évaluation est loin du cynisme qu’on
lui prête parfois ; elle combine en effet un regard utilitariste de maximisation des bénéfices collectifs agrégés, et des principes normatifs de justice sociale valorisant la protection des
plus fragiles. En France, la réflexion académique sur ces enjeux, de même que sa déclinaison opérationnelle à la Haute autorité de santé, ont fait avancer le débat et transformé les
pratiques depuis le début des années 2000. Mais il reste une question fondamentale dont le débat public doit se saisir pour mieux orienter nos choix collectifs : celle du bénéfice attendu
d’un surcroît de dépenses. Il ne s’agit pas de fixer un plafond de dépense par profil de patient ou par type de soin. L’objectif est de construire un outil permettant d’évaluer, pour un
patient, les gains d’un traitement en termes de temps de vie gagné et de qualité de vie. En-deçà d’un certain seuil, qui devra faire l’objet d’une délibération publique, un investissement de
santé serait considéré comme injuste, parce qu’il détournerait des ressources au détriment d’autres priorités plus pertinentes, c’est-à-dire d’autres patients. Dans un contexte de
ressources contraintes, la valeur d’une vie sauvée reste bien une question ouverte, sur laquelle l’action publique en santé a besoin que le débat public soit mieux construit aujourd’hui. A
lire aussi : - « Combien dépenser pour la santé ? Une perspective démocratique » par Mélanie Heard (13.09.21) - « Comment le Covid transforme le débat sur les dépenses de santé » par
Pierre-Louis Bras (24.03.21)