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Le débat sur la sécurité se décline le plus souvent sur un mode binaire opposant la sécurité auxlibertés, la répression à la prévention et l’autorité aulaxisme. D’autres perspectives
sont-elles imaginables ? La problématique des incivilités dans les espaces publics en ouvre une : récuser une préoccupation systématiquement alarmiste d’une part et, de l’autre, accepter de
prendre la sécurité au sérieux. Un décalage s’est installé entre les priorités d’une action policière traditionnellement tournée vers le maintien de l’ordre et les attentes de la population,
qui relèvent souvent de la civilité du quotidien. Les dispositifs imaginés pour répondre à ces attentes – grands frères et autres médiateurs sociaux, expériences jusqu’ici sans lendemain de
police de proximité, polices municipales – n’ont pas réussi à ébranler un modèle vertical, plus soucieux de surveillance et de contrôle que de prise en compte des préoccupations réelles des
usagers. Dans ces espaces où se mêlent les publics divers de la ville, des initiatives nouvelles dessinent d’intéressantes perspectives de reformulation des enjeux de la sécurité. Une
première série de réflexions concerne la notion d’incivilité. Elles sont à mettre au crédit de gestionnaires d’espaces ouverts au public, pour qui il s’agit, hors de tout enjeu idéologique,
de trouver comment faire face à un problème pratique. Des observations menées dans des gares, des galeries marchandes, des bureaux de posteou encore des caisses d’allocations familialesont
conduit à donner un sens nouveau à la notion d’incivilité. Celle-ci n’est plus vue comme une forme mineure de la délinquance, un acte qui oppose un auteur et une victime : on y voit le
résultat d’une interaction. Ce changement de regard ouvre sur des réponses consistant à utiliser les « compétences citoyennes » des individus : celles des usagers dans leurs rapports entre
eux ; celles des agents qui, loin d’être systématiquement des victimes, désamorcent, par leurs ressources relationnelles, une bonne part des incivilités qu’ils attribuent aux usagers. Le
second domaine d’innovation concerne l’espace public lui-même, la scène où se produisent les comportements dits incivils, où s’éprouve le sentiment d’insécurité. Issu de la rencontre,
récente en France, entre urbanistes et acteurs de la sécurité, il consiste dans la mise en évidence du lien qui unit la qualité de l’espace et le sentiment de sécurité, de bien-être de ses
occupants. La conception, la gestion et la régulation des espaces, pensées et mises en œuvre en tenant compte des usages et des usagers, sont alors les éléments d’une prévention
situationnelle élargie, au-delà des outils technologiques.