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Le pôle Enseignement supérieur et Recherche de Terra Nova appelle toutefois à une vigilance particulière sur la mise en œuvre d’autres dispositions, comme le remplacement de l’habilitation
par l’accréditation des établissements, la création des communautés scientifiques, la future gouvernance des universités. Pour que ces mesures ne ratent pas leur objectif, le temps du débat
parlementaire sera déterminant. *** Le projet de loi sur l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR), qui va très prochainement être adopté par le Conseil des ministres puis discuté au
Parlement, n’a guère suscité de débats hors de la communauté des acteurs de l’ESR. Certes, la Loi ne peut ni ne doit tout régler, mais elle fixe les conditions dans lesquelles l’Etat doit
assumer son rôle incitatif et régulateur, en donnant aux acteurs l’autonomie nécessaire pour atteindre les objectifs généraux qu’il détermine. La tâche du gouvernement comme du législateur
est rude : dans un système morcelé depuis toujours, et en présence d’une communauté déstabilisée par les dix années Chirac-Sarkozy, aux espoirs souvent contradictoires, comment proposer un
nouvel horizon commun ? Le projet de loi ESR y parvient, mais au prix d’un texte aux ambitions mesurées, et dont l’effet dynamisant dépendra beaucoup de l’esprit dans lequel il sera
appliqué. Dans cette note, nous applaudissons un certain nombre de points qui nous paraissent très positifs, comme les dispositions sur la parité, le transfert technologique, la formation
tout au long de la vie, l’objectif d’attractivité du territoire national, la réforme de l’évaluation. Nous sommes plus nuancés sur d’autres aspects : 1. le bouleversement que représenterait
le remplacement de l’habilitation par l’accréditation des établissements nous paraît très prometteur, pourvu qu’il ne soit pas détourné par des normes uniformisantes ; 2. si la création des
communautés scientifiques permet une clarification nécessaire de l’empilement de structures (PRES, IDEX…) créées depuis 2006, il n’est pas certain qu’elle permette l’émergence de véritables
universités nouvelles, rassemblant efficacement les actuelles universités, écoles et centres de recherche des organismes ; 3. la future gouvernance des universités, pour laquelle la loi
propose un modèle unique, inadapté à la diversité des institutions, et dont on se demande s’il favorisera plus qu’auparavant l’accès aux fonctions exécutives de personnalités fortes et
légitimes, ou le nécessaire équilibre entre logique managériale et collégialité académique. Enfin, nous regrettons que le texte n’ait que peu d’effets directs sur les cursus universitaires,
n’ouvrant la voie ni à la différenciation des parcours en licence, ni à la création de parcours de masters cohérents, structurés sur deux ans, avec sélection dès l’entrée en première année.
Espérons que le débat parlementaire permette une évolution positive du texte, et n’en limite pas au contraire les effets progressistes sous la pression des groupes corporatistes.