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QUELLES SONT ET OÙ SONT LES OFFRES D’EMPLOIS ? ET QUE RECHERCHENT VRAIMENT LES DEMANDEURS D’EMPLOIS ? DES RÉPONSES APPORTÉES PAR UNE ÉTUDE INÉDITE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL, QUE NOUS NOUS
SOMMES PROCURÉS. C’est une étude que l’on peut vraiment qualifier de révolutionnaire, en tout cas complètement inédite, par sa forme, par sa méthode déjà, une étude réalisée par Terra Nova.
Les chercheurs de ce think tank proche de la gauche ont constitué un échantillon massif de 6 millions d’offres d’emplois collectés en 2015, à partir d’un site internet JobiJoba – ce n’est
pas une chanson – c’est un site qui regroupe toutes les annonces d’emplois du web, venues de plus de 400 sites généralistes ou spécialisés par secteurs. Les chercheurs ont également mis dans
leurs machines de traitement plus d’un million de recherches d’emploi en ligne et en 2015. En terme de méthode, c’est l’irruption du big data dans les sciences sociales, c’est
l’illustration de cette nouvelle frontière qu’offre le traitement des mégas données pour analyser une réalité sociale comme on ne l’a jamais fait jusqu’ici. C’est beaucoup plus puissant par
exemple que ce que fait Pôle Emploi. Tout est ainsi décortiqué dans la maille le plus fine, les secteurs, plus de 10 .000 métiers, le type d’emplois, les types de contrats de travail
proposés, les rémunérations, la localisation précise des emplois proposés au sein des grandes aires urbaines françaises. ALORS QU’EST-CE QUI SE DÉGAGE DE CETTE ÉTUDE ? Le 1er point, c’est le
pouvoir d’attraction et l’archi domination de la ville-centre, c’est à dire du cœur battant des métropoles françaises : ces centres raflent le meilleur des offres d’emplois : en quantité,
en qualité. C’est là que sont les deux tiers des offres, les plus nombreux CDI et les meilleures rémunérations. Plus on s’éloigne des centres, plus les contrats sont précaires et les
rémunérations descendantes. On connaissait certes la tendance, mais pas à ce niveau de puissance et surtout de détails. C’est extrêmement spectaculaire et paradoxal, puisque dans le même
temps, la population des centres urbains diminue ou stagne au profit des aires les plus éloignées, soit parce que les loyers des centres villes sont trop chers, soit parce que les jeunes
couples vont rechercher un confort de vie plus loin du centre. Autrement dit, les emplois se concentrent tandis que les populations se dispersent. Ce mouvement là a aussi une incidence sur
la nature des emplois : toutes les offres de services à la personne (baby-sitter, assistante maternelle, auxiliaire de vie sociale), sont beaucoup plus nombreuses à l’extérieur des centres
urbains. QU’EST-CE QU’ON PEUT TIRER COMME ENSEIGNEMENTS DE CETTE ÉTUDE ? L’enseignement qui me paraît le plus marquant, et là je vais aller plus loin que ce que disent les auteurs de
l’étude, c’est qu’il faut décentraliser totalement les politiques de l’emploi. Le big data permet désormais une connaissance si fine des réalités sociales qu’il va permettre de réinventer
toutes les politiques publiques. Un exemple concret : le fait que les emplois se concentrent et que les ménages s’éloignent devrait avoir un impact sur les toutes les politiques de transport
et de mobilité pour faciliter la vie de ces salariés qui vivent de plus en plus loin de leur lieu de travail. Vous pouvez désormais tout mesurer, tout quantifier. C’est l’échelon local qui
peut agir le mieux et recoudre le tissu social, inventer des complémentarités entre les différentes aires urbaines, et expérimenter. Voilà en tout cas qui donne de solides arguments à ceux
qui militent pour que les régions et les collectivités territoriales disposent de beaucoup plus de pouvoir et d’autonomie, notamment en matière de politique pour l’emploi, d’éducation et de
formation.