Banques hybrides et réglementation des banques de l’ombre | terra nova


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Le _shadow banking _a été au cœur de la crise financière globale de 2007–2008 et connaît dans la période récente un rebond inquiétant. Il est défini par le _Financial Stability Board_ (FSB)


comme une  « intermédiation de crédit impliquant des entités et activités (partiellement ou totalement) hors du système bancaire normal ». Le Fonds Monétaire International (FMI) dans son


dernier rapport sur la stabilité financière globale s’alarme de cette expansion du shadow banking et des risques que cela induit sur la stabilité financière. Cette question est également au


centre du sommet du G20 de Brisbane. Terra Nova présente dans cette étude son analyse du système bancaire parallèle, réalité protéiforme issue de l’hybridation de la banque et de la finance.


Cette étude est d’abord un travail de clarification sur les différents composants (fonds monétaires, hedge funds, fonds commun de créances etc.), sur les différentes activités du système


bancaire parallèle (titrisation, financements sur le marché repos, sponsoring des banques universelles) et sur les risques pour la stabilité financière que le s_hadow banking _véhicule.


Celui-ci se caractérise par des structures de financement fragiles, un levier d’endettement excessif et pro-cyclique et des produits financiers qui alimentent l’illusion d’une liquidité


allant de pair avec la sous-évaluation des risques dont ils sont porteurs. Le risque de liquidité est le talon d’Achille tant des banques que des banques de l’ombre. Or, le risque de


liquidité est intrinsèquement systémique du fait des réactions en chaîne des intermédiaires financiers régulés ou non à une pénurie de liquidité ou à la simple anticipation d’un resserrement


de la liquidité. Par leurs comportements rationnels d’un point de vue microéconomique de protection contre le risque de liquidité, les agents créent et amplifient le risque contre lequel


ils cherchent à se protéger. Actuellement, la règlementation prudentielle est structurée sur une base institutionnelle : une même activité peut être régulée différemment selon l’institution


financière qui la met en œuvre. Nous proposons une politique macro-prudentielle largement centrée  sur la structure de passif des acteurs de la finance qui transcende les différenciations


entre institutions financières : banques et banques parallèles doivent être régulées de la même manière en ce qui concerne leur exposition au risque de liquidité. La régulation du _shadow


banking_ impose donc de passer d’une régulation différenciée selon les institutions financières à une régulation unifiée par activité de financement. Les principales propositions sont : *


Réguler les acteurs systémiques quel que soit leur statut institutionnel, le principe étant de lier les exigences en capital réglementaire à la dépendance au financement sur  les marchés de


gros de la liquidité * Réguler les transactions et pas seulement les intermédiaires : imposer un renchérissement  et une contra-cyclicité dans les financements contre collatéraux et dans les


exigences de collatéral applicables aux marchés dérivés de gré à gré et accroître l’information des créanciers éligibles au bail in quant à la dépendance de leur contrepartie aux


financements repos. * Restreindre les garanties et soutiens divers que les banques universelles systémiques accordent aux banques parallèles. La réforme de la structure des banques est


évidemment une partie de la réponse.