Primaire à gauche : think tank et politologues relèvent les limites de l’exercice | terra nova


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L’appel lancé lundi 11 janvier dans _Libération_ par une quarantaine d’intellectuels de gauche en faveur d’une primaire à gauche réinterroge le Parti socialiste sur le mode de désignation de


son candidat. Mais le peu de réactions de personnalités du PS prouve toutefois que l’idée n’emballe guère. _« Pourquoi pas », _ a esquivé Jean-Christophe Cambadélis lors de ses vœux à la


presse mardi 12 janvier. Le think tank Terra Nova, proche du PS, avait déjà proposé de réformer le processus de choix du candidat à l’élection présidentielle en vue de 2017. Dans un rapport


intitulé « Primaires : Et si c’était à refaire ? » publié en avril 2015, le cercle de réflexion considérait les bienfaits que la primaire de 2011 avait apporté : une plus grande légitimité


du candidat et un débat d’idées créant une émulation au sein du parti. Aujourd’hui, le contexte est différent et l’appel lancé trop imprécis selon Terra Nova. _« Qui pourrait participer ?


Est-ce que tous les partis représentés lors de ces primaires s’engagent formellement à ne présenter aucun candidat à la présidentielle en cas de défaite aux primaires ? Les rapports de force


exprimés par le vote des militants doivent-ils être prolongés pour les élections législatives ? », _s’interroge Marc-Olivier Padis, directeur des études de Terra Nova. Selon lui, cet appel


ne répond pas aux questions posées par des primaires et la gauche ne peut s’y engager. Contrairement à celles de 2011 qui arbitraient un conflit de leadership, de telles primaires ne


constituent pas une réponse adaptée si François Hollande n’y participe pas. _« C’est plutôt une contestation de François Hollande que la construction d’un nouvel outil démocratique », _ 


conclut Marc-Olivier Padis. « IL Y A UN VIDE DE LEADERSHIP » Pour le politologue Olivier Rouquan, les initiateurs de l’appel sont en double décalage avec la réalité. A ses yeux, leur


représentativité est particulièrement réduite, et leur influence dans le domaine politique assez limitée. _« Il y a un vide de leadership et un trop plein de figures potentielles _ » en ce


qui concerne les candidats à gauche, explique Olivier Rouquan. Au final, ces primaires ne sont, selon lui, judicieuses pour personne. Elles pourraient tourner à l’affrontement interne à la


gauche et risqueraient de démobiliser son électorat dès le premier tour. D’autres, au contraire, voient dans cet appel une éventuelle opportunité pour François Hollande. François Bazin,


journaliste politique, auteur des « Lois de la primaire : celles d’hier, celles de demain » une note pour le think tank libéral Fondapol,  décrit la primaire comme _« brouillant les cartes


et faisant bouger les lignes ». « Tout le monde peut en bénéficier », _explique-t-il. Pour lui, un candidat rassemblant toute la gauche pèserait dans un scrutin présidentiel. Quant à la


participation d’un président à une primaire, François Bazin reste dubitatif. Si la règle de soumission aux urnes devrait être la même pour tous les candidats, il est _« absurde ou dangereux 


»_ de l’appliquer à un président en exercice. _« A quelle date organiser le scrutin ? Comment faire pour préserver jusqu’au bout du mandat la fonction présidentielle ? », _ ajoute-t-il.


Olivier Rouquan évoque d’autres difficultés :_ « Avoir un candidat président pose un problème constitutionnel. Celui de l’égalité entre candidats, rendue obligatoire par le pluralisme


politique. »_ Un président sortant a plus de moyens, une position de force et une certaine autorité et donc au final, une communication plus avantageuse. On se souvient du _« Mais vous avez


tout à fait raison, monsieur le premier ministre », _ lancé par François Mitterrand à Jacques Chirac lors du débat d’entre-deux-tours en 1988. Toutefois, le statut de président sortant a


d’autres inconvénients. Notamment, la justification de son bilan. Pour Jean-Christophe Cambadélis, il est donc _« peu probable »_ de voir le PS ainsi que François Hollande y participer. De


plus, les réactions divergentes des différents partis montrent la difficulté que les gauches auront à s’unir autour d’un candidat unique dès le premier tour de la présidentielle de 2017.