Coup droit, coupé et lift : un robot se met au ping-pong!


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Tout va très vite au ping-pong, les frappes, les rebonds, les effets, sur un terrain de jeu (la table) somme toute réduit. C’est pour ces raisons que faire pratiquer ce sport à un robot est


un vrai défi pour les chercheurs. Google DeepMind s’y est essayé l’an dernier, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a aussi son


projet, présenté à la dernière Conférence internationale sur la robotique et l’automatisation (ICRA) à Atlanta (Etats-Unis) en mai 2025. L’équipe du laboratoire de Biomimétisme et robotique


du MIT utilise un bras articulé de 3 kg et doté de 4 actionneurs. Il s’agit en fait de l'adaptation d’un autre projet de l’établissement, un robot bipède appelé MIT Humanoid. Pour le


ping-pong, les chercheurs ont ajouté un cinquième degré de liberté (au niveau du poignet) à ce projet existant, pour que le robot manie la raquette avec précision. [embedded content] La


rotation du poignet est rendue possible par un actionneur assez léger, pesant 82 grammes, ce qui permet un temps d’accélération situé entre 180 et 300 millisecondes. Comme dans le projet de


DeepMind, un système de suivi de mouvement est nécessaire. Six caméras traquent ainsi la balle et transmettent diverses informations à trois ordinateurs qui, en retour, vont commander la


réaction du robot en fonction des données reçues (position de la balle, vélocité). Lire aussiQui veut goûter du RoboCake ? Un projet étonnant de robotique comestible 88% DE RÉUSSITE L’enjeu


étant évidemment de diminuer le plus possible la latence. Au final, expliquent les chercheurs dans leur article de recherche, "_le temps de réaction entre la réception des données sur


la balle et l’exécution d’une nouvelle trajectoire par le robot va de 7,5 à 16 millisecondes"_. Le bras est piloté par des algorithmes conçus pour calculer quel angle de la raquette et


quelle force donner à un coup, mais aussi quel type de frappe appliquer : coup droit, coupé ou lift (effet de rotation à l’envers). Les chercheurs ont envoyé 150 balles pour chaque type de


frappe. Résultat ? Le robot a été capable d’en renvoyer en moyenne 88%. Soit, dans le détail, 87,5% pour les coups droits, 88,4% pour les coupés et 89,2% pour les lifts. Lire aussiDe


l'intelligence physique dans les robots L'ENJEU D'UN TEMPS DE RÉACTION RÉDUIT Mais c’est surtout la vitesse qui intéresse l’équipe, car au-delà du ping-pong, leur but est de


développer des machines ayant un temps de réaction réduit pour pouvoir les déployer dans divers contextes, notamment d’urgence. En l’occurrence, le robot pongiste enregistre des


"_vitesses de frappe équivalentes ou supérieures à celles d’autres plateformes robotiques tout en maintenant un niveau élevé de précision"._ Cette vitesse (qui ne désigne pas celle


de la balle mais celle du geste du pongiste renvoyant cette balle) s’établit à 11 mètres par seconde en moyenne. La frappe d’un joueur humain se situe entre 21 et 25 millisecondes selon


l’effet appliqué. L'une des grandes limites de l’expérience réside toutefois dans la fixité de la machine : elle ne se déplace pas le long de son bout de table. De même, le poignet


n’est pas encore assez mobile et nécessiterait un degré de liberté supplémentaire. Les chercheurs envisagent d'ailleurs déjà de revoir certains détails de leur dispositif. Comme


intégrer la détection de la couleur par les caméras, pour jouer avec des balles réglementaires, qui peuvent être blanches ou orange. Ou déterminer une frappe en fonction d’une modélisation


de la collision entre la balle et la raquette, ou encore estimer la rotation de la balle pour mieux prédire sa trajectoire et la manière dont elle va toucher la raquette.