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Début mai, différents collectifs et syndicats de cheminots ont appelé à la grève durant le pont du 8 mai, pour de meilleures conditions salariales et de travail, durement impactées par la
flexibilisation imposée des heures de travail, ainsi que par les politiques de casse du service public. Alors que la mobilisation se poursuit depuis le début de la semaine, la direction de
la SNCF a réactivé plusieurs de ses dispositifs habituels pour limiter l’impact des mobilisations, en plus de participer largement au « cheminot bashing » sur les plateaux télés et à la
radio. Parmi ces dispositifs, celui des « volontaires accompagnateurs occasionnels » (VAO) est largement plébiscité, voire salué dans les discours anti-grévistes. Les VAO sont
majoritairement des cadres de la SNCF de plusieurs services de bureaux (RH, finance, etc), qui sont employés pendant les mouvements de grève pour venir remplacer les grévistes. Employés
comme ASCT (contrôleur), cette brigade permet à la SNCF de contourner l’interdiction d’embauche d’agents extérieurs par ses propres salariés plus haut placés. Une véritable brigade de
briseurs de grève qui ont par exemple été utilisés en mars dernier pour contrer la grève des contrôleurs. Les VAO sont aussi largement mieux payés que les salariés de ces services, avec une
rémunération allant jusqu’à 50 € de l’heure, soit 10 fois plus que celle d’un contrôleur, alors même qu’une des revendications principales des grévistes porte sur la rémunération. Une
différence évidente de traitement qui permet déjà de voir où la direction de la SNCF préfère mettre ses deniers et ce qu’elle est prête à perdre pour éviter le développement du mouvement. De
la même manière, la formation des VAO à leurs nouveaux postes temporaires est aussi accélérée, pour être prêts à intervenir le plus rapidement possible en cas de mouvement de grève. Pour
les cadres, la formation d’ASCT dure seulement 3 à 4 jours en formation numérique contre 3 à 4 mois sur site pour un ASCT classique. De même, alors qu’il faudrait au moins 2 voire 3 ASCT par
train pour des raisons de sécurité, des trains roulent souvent avec 1 seul VAO à bord, sous-formé donc, pendant les périodes de grèves. Une mise en danger scandaleuse pour la sécurité des
autres travailleurs à bord et pour les usagers, dans l’unique objectif de casser le mouvement. En réalité, l’utilisation des VAO fait partie d’un arsenal d’entrave au droit de grève au même
titre que les réquisitions ou l’emploi de services privés, comme on a pu le voir avec les raffineurs ou les éboueurs pendant les grèves du mouvement contre la réforme des retraites. Un
arsenal qui pourrait d’ailleurs prendre une nouvelle épaisseur avec la proposition de loi des Républicains, soutenue par le ministre des Transports Philippe Tabarot, qui vise à interdire le
droit de grève des cheminots pendant trente jours de l’année, dont jours fériés et week-end de grands départs, ainsi que le passage de 48h à 72h pour déposer sa grève (DII). Une situation
décrite par Maître Laura Menge, avocate, plaidant contre l’une de ses offensives : « _ Je viens d’être saisie d’une demande d’action en urgence contre la SNCF par le syndicat SUD RAIL Paris
Nord. La Direction tente d’empêcher les salariés de faire grève en leur imposant des règles de plus en plus restrictives et en essayant de leur dicter la manière de faire grève. Ce sont
évidemment des offensives qui vont de pair avec un discours politique anti-grève et des tentatives récurrentes de restreindre le droit de grève des agents par voie législative._ » Ce n’est
toutefois pas une première à la SNCF. En effet, dans le cas des conducteurs de trains, certains cadres anciens conducteurs de trains reprennent du service pour briser les grèves, sans
oublier le « pool fac », une équipe spécialement composée pour remplacer les conducteurs de train en grève qui avait été utilisée notamment en 2019 dans la bataille contre le système à point
de Macron. Dans le cas du matériel, les cadres sont également utilisés pour remplacer les grévistes sur les petites visites (Examens Systématiques) ou pour tirer des trains et remplacer les
Remiseurs Dégareurs dans les technicentres. Pour la formation, là aussi le bât blesse, les cadres sont formés en 1 semaine contre 9 mois pour la formation dans un parcours normal. Alors que
les VAO ont permis à la direction de la SNCF de réduire fortement l’impact de la mobilisation des ASCT du 9 au 11 mai, malgré d’importants taux de grévistes, il s’agit une nouvelle fois de
dénoncer ces atteintes au droit de grève. Face à une direction prête à tout pour briser nos mobilisations, la construction par la base d’un mouvement de grève d’ensemble avec des
revendications répondant aux préoccupations de l’ensemble des secteurs cheminots ainsi que des usagers doit être à l’ordre du jour. C’est la seule issue pour impulser un nouveau rapport de
force pouvant à la fois balayer les menaces sur le droit de grève et défendre un service public véritablement écologique, gratuit, et de qualité.