Soutien à la palestine : 8 mois de sursis requis contre l'universitaire françois burgat, solidarité!

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8 mois de prison avec sursis : c’est la peine requise par le procureur contre le chercheur François Burgat, poursuivi pour « _apologie du terrorisme_ », et dont le procès a eu lieu jeudi 24


avril au tribunal d’Aix-en-Provence. Cet intellectuel, ancien directeur de recherche au CNRS, est connu pour avoir travaillé sur les courants politiques liés à l’Islam dans les pays arabes,


notamment la Palestine, avec des ouvrages tels que _Comprendre l’Islam politique_. Son tort, selon le procureur, a été de publier plusieurs tweets en soutien à la résistance palestinienne.


Pour ces expressions sur les réseaux sociaux, François Burgat a même été placé en garde-à-vue en juillet 2024, pour être finalement poursuivi par le parquet pour « _apologie du terrorisme_. 


» C’est L’Organisation Juive Européenne (OJE) qui a porté plainte contre l’ancien chercheur, ensuite rejointe par la Licra et Avocats Sans Frontières (ASF), qui se sont portées parties


civiles. A l’issue des longues heures d’audiences, le procureur a requis de très lourdes peines : en plus des 8 mois de prison avec sursis s’ajoutent une suspension de son compte X pour 6


mois, et une inéligibilité de 2 ans. Le délibéré sera rendu le 28 mai. UNE INSTRUMENTALISATION DE LA LUTTE LÉGITIME CONTRE L’ANTISÉMITISME En 6 heures de procès, les instrumentalisations de


la lutte contre l’antisémitisme n’ont pas manqué. Dans leur plaidoyer, les avocats de la Licra et de l’OJE ont énuméré tous les actes terroristes en France des dix dernières années, passant


par Charlie Hebdo et les attentats de l’hyper casher. Surtout, ces avocats sont plus largement revenus sur les divers actes antisémites qui ont augmenté en France depuis le 7 octobre. Une


instrumentalisation honteuse des traumas et des violences visant les personnes de confession juive. Pour l’une des avocats de François Burgat, on cherche à « _le rendre responsable de


radicalisation, de passage à l’acte_ ». Une situation qui ressemble fortement au procès de Smaïn Bendjilali, également poursuivi pour apologie du terrorisme et dont l’audience s’est tenue 1


mois auparavant. En effet, lors des deux procès c’est Me Serge Tavitian qui représentait la Licra, avec les mêmes procédés, en allant même jusqu’à convoquer la mémoire de Dreyfus afin


d’entretenir la confusion entre antisionisme et antisémitisme et de museler la dénonciation du génocide en cours. Les avocats de François Burgat ont fait intervenir Rony Brauman en qualité


de témoin, médecin d’origine israélienne qui avait notamment co-signé la tribune « _Soutenir Israël ? Pas en notre nom !_ » en 2002. Celui-ci est revenu sur les différences entre


antisémitisme et antisionisme, rappelant que « _apologie du terrorisme et antisémitisme sont aujourd’hui utilisés pour faire taire toute critique._ » En sortant du procès, François Burgat


confie à Révolution Permanente « _Quand on entend les parties civiles, quand on entend le procureur, on se demande dans quel monde on est. [...] Les mots n’ont pas le même sens pour tous les


acteurs de la scène française aujourd’hui_ ». « _UN DÉBAT QUI PORTE SUR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION_ » L’enjeu principal autour de ce procès a porté sur la qualification de l’infraction pour « 


_apologie du terrorisme_ » et des liens avec la liberté d’expression. Me Rafik Chekkat, l’autre avocat de François Burgat, rappelle que l’infraction pour apologie du terrorisme avait


initialement pour but de « _lutter contre les réseaux de recrutement des djihadistes en ligne_ », dont cette affaire semble être bien éloignée. Il insiste également : « _On n’est pas là pour


tordre le droit français au service des meurtres israéliens_ ». La position particulière de François Burgat, chercheur à la retraite et qui a passé une partie de sa carrière à étudier le


Hamas, pose également la question de la liberté dans l’enseignement supérieur. Rapidement durant le procès, il explique : « _Je ne souhaite pas vous convaincre que j’ai raison mais vous


convaincre que j’ai le droit de porter sur la scène publique des analyses qui ne correspondent pas à ce qu’on entend_ ». À plusieurs reprises, les avocats des parties civiles et la


présidente de l’audience lui ont demandé s’il considère le Hamas comme une organisation « terroriste », s’il souhaite faire « adhérer » ses lecteurs à sa vision, ou encore s’il parle « en


tant qu’homme ou en tant que chercheur ». Tout au long de l’audience, François Burgat a tenu à rappeler que « les morts palestiniens se comptent par milliers », et que l’on assiste à une


véritable « propagande » des dirigeants israéliens. Pourtant, on lui rappelle régulièrement qu’« on ne va pas rentrer dans le détail du conflit israélo-palestinien, ce n’est pas le sujet


aujourd’hui ». UNE ATTAQUE QUI S’INSCRIT DANS UN CADRE LARGE DE RÉPRESSION À l’heure où les étudiants aux États Unis et en France se font réprimer pour leur soutien à la Palestine, où le


sénat propose de nouvelles attaques contre la liberté d’expression à l’université, le procès Burgat est une attaque de plus envers le milieu universitaire. Le délibéré, qui sera annoncé le


28 mai, arrivera 2 jours avant celui de Smaïn Bendjilali et un mois avant le procès d’Anasse Kazib, également poursuivi pour « apologie du terrorisme » à cause d’un tweet. Comme le dit Me


Raffik Chekkat : « _Le monde nous regarde_ », marquant l’importance qu’aura ce procès pour la suite. François Burgat le rappelle : « _Avant moi, des dizaines de personnes, qui avaient comme


seule caractéristique commune d’être de confession musulmane, ont été condamnées lourdement sur la base de dossiers aussi vides que le mien_. » En effet, c’est la répression de toute la


solidarité envers la Palestine qui est en jeu. Face à cela, le bloc contre la répression doit se solidifier, dans la logique de la tribune a été publiée contre la criminalisation de la


solidarité avec Gaza, pour la relaxe d’Anasse Kazib et de tous les soutiens de la Palestine.