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Préparée pendant un peu moins d’un an, la revue stratégique de défense du Royaume-Uni a été rendue publique ce lundi 2 juin. Le gouvernement travailliste sorti vainqueur des élections
législatives générales du 4 juillet 2024 s’était alors empressé de commander la rédaction de cette revue qui détaille un projet de remilitarisation du pays. Cette démarche s’inscrit dans la
droite lignée des gouvernements européens et des puissances impérialistes, qui ont chacun fait de leur remilitarisation nationale une priorité. Face à « _la menace que pose la Russie_ »
d’après les dires de Starmer, il faut pour le Royaume-Uni faire exploser les budgets militaires et, pour compenser, imposer une cure d’austérité. La revue stratégique de défense commandée
par le Premier ministre dès son arrivée au pouvoir a donc pour objectif de tracer un tel plan afin que le Royaume-Uni demeure dans la course des puissances impérialistes. En effet, comme le
souligne les Echos, les classes dirigeantes britanniques s’inquiètent d’un déclassement militaire du Royaume-Uni, s’alarmant du fait que le nombre de soldats des forces terrestres n’a jamais
été aussi bas en trois cents ans. Afin de répondre à cette inquiétude de la bourgeoisie britannique, le gouvernement travailliste formule 62 recommandations qui sont proposées dans le
rapport, et ont été immédiatement adoptées par Starmer. Donnant le ton, le Premier ministre affirmait, à l’occasion d’une visite d’un chantier naval de l’entreprise d’armement aéronautique
BAE Systems, que le Royaume-Uni doit devenir « _une nation plus sécurisée et forte, prête à la guerre, armurée, avec les alliances les plus fortes et les capacités les plus avancées_ »,
comme le rapporte le _Guardian_. Afin de préparer le Royaume-Uni « _à se battre et à gagner_ ». en 2027-2028, les dépenses militaires devraient atteindre 2,5% du PIB, avec comme objectif
d’atteindre les 3% durant le prochain mandat législatif. Ces moyens colossaux devraient principalement se concentrer au sein de l’appareil militaro-industriel britannique, notamment dans les
missiles nucléaires, programme qui bénéficiera de 15 milliards de livres sterling supplémentaires. En ce sens le gouvernement prévoit de construire six nouvelles usines de munitions, qui
devraient pouvoir fonctionner en permanence pour accroitre drastiquement le stock de munitions britanniques. Mais ce sont également les programmes aérospatiaux et la flotte de sous-marins
britanniques pour l’Aukus dans l’indo-pacifique qui devraient bénéficier de davantage de financements pour les années à venir, avec l’achat. Enfin, les travaillistes ambitionnent d’accroitre
les rangs de l’armée. Or, atteindre de telles ambitions militaires sans forcer la main des Britanniques s’annonce difficile et demandera d’enrôler de plus en plus la jeunesse avec des
programmes ciblant les jeunes en âge d’étudier. Tel que souligné dans le résumé de la revue par le Ministère de la Défense britannique dans les mots « _NATO first_ » [NDLR, OTAN premier], le
Royaume-Uni veut commencer à « _diriger dans l’OTAN, avec un nucléaire renforcé, de nouvelles technologies et des capacités conventionnelles mises à jour_ ». Les Britanniques ont donc pour
but de jouer un rôle dirigeant sur le plan militaire en Europe. Ils ne comptent, en effet, pas laisser ce terrain à la France et sa puissance nucléaire et coloniale ou encore à l’Allemagne
et ses plans de remilitarisation astronomiques. Signe de ce bellicisme que souhaite retrouver le gouvernement britannique, l’équipe choisie pour rédiger cette revue stratégique. Parmi elle
une spécialiste de la Russie ayant également été conseillère à la sécurité de la première administration Trump, Fiona Hill, un ancien secrétaire général de l’OTAN de 1999 à 2003, George
Robertson, qui a soutenu officiellement l’invasion américaine de l’Irak ou encore Richard Barrons, général à la retraite et grand défenseur de l’OTAN et de l’intervention atlantiste en
Ukraine. En somme, le Royaume-Uni a dévoilé son plan très ambitieux autour de l’objectif de non seulement défendre sa place dans la course à l’armement, mais également de s’en remettre à la
direction au sein de l’OTAN. En dépit des promesses du parti travailliste, ce sont bel et bien aux travailleurs et aux classes populaires de payer ces ambitions de domination militaire. En
effet, dans le même temps le gouvernement prévoit des coupes massives dans les aides sociales. Ainsi ce sont au moins « _un million de personnes qui vont cesser de recevoir des aides de
l’Éta_ » annonçait le _Financial Times_ suite aux annonces sur l’allocation maladie de la ministre de travail, Liz Kendall, en mars dernier. Afin de financer ses plans militaristes et pour
mener à bien sa cure austéritaire, le gouvernement n’hésite pas à s’attaquer aux travailleurs les plus précaires. En effet, il compte effectuer 5 milliards d’économies par an en restreignant
l’accès au _Personal Independence Payment_, une allocation de 575 livres par mois en moyenne, versée aux personnes porteuses d’une pathologie ou d’un handicap. Une attaque brutale qui fait
même dire au titre de presse conservateur, le Times, que « les travaillistes s’aventurent là où même les conservateurs n’ont pas osé aller ». Alors qu’est progressivement dévoilée l’ampleur
des attaques austéritaires et des projets de militarisation à venir, il faut un mouvement antimilitariste international, qui refuse de participer aux ambitions impérialistes des
gouvernements.