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Alors que Renault annonce une réorganisation de ses activités, notamment à travers la création de filiales comme Ampere, dédiée à la voiture électrique, le groupe affirme vouloir faire de
Cléon un site stratégique pour la production de moteurs électriques et d’électronique de puissance. Mais derrière ces annonces sur la transition vers l’électrique, les salarié·es de l’usine,
en Seine-Maritime, restent sceptiques et dénoncent un manque de garanties concrètes sur l’avenir du site.
Si la communication de Renault met en avant le site Ampère Cléon comme le futur producteur de tous les moteurs électriques de la marque, la CGT affirme au contraire que la direction envisage
déjà d’externaliser cette production. Selon des documents internes obtenus par le syndicat, Renault aurait commandé 18 000 moteurs électriques à des usines chinoises pour équiper la Renault
5 et la future 4L, avec une option sur 19 500 unités supplémentaires. Une décision qui remet directement en cause le rôle stratégique promis à Cléon.
Face à ces effets d’annonce, les travailleurs et travailleuses dénoncent une autre réalité : « Cléon se spécialise sur le moteur électrique, mais on n’est pas en mesure de faire tourner
trois équipes. On a les projets, mais on n’a pas le volume ! » déclare Pascal De Maayer, responsable syndical à la CFDT pour Actu.fr. Une inquiétude d’autant plus forte que l’avenir de
plusieurs lignes de production reste incertain.
Dans les faits, la casse est déjà en cours. Aujourd’hui, Renault emploie environ 3 000 personnes sur le site, contre 5 000 il y a quelques années. En deux ans, 600 CDI ont été supprimés, et
1 700 intérimaires ont disparu. Sur place, 900 salarié·es produisent encore des moteurs thermiques, tandis que les autres travaillent au sein de l’entité Ampère sur les moteurs électriques.
Pour la CGT, ce découpage stratégique est loin d’être anodin : « si le gouvernement ne prend pas des mesures drastiques de rétorsion contre Renault et notamment le conditionnement des aides
publiques, 300 millions d’euros qu’ils reçoivent chaque année, cette usine-là, la plus grosse usine automobile de France, elle ferme dans cinq ans » et dénonce une nouvelle étape dans la
casse industrielle organisée par le groupe.
Pour alerter sur cette situation, la CGT, appuyée par SUD et la CFDT, a organisé une journée de grève et d’information ce mercredi 14 mai sur le site de Cléon, afin de dénoncer la stratégie
de démantèlement en cours et de mettre la pression sur la direction quant à l’avenir de l’usine. Plus de 300 personnes étaient présentes, dont Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT,
ainsi que plusieurs personnalités politiques venues apporter leur soutien.
L’inquiétude des salarié·es de Renault Cléon n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de multiplication des plans de licenciements à travers le pays. En novembre
dernier, la CGT a recensé plus de 300 PSE depuis septembre 2023, pouvant conduire à la perte de plus de 300 000 emplois dans les mois et années à venir.
Partout, les mêmes logiques sont à l’œuvre : que ce soit chez Michelin, LVMH ou ArcelorMittal, les suppressions d’emplois frappent alors même que les groupes enregistrent des bénéfices
colossaux. Derrière les discours sur la « transition », la « modernisation » ou les « réorganisations », c’est toujours la même politique de casse sociale, dictée par les intérêts des
actionnaires, qui se poursuit.
Face à cette offensive généralisée, il y a urgence à construire une riposte d’ampleur, à la hauteur des attaques. Défendre de meilleures conditions de départ constitue une impasse, il nous
faudra refuser chaque licenciement, défendre chaque emploi, et poser la question de la nationalisation sous contrôle ouvrier des entreprises qui ferment et licencient.