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Vendredi 16 mai, des centaines d’étudiants et de personnels de l’Université de Liège ont participé à un rassemblement et à une discussion sur la question de la militarisation à l’université,
à l’appel de différents collectifs étudiants. La semaine précédente, les étudiants de l’université avaient organisé son occupation, installant plus d’une trentaine de tentes dans le hall.
Cette mobilisation fait suite à la décision de l’université, il y a trois semaines, de renouveler son partenariat avec Thalès pour un contrat d’un million d’euros. Clément, étudiant à
l’Université de Liège, et militant à PSL et au sein du collectif Étudiant.e.s de Gauche en Action, explique les raisons de ce rassemblement : « _Nous savons qu’entre 2018 et 2023, il y a
des millions d’euros d’équipements de Thalès qui se sont retrouvés dans les mains de Tsahal, l’armée israélienne. Quand on a vu le renouvellement du contrat avec Thalès il y a eu beaucoup de
colère, et on a voulu organiser un rassemblement. Le sujet, c’est simple, c’est la militarisation de l’université, et au final, la mise à disposition des moyens de l’université pour des
industriels impérialistes qui participent à des génocides_ ». En plus du partenariat de leur université avec Thalès, les étudiants cherchent à dénoncer la complicité des universités dans la
militarisation en cours : « _Pour nous aujourd’hui, l’industrie militaire ne sert que des grosses puissances impérialistes. Je sais qu’il y a un débat auprès de certains camarades sur le
fait que ça reste quand même des emplois, que c’est un secteur ouvrier, etc. Nous, on ne nie pas du tout ça. On encourage d’ailleurs l’interdiction des licenciements dans ce genre de
secteur. Mais ce n’est plus possible d’avoir une forme de complicité entre des universités financées par le public et des industriels qui soutiennent des massacres dans le monde entier_ »,
explique Clément. Cette mobilisation s’inscrit à la suite d’une occupation lancée il y a un an pour dénoncer le génocide en cours en Palestine, qui s’inspirait des occupations étudiantes aux
États-Unis et à Paris, comme le raconte Clément : « _C’était la première occupation depuis plus de vingt ans à l’Université de Liège. Il faut se dire que ce n’est absolument pas dans la
culture du milieu étudiant belge. C’est parce qu’il y a eu une dynamique internationale que l’on a connu une dynamique nationale, avec des occupations dans la dizaine d’universités de la
ville. Nous luttons contre la mise en concurrence des peuples dans une forme de solidarité internationale. C’est un mot d’ordre qui est au centre de notre mobilisation_ ». En campant dans le
hall de l’université, les étudiants de Liège soulignent les intérêts communs qu’ils entretiennent avec les étudiants mobilisés partout dans le monde en soutien aux Palestiniens. > Les
étudiants mobilisés refusent que leurs savoirs soient mis au service d’entreprises complices d’un génocide, mais également qui se font des milliards d’euros de profit sur les guerres et le
réarmement : « _Ici, la question de la militarisation, elle s’étend complètement au-delà de la question de la Palestine. On sait bien que Thalès, ils ont aussi fourni de l’équipement
militaire à la Russie. Dans le bassin industriel liégeois, il y a aussi la FN Herstal, qui est un partenaire privilégié de l’Université de Liège. L’entreprise a été mise en cause pour des
crimes de guerre entre l’Arabie saoudite et le Yémen_ » explique Clément. Leur dénonciation dépasse donc la question de la complicité, pour interroger la nature même de l’Université. Les
universités belges sont sous-financées, ce qui les oblige à aller chercher des financements auprès d’entreprises privées. À rebours de ce modèle, Clément appelle à « _une Université qui
défend les besoins sociaux et pas les logiques d’un bloc occidental qui part en guerre avec le monde entier. Il y a évidemment une urgence climatique, mais aussi la précarité, les urgences
médicales ou énergétiques, des questions aussi de logement, etc._ ». Pour cela, les étudiants doivent s’adresser à des secteurs plus larges de la société pour imposer un rapport de force qui
s’étend au-delà de l’enceinte de leur établissement, comme il l’explique : « _Nous cherchons à sortir des murs de l’université, à entrer en contact avec les travailleurs qui sont
vraisemblablement les seuls en capacité d’arrêter un gouvernement qui part en guerre et qui alimente la casse sociale ici. On a vu les dockers, les gens dans les aéroports dans différents
pays, qui bloquent l’armement qui allait vers Gaza, mais on a vu aussi en Italie des grosses usines d’armement qui étaient reconverties pour faire de la tôle de voiture_ ». En s’inspirant
des mobilisations étudiantes et ouvrières à l’international, les étudiants de l’Université de Liège montrent la voie à suivre pour s’affronter à nos présidences de fac et à nos
gouvernements, qui diffusent une propagande de guerre sans précédent pour convaincre des jeunes de partir à l’armée pour défendre leurs intérêts impérialistes. Face à ces offensives, on a
plus que jamais besoin d’une réponse internationaliste et antimilitariste.