Métallurgie. 49 salariés menacés de licenciement : « à 3 ans de ma retraite, c'est dégueulasse »

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« _Aucun repreneur ne va racheter l’usine de Galvanoplast avec autant de problèmes. On est en colère_ ». C’est le constat amer que pose Kader, 61 ans, 36 ans d’ancienneté dans l’usine et


responsable du traitement anti-corrosion des pièces métalliques. Réseau électrique non conforme, insalubrité des locaux, émanation de produit toxique... Autant de motifs qui rendent l’espoir


d’une reprise presque impossible. Pourtant, le groupe continue de faire miroiter un potentiel rachat de l’usine qui sauverait les salariés. Selon Kader, l’entreprise a consciemment


sous-investi dans l’usine pour faciliter la mise en œuvre d’un plan social. Pourtant, il faut souligner que Galvanoplast Paris se porte bien : entre 2020 et 2023, l’entreprise a augmenté son


chiffre d’affaires de 4 millions d’euros, s’élevant ainsi à 11 millions sur l’année 2023. Pour Omar*, salarié de l’usine, la stratégie de Galvanoplast Paris est claire. Le groupe se sert de


la crise de l’automobile comme « _prétexte pour pouvoir licencier_ ». En réponse, des dizaines de salariés du site ont organisé une grève et une manifestation le 29 avril, soutenues


notamment par l’union locale CGT et la CGT Geodis Calberso. Une journée qui a permis aux ouvriers de relever la tête et de se battre pour leurs droits. « _Même le strict minimum,


Galvanoplast ne veut pas nous le donner_ », s’indigne Omar. Les salariés réclament entre autres une préretraite pour les seniors, une formation requalifiante pour les salariés qui le


souhaiterait et un doublement de l’indemnité légale de licenciement. De fait, plus de la moitié des travailleurs ont entre 55 ans et 62 ans. Omar raconte que la plupart d’entre eux y ont « 


_laissé une partie de leur vie, de leur vie familiale et de leur santé_ ». Une situation précaire qui met à mal les espoirs de ces salariés à retrouver un emploi stable, en particulier


lorsqu’on connait les difficultés à trouver un emploi pour cette tranche d’âge. De fait, selon le ministère du travail, seulement 58,4% des personnes personne âgés entre 55 à 64 ans occupent


un emploi, contre 82,6% pour les 25-49 ans. A cela s’ajoute le fait que ces dernières semaines, Galvanoplast Paris s’est décidé à faire des enquêtes sanitaires sur l’impact des produits


toxiques inhalés par les ouvriers et sur la vétusté du bâtiment, potentiellement contaminé par de l’amiante. Une manœuvre vivement dénoncée par les ouvriers : « _ça fait des années qu’on


demande des expertises pour évaluer les risques sanitaires, mais Galvanoplast a toujours botté en touche en arguant qu’il n’avait pas les moyens et en faisant de fausses promesses_ ». Selon


les salariés, ces dernières expertises permettent à la direction de se « _laver les mains_ » et de pouvoir « _mieux vendre son plan social_ ». Un timing d’autant plus surprenant lorsque l’on


sait qu’avec l’usine presque entièrement à l’arrêt, le taux de poussière est bien inférieur qu’en temps normal. Un stratagème honteux pour les ouvriers de l’usine, qui rapportent que


beaucoup de leurs collègues proches de la retraite, sont épuisés et que l’un d’entre eux a développé un cancer. D’anciens salariés ont également développé un cancer juste après avoir pris


leur retraite mais n’ont jamais pu avoir la preuve d’un lien de causalité avec l’usine. Kader souhaite transmettre aux nouvelles générations ouvrières que « _seul la lutte compte_ » et qu’il


est nécessaire de construire des liens de solidarité pour s’affronter aux patrons : « _Si on montre des signes de faiblesse, les patrons vous écrasent comme des moustiques_ ». A l’image du


collectif anti répression de la RATP initié par Révolution Permanente ou de la grève victorieuse menée contre le licenciement de Christian Porta, seul l’organisation à la base et la


solidarité entre les travailleurs permet de se dresser face à un patronat prêt à sacrifier des vies pour ses profits !