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Selon un communiqué signé par plusieurs syndicats enseignants et associations d’aide aux migrants, deux élèves du collège Salvador Allende de Rezé (44), Aleksandre, 13 ans et Anastasia, 11
ans, ainsi que leur mère, ont été réveillés au petit matin par la police. Les forces de l’ordre leur ont laissé quelques heures pour rassembler leurs affaires après quoi ils ont été expulsés
et reconduits en Géorgie le jour-même. Sous le coup d’une OQTF, la famille s’était vue refuser sa demande d’asile après avoir passé plusieurs années en France. La brutalité d’une telle
intervention a laissé sous le choc l’entourage de la famille, le choix de mettre à exécution l’expulsion au milieu des vacances apparaît d’ailleurs comme une tentative d’étouffer toute
protestation. C’est sans compter sur la colère des enseignants qui ont appelé à un rassemblement devant le collège Salvador Allende ce mardi 22 avril à 18 heures. D’après le même communiqué,
les arrestations de familles se multiplient dans le Grand Ouest et concerneraient des personnes habitant les communes de Quimper, Lorient, Pontivy, Landivisiau. Lors de ce rassemblement,
les nombreuses prises de parole d’élèves, de parents, d’enseignants, ont exprimé une grande solidarité avec les familles expulsées ou qui risquent l’expulsion et ont dénoncé les traitements
indignes et inacceptables dont ces familles sont victimes. Pour les personnes présentes au rassemblement ainsi que les nombreuses organisations syndicales, politiques et associatives venues
en soutien, l’objectif semble clair : continuer d’organiser la résistance à ces politiques inhumaines et ne pas en rester là. Si cette politique choque, à raison, c’est parce qu’elle
confirme le tournant autoritaire engagé par la macronie en crise. Qu’il s’agisse de François Bayrou expliquant sur un plateau télé qu’il y aurait une « submersion » migratoire, de Darmanin
qui, dans une surenchère xénophobe, réclame l’accélération de l’exécution des OQTF ou bien de la dernière circulaire de Bruno Retailleau durcissant encore plus les conditions de
régularisation des étrangers, la chasse à « l’ennemi de l’intérieur » est en marche. Au mois de janvier déjà, une jeune élève burkinabé, Nado, en classe de 3ème était convoquée par
l’administration de son collège pour être ensuite arrêtée par la gendarmerie et reconduite en Belgique selon le protocole de Dublin. Là aussi, la brutalité de l’intervention avait suscité la
mobilisation des enseignants du collège. Un mois plus tard, le 13 février, un couple de Géorgiens était arrêté puis déporté pour la mère, alors que leurs enfants étaient à l’école. Les
enseignants des enfants, choqués par une telle mesure, avaient aussi montré leur émoi lors d’une mobilisation qui rassemblait également des parents d’élèves et des associations proches de la
famille. Dans ce même collège d’ailleurs, une occupation du CDI de l’établissement avait été organisée plus tôt dans l’année pour y loger des familles à la rue. Les difficultés
d’hébergement pour les familles issues de l’immigration et sans-papiers sont fréquentes et révèlent là aussi l’existence d’une violence d’Etat organisée à l’encontre de ces populations. Le
21 avril a marqué la fin de la trêve hivernale et a contraint les femmes enceintes et les mères du Collectif combat hébergement 93 qui avaient trouvé un refuge nocturne à l’hôpital
Delafontaine à Saint-Denis à quitter cet accueil de nuit qui était déjà précaire. Cette expulsion violente se fait sous la direction d’une mairie PS qui multiplie les fermetures de logements
et de structures d’aide. Le 18 mars, des dizaines de mineurs isolés étaient violemment expulsés de la Gaîté Lyrique, et jetés à la rue avec la complicité de la mairie PS parisienne. Et ce,
malgré les nombreux soutiens qu’ils avaient réussi à obtenir, notamment auprès des personnels de l’éducation. Si les personnels de l’éducation se mobilisent presque à chaque expulsion
d’élèves ou de familles, rappelant que l’école doit être un espace de sécurité pour les enfants, il est temps de renforcer et de généraliser ces résistances. À l’heure où l’UE prépare la
construction de grands centres de rétention, où Macron poursuit la politique xénophobe à Mayotte en lançant l’opération "mur de fer", où l’extrême-droite et les politiques racistes
de l’internationale réactionnaire se diffusent, il faut faire front aux côtés des familles et des jeunes. Partout, les syndicats enseignants, les parents d’élèves, l’ensemble des personnels
et la jeunesse mobilisée doivent s’organiser à la base pour défendre les enfants étrangers, et pour défendre un projet de société pour tous et toutes. Une société débarrassée des politiques
xénophobes et autoritaires. S’organiser à la base pour défendre le droit de nos élèves à étudier, à être logés et nourris, et ce indépendamment de leurs origines, est une possibilité bien
réelle. Aux États-Unis par exemple, suite aux récentes politiques de Trump d’une brutalité inédite visant à reconduire des familles à la frontière de façon expéditive, les travailleur.euses
de l’éducation et les élèves s’organisent pour faire front. C’est ce qu’explique Emma, militante à Left Voice dans un article sur le sujet : « _Résister à ces attaques ne sera pas facile ;
il faudra de la confiance. En tant qu’éducateurs, c’est sur cette confiance que repose déjà notre travail. Nous nous faisons mutuellement confiance pour soutenir nos élèves chaque jour - en
écoutant leurs difficultés à la maison, en créant des salles de classe sûres, en les aidant à réfléchir de manière critique au monde dont ils héritent. Notre résistance s’appuiera sur la
confiance que nous avons déjà bâtie au fil d’années de travail en commun, mais aussi sur de nouveaux niveaux de confiance plus profonds qui ne peuvent être bâtis que par la lutte. C’est
pourquoi notre combat doit être mené sur nos lieux de travail, avec nos collègues - les personnes avec lesquelles nous avons passé le plus de temps dans notre vie, qui travaillent ensemble
jour après jour pour faire fonctionner la société. Nous devons créer des réseaux de communication au sein de nos écoles et de nos communautés, en organisant des réunions avec les élèves et
les familles sur ce qui se passe. Nous devons élaborer un plan pour défendre nos écoles si nécessaire, développer des plans pour résister aux autorités d’immigration_ » La macronie est à
l’avant-garde des offensives contre les étrangers et le gouvernement Bayrou multiplie les attaques réactionnaires à l’heure où l’internationale réactionnaire se consolide. Il y a urgence à
construire une réponse large aux offensives racistes pour revendiquer la régularisation de tous et toutes les sans-papiers et l’ouverture des frontières et opposer à l’internationale
réactionnaire, une internationale ouvrière.