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Derrière une banderole _« En grève, pour ne plus mourir au travail »_, plusieurs acteurs du monde syndical et politique havrais ont tenu une conférence de presse à l’Union Locale CGT ce
mercredi 30 avril 2025. Organisée par la CGT TotalEnergies Normandie, elle fait suite à l’annonce du renvoi de la multinationale devant le tribunal correctionnel du Havre pour _« homicide
involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité »_, ayant entraîné la mort d’un travailleur sur la plateforme Normandie. La société reste
encore présumée innocente. En effet, en février 2019, un travailleur de la sous-traitance est décédé, après une chute de 8 mètres, sur la plateforme Total de Normandie à
Gonfreville-l’Orcher, laissant derrière lui une famille. Dans le cadre de ce drame, l’enquête a révélé, parmi de nombreux manquements de Total, qu’aucun plan de prévention n’avait été
réalisé. Alexis Antonioli, raffineur et secrétaire de la CGT Total Normandie et accompagné de Jean-Paul Lecoq, député du PCF, Gérald Le Corre, inspecteur du travail et militant à la CGT 76
et Martial Ott, adjoint au maire de Gonfreville et Christophe Aubert, pour la Fédération Nationale des industries chimiques, a ouvert la conférence de presse en saluant le caractère inédit
de ce procès tout en pointant ses limites : _« c’est extrêmement rare que les juges et procureurs décident de poursuivre une entreprise pour ce motif, mais pour ramener les choses à leur
juste proportion, l’amende maximale qu’encourt Total correspond à peine à 4 heures de production »_. Pour les participants, cette impunité organisée se caractérise aussi par le fait que les
personnes physiques ne sont jamais mises en cause, comme c’est le cas dans cette affaire, et que l’entreprise, elle-même, organise des régimes de délégation de pouvoir qui permettent que les
responsables n’aient jamais à s’expliquer. L’entreprise explique que si Cédric C. a eu un accident, c’est parce qu’il ne pensait qu’à terminer le plus rapidement son travail pour prendre sa
pause déjeuner. _« C’est une honte et d’une violence incroyable »_, renchérit Alexis Antonioli qui a tenu à rappeler que malgré des accidents fréquents sur la plateforme, Total continue
d’alléger ses processus travaux, qui est censé réduire les risques et de camoufler la situation en présentant des indicateurs tronqués. Par ailleurs, après l’accident, et alors même que la
multinationale avait reçu une injonction de la CARSAT, elle a expliqué que la législation n’était pas applicable sur sa plateforme. Ce n’est pourtant pas le premier accident survenu sur la
plateforme. En 2009, l’explosion d’un bac F2 avait également blessé trois ouvriers. En 2016, suite à une explosion lors d’une opération sur un compresseur, 5 travailleurs avaient été
meurtris par l’explosion. Enfin en 2021, un ouvrier est lui aussi décédé alors qu’il travaillait dans un réacteur. Plus globalement, les travailleurs sont exposés à des conditions de travail
et des substances nocives qui impactent leur santé au quotidien. Malgré ces accidents, Total, qualifiée _d’« entreprise délinquante et multirécidiviste »_ par Gérald Le Corre, a continué de
mettre en danger la vie des travailleurs pour assurer des taux de rentabilité maximum. Cette conférence a, en effet, mis en lumière que l’entreprise, au mépris de la sécurité des
travailleurs, a choisi de faire des économies sur les travaux de maintenance et grâce à un recours massif à la sous-traitance. C’est ce que plusieurs interventions ont soulevé, dont celle de
Jean-Paul Lecoq qui a rappelé que : _« Sur des sites similaires à la plateforme de Normandie, on a déjà connu jusqu’à 7 niveaux de sous-traitance »_. Sur le site normand, pour 1500
travailleurs organiques, il y aurait plus de 1500 travailleurs sous-traitants. Or, les sous-traitants sont d’autant plus vulnérables, car s’ils travaillent souvent dans les mêmes conditions
que les travailleurs organiques, ils ne bénéficient pas des mêmes protections qu’eux et n’ont pas les mêmes moyens pour le dénoncer. Une aubaine pour le groupe multi-milliardaire qui
bâillonne ainsi tout un pan des travailleurs de ces sites. _« Avec les bénéfices de Total, il y aurait largement moyen d’avoir un autre modèle de production et de fabrication. Nous on porte
un autre projet et on revendique la réinternalisation de la maintenance, la réintégration des travailleurs sous-traitants au collectif organique »_, appelle Alexis Antonioli. Loin d’être
inéluctables, les morts au travail sont le résultat de politiques agressives du patronat qui mettent en danger la vie des travailleurs. Alors, pour mettre fin à la division du travail, pour
l’accès à de meilleures conditions de travail et pour la santé des travailleurs, seules les méthodes du mouvement ouvrier parviendront à inverser le rapport de force contre le patronat et la
bourgeoisie.