
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
Au collège René Descartes du Blanc-Mesnil, l’égalité filles-garçons est dispensée par la police… En effet, la direction de l’établissement a demandé à une ancienne travailleuse de la BAC
d’intervenir avec l’ensemble des 4èmes et des 3èmes sur le temps de cours. Les enseignants ont été pris au dépourvu puisque ceux-ci n’ont été prévenus que deux jours avant, en le découvrant
sur leur emploi du temps.` DES ENSEIGNANT·ES DU COLLÈGE DÉNONCENT UNE « MÉTHODE-CHOC » ET LE RENFORCEMENT DES LIENS ENTRE POLICE ET ÉDUCATION NATIONALE Dans un communiqué, soutenu par les
sections syndicales CGT, SNES, Sud et FO de l’établissement, les enseignants du collège Descartes du Blanc-Mesnil dénoncent ainsi la mise en place par la direction d’une « heure de
prévention » à destination des élèves de 4ème et 3ème encadrée par une ancienne de la BAC. De fait, les enseignants de l’établissement se font peu d’illusions : « _La police a pour rôle de
discipliner les banlieues et le message que nous envoyons aux élèves avec l’entrée de la police pour leur faire cours ou faire des ateliers est négatif_. » Sous des prétextes de présentation
de la loi et de prévention, la direction du collège René Descartes se fait le relais des obsessions du gouvernement, à travers une accélération d’une mise au pas de la jeunesse. D’après les
retours d’enseignants contactés par Révolution Permanente, l’intervenante ne s’en cache pas, et n’a pas hésité à faire référence au projet de loi porté par Gabriel Attal permettant
d’enfermer les adolescents à partir de 13 ans. D’après le communiqué, l’heure de prévention n’a ainsi « _pas permis d’aborder les thématiques de l’EVARS dans la sérénité et le respect des
émotions et de la dignité des élèves. Nous dénonçons à ce titre les menaces, la pression émotionnelle et la méthode du choc qui ont été utilisées lors de l’intervention et qui sont
complètement incompatibles avec les objectifs et les conditions d’application d’une Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité_. » D’instrument central dans le traitement
raciste et colonial des quartiers populaires, le corps professionnel de la police est maintenant aussi « éducateur ». Après les révoltes qui ont suivi le meurtre de Nahel par un policier, ce
n’est pas suffisant de mâter la jeunesse dans la rue, il faut maintenant aller renforcer la présence policière dans les écoles, et menacer les élèves jusque dans des heures de prévention
sur le consentement ! Comme le pointent les enseignants, « _Quel message envoie-t-on [aux élèves] ? « À vous, délinquant·e·s potentiel·le·s, la police pour parler de consentement » ?_ » UN
CAS LOIN D’ÊTRE ISOLÉ, QUI S’INSCRIT DANS LA LIGNE RÉPRESSIVE DU GOUVERNEMENT Depuis plusieurs années, il est très difficile de faire vivre l’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et
Sexuelle (EVARS) ainsi que l’égalité filles-garçons dans les établissements scolaires. Aucun temps dédié, très peu de formation pour les enseignants, un maillage associatif trop faible et
inégalitaire : voilà quelques raisons qui expliquent le fait que seuls 15 % des élèves bénéficient de ces dispositifs. Autre coup porté à l’EVARS, les derniers programmes marquent un recul
du gouvernement sous pression de la droite et de l’extrême-droite, avec notamment la disparition totale du mot « transphobie ». Faire intervenir la police pour parler de consentement ne
serait-il finalement qu’une étape dans cette (extrême) droitisation de l’EVARS ? De fait, cet événement n’est pas un cas isolé dans une ville ou un établissement scolaire. Il s’inscrit dans
la lignée d’un renforcement entre l’école, l’armée et la police, dont l’une des manifestations est la multiplication des classes Défenses avec la bénédiction et les encouragements des
directions et des rectorats. Il marque aussi un renforcement du pipeline entre école et prison, qui s’incarne aujourd’hui par le vote au Sénat de la loi Lafon, permettant aux personnels de
direction, aux adjoints et aux CPE de fouiller les sacs des élèves, ou par la suggestion de François Bayrou de systématiser l’installation de portiques de sécurité à l’entrée des
établissements scolaires. LA POLICE N’A RIEN À FAIRE DANS LES ÉCOLES : À L’IMAGE DES ENSEIGNANTS DE DESCARTES ET D’AILLEURS, NOUS DEVONS NOUS OPPOSER À LA PRÉSENCE POLICIÈRE ET À LA
CRIMINALISATION DES ÉLÈVES Comme le rappellent les enseignants de Descartes, « _la police réprime_ », les objectifs des enseignants et des policiers ne sont radicalement pas les mêmes, et la
police n’a rien à faire dans les écoles. Une situation face à laquelle les enseignants d’autres établissements sont eux aussi mobilisés. Alors que le Val-d’Oise fait figure de précurseur en
la matière, les enseignant·es de plusieurs lycées ont dénoncé la fouille systématique des sacs des élèves par la police. Au lycée René Cassin de Gonesse, des enseignant·es se sont mis en
grève pour dénoncer ces mêmes fouilles de sacs devant leur établissement. En plus de mettre en lumière l’urgence à exiger que la police sorte des écoles, la situation du collège Descartes au
Blanc Mesnil révèle aussi l’importance d’une gestion des questions liées aux genre, à la vie affective et à la sexualité qui ne soit pas imposée par la direction et par l’institution, mais
prise en charge par les personnels éducatifs, associatifs et de santé. C’est l’une des revendications portées par les enseignant·es, qui demandent « _l’application de l’EVARS et à ce que la
prévention et l’éducation dans le cadre de l’EVARS ou de l’égalité filles-garçons soient faites par la communauté éducative et des associations agréées et choisies par les membres de
l’équipe éducative du collège Descartes_. » Alors que Retailleau rêve de « _placer un policier ou un gendarme derrière chaque élève_ », les enseignants mobilisés montrent la voie à suivre,
en s’opposant aux politiques autoritaires et sécuritaires et en dénonçant la présence policière dans et aux abords des établissements scolaires. Alors que la répression touche toujours plus
les élèves, mais aussi les personnels, et en particulier les plus combatifs et militants, nous devons aujourd’hui nous organiser pour lutter contre la mise au pas de la jeunesse et des
enseignants. Une lutte qui ne pourra passer que par une mobilisation massive et offensive, et pour laquelle nous exigeons des directions syndicales la mise en place d’un véritable plan de
bataille, à rebours de la passivité, voire de l’adaptation à la logique sécuritaire du gouvernement que certaines, dont la FSU, ont pu adopter suite au drame de Nantes.