De la cfdt à la direction d'une banque : laurent berger, au service de la bourgeoisie

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Ce 23 avril 2025, la banque CIC-Ouest a nommé Laurent Berger comme président de son conseil d’administration pour « _veiller à la mise en œuvre du plan stratégique 2024-2027 Ensemble


Performant Solidaire pour consolider la place de CIC Ouest en tant que banque de proximité_ ». Plus connu comme le dirigeant de l’intersyndicale lors de la bataille des retraites lorsqu’il


était secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger gravit des échelons et prendra bien ses nouvelles fonctions au sein de CIC. À la suite de la séquence des retraites, Laurent Berger avait


rejoint le Crédit Mutuel Alliance Fédérale en septembre 2023 en tant que directeur de l’Institut Mutualiste pour l’Environnement et la Solidarité. Aujourd’hui, en parallèle de ce poste,


l’ancien syndicaliste assume carrément une fonction exécutive à la tête du conseil d’administration du CIC-Ouest et déclare que « _rejoindre une banque régionale engagée comme CIC Ouest est


une grande fierté_ ». Prétendant œuvrer à « _consolider la place de CIC Ouest en tant que banque de proximité de référence_ », l’ancien dirigeant syndical ne prend même plus le temps de se


justifier. D’un poste intermédiaire au sein d’un think tank du Crédit Mutuel, Laurent Berger se veut désormais directement de l’autre côté de la barricade, en tant qu’exploiteur au service


du grand capital bancaire. Et pas de n’importe quelle banque. Comme nous l’écrivions en 2023, la banque Crédit Mutuel-CIC, comme toutes les autres banques, est visée par de nombreux


scandales de blanchiment d’argent et de fraude fiscale. De plus, le CIC est gravement impliqué dans la ruine d’Haïti : après l’indépendance accordée par la France au prix d’une dette


étouffante, l’un des principaux acteurs de la ruine du pays sera le CIC, qui vivra pendant plus de cent ans sur cette dette coloniale savamment entretenue. Un crime que la banque ne


reconnaîtra jamais. La trajectoire de Laurent Berger n’est pas une exception parmi les anciens dirigeants de confédérations syndicales. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT de


2002 à 2012 avait fini président du think tank Terra Nova, et avait été nommé par le gouvernement à l’Agence du Service Civique. Nicole Notat, qui l’avait précédé à la tête de la CFDT, avait


quant à elle créé une société de notation des entreprises, accordant des « bons points » aux entreprises, avant d’être présidente du club bourgeois Le Siècle ou encore de diriger pour le


gouvernement l’arnaque du Ségur de la Santé à la sortie du Covid. Ces parcours illustrent le rôle réel des bureaucraties syndicales : loin de représenter les travailleurs, elles servent de


bons et loyaux services, en œuvrant comme dans le mouvement des retraites à une stratégie de la défaite. Prêtes à capituler et à trahir quand cela est nécessaire, elles peuvent également


être poussées plus à gauche qu’elles ne le veulent, comme cela a été le cas pendant le mouvement des retraites, imposant notamment à Laurent Berger l’un des mouvements sociaux les plus


profonds depuis des dizaines d’années. Elles servent en définitive comme force de contention du mouvement ouvrier. Elles révèlent dans ces moments leur véritable fonction d’agents de la


bourgeoisie, quand elle ne travaille pas directement à son service comme c’est désormais le cas de Laurent Berger.