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Après 120 jours de mandat, le bilan de la lutte contre l’immigration aux États-Unis dessine un paysage toujours plus sombre pour les personnes étrangères. Après le feu vert donné par Trump
au Bureau de l’immigration et des douanes (_Immigration and Customs Enforcement_ ou ICE) de pénétrer dans les lieux de cultes, les hôpitaux et surtout les écoles le 26 janvier dernier, les
raids et les expulsions visant des enfants se multiplient. Fin avril, ce sont trois enfants de 2, 4, et 7 ans, dont un atteint d’une forme rare de cancer, qui ont été expulsés par le
gouvernement américain sans véritable procédure légale. L’_Executive associate director for Enforcement and Removal Operations_ et ancien directeur de l’ICE, Tom Homan, avait alors déclaré
en direct à la télévision « _Avoir un enfant citoyen américain après être entré illégalement dans ce pays ne constitue pas un passe-droit pour échapper à la loi._ » Ce cas édifiant n’en est
qu’un parmi tant d’autres peu médiatisés, et est voué à se multiplier tant les procédures agressives envers les enfants ont été augmentées par l’ICE. Des agents fédéraux, issus en majorité
de sections de la Sécurité Intérieure (_Homeland Security Investigations_) ont ainsi récemment fait des « visites surprises », appelées cyniquement « _contrôles de bien-être_ », pour traquer
les enfants migrants même au sein des écoles primaires. Un article du New York Times raconte ainsi l’entretien hallucinant entre une fillette de 9 ans sachant à peine parler anglais, et un
agent gouvernemental, lui demandant par exemple d’identifier sa mère visée par une possible procédure d’expulsion. Cette traque d’enfants est par ailleurs permise par les collaborations de
plus en plus fréquentes entre la DEA, le FBI, l’ICE et l’_Office of Refugee Resettlement_ (normalement responsable juridiquement des mineur.es isolé.es). De plus, pour faciliter les
procédures, le gouvernement a tout simplement décidé de couper les financements des associations de protection juridique des enfants migrants non-accompagnés. Des enfants, parfois âgés de
seulement 5 ans, se retrouvent seuls, sans avocat, face à un juge de l’immigration, avant d’être renvoyés de force à la frontière. « LA PLUS GRANDE FORCE DE DÉPORTATION QUE CE PAYS AIT
JAMAIS VUE » Ces méthodes ne sont toutefois pas nouvelles : déjà sous le premier mandat Trump, les agents frontaliers séparaient les enfants migrants de leur famille avant de les parquer
dans des camps, dans des conditions de détention catastrophiques, notamment pour des enfants parfois en bas-âge. John Kelly, chef de cabinet de Trump à l’époque, parlait alors de ces
pratiques comme d’un « _puissant moyen de dissuasion_ décourager leurs parents de pénétrer aux États-Unis. En tout, durant ce premier mandat, ce sont plus de 500 000 enfants qui avaient été
retenus plus de 72 heures dans ces centres surpeuplés, avant d’être relâchés sans aide, menant parfois à leur capture par des réseaux de trafic humain. Plus généralement, il semble que
l’administration Trump s’est lancée dans une course pour dépasser le nombre de déportations de son premier mandat, multipliant les pressions sur la cour suprême pour supprimer, par exemple,
le statut légal de 532 000 immigrés vénézuéliens, haïtiens, cubains et nicaraguayens et accroître massivement les expulsions ciblant des communautés marginalisées et vivant dans la pauvreté.
LES DÉMOCRATES MAIN DANS LA MAIN AVEC TRUMP Pourtant ces politiques ne sont clairement pas exclusives à l’administration trumpiste, elle a au contraire été permise par de solides bases
posées par le parti démocrate, et en particulier le trio Obama-Harris-Biden, permettant à Trump de détruire les dernières miettes qui restaient du cadre légal censé protéger les personnes
migrantes aux États-Unis. Obama, avait déjà, durant ses deux mandats consécutifs, multiplié le nombre d’agents de l’ICE par deux et déporté plus de personnes que l’ensemble des présidents
américains l’ayant précédé réunis, lui permettant d’obtenir de la part des associations pour les droits des personnes migrantes le surnom mérité de « _déportateur en chef_ ». Biden et Harris
n’ont pas non plus été en reste, ayant expulsé en 2023 plus de 225 000 personnes et fermé la frontière entre les États-Unis et le Mexique dans une surenchère réactionnaire lors du duel avec
Trump. Déshumaniser et expulser : voilà le cœur du projet trumpiste, relayé par une bourgeoisie néolibérale ravie de maintenir une main-d’œuvre bon marché reléguée aux périphéries du monde.
Face à ces politiques migratoires catastrophiques, il ne suffit pas de voter pour le ‘moindre mal’ Démocrate. Le véritable salut viendra d’une mobilisation de masse dans la rue, les
quartiers et les boîtes afin d’exiger l’ouverture totale des frontières, la régularisation immédiate de toutes les personnes migrantes, et l’abolition pure et simple de l’ICE et de toutes
les agences gouvernementales répressives qui traquent, enferment et brisent des vies au nom d’une sécurité nationale illusoire. Il est temps d’en finir avec cette machine à broyer les plus
vulnérables, non pas conçue pour protéger les intérêts des travailleurs, mais pour servir ceux des plus riches.