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Ce mercredi, la commission d’enquête sur le contrôle par l’État et la prévention des violences dans les établissements scolaires, créée après le déclenchement de l’affaire Bétharram,
interrogeait François Bayrou sur sa version des faits, qu’il a modifiée plusieurs fois ces derniers mois. L’audition a duré cinq heures et demie, confrontant le Premier ministre aux
co-rapporteurs : Violette Spillebout, députée Renaissance, et Paul Vannier, député LFI qui, dès février, avait interpellé Bayrou sur le scandale pédocriminel. Dans ce cadre, le Premier
ministre a tenté de transformer l’audition en règlement de comptes politique. Accusant LFI d’avoir lancé une véritable cabale à son encontre afin de « _l’obliger à démissionner_ », Bayrou
avait apporté à l’audition _La Meute_, l’enquête à charge contre le mouvement qui a monopolisé l’attention des médias. Le Premier ministre n’a d’ailleurs pas hésité à accuser Paul Vannier de
cruauté, de « _malhonnêteté incroyable_ » et de « _manipulation_ ». Ces derniers mois, c’est pourtant le Premier ministre qui tente de manipuler l’audience avec ses mensonges à répétition,
tout en continuant de nier en bloc les accusations. Hier encore, Bayrou a joué le jeu de l’incompréhension, continuant d’affirmer, sous serment : qu’il n’a jamais mis les pieds à Bétharram ;
qu’il n’a jamais interféré avec la justice ; qu’il ne se souvient pas de sa rencontre avec le juge d’instruction Christian Mirande en 1998 ; que les déclarations de ce dernier sont
incohérentes. Ses attaques les plus basses étaient dirigées contre Françoise Gullung, dont le Premier ministre n’a pas manqué d’écorcher le nom à plusieurs reprises. Cette ancienne
professeure de mathématiques de l’établissement, qui avait lancé l’alerte dès 1995, a « _affabulé_ » d’après le Premier ministre, qui n’a pas hésité à remettre en question sa santé mentale.
Une de ses interventions les plus odieuses, avec son explication de la gifle qu’il a donnée à un enfant en 2002, la qualifiant d’ « _une tape de père de famille_ », ou encore d’« _un geste
éducatif_ » qu’il revendique encore aujourd’hui. Au terme de cette audition, Fatiha Keloua Hachi, même la présidente de la commission, pourtant députée socialiste, a expliqué avoir trouvé
Bayrou « _confus, imprécis, parfois même grossier et agressif._ » Si l’audition de Bayrou a été un naufrage, mettant une fois de plus en relief les responsabilités du Premier ministre dans
un scandale pédocriminel de grande ampleur, ce dernier a cependant pu compter sur le soutien de plusieurs forces politiques, du Parti socialiste aux députés de Renaissance et du
Rassemblement National. Tandis que François Hollande a dénoncé une « _volonté de chasse à l’homme_ »., la co-rapporteuse macroniste Violette Spillebout, a affirmé que le Premier ministre «
_ne s’[était] dérobé à aucune question_ » et « _a[vait] dit sa vérité_ ». Cependant, c’est du RN, dans la tourmente de ses propres démêlés judiciaires que sont venus les soutiens les plus
affirmés, accompagnés d’attaques contre la commission parlementaire. Jean-Philippe Tanguy s’est dit par exemple « _gêné par la tournure que prend la commission d’enquête_ » et par la «
_volonté de LFI et du reste de la gauche de transformer cette commission d’enquête en inquisition_ ». De son côté, Sébastien Chenu, vice-président du RN, a choisi une analogie plus récente :
« _Cette audition m’a mis assez mal à l’aise parce qu’elle ressemblait davantage à un procès de Moscou_ ». Comme Bayrou, le député d’extrême-droite il a affirmé que « _l’extrême gauche a
utilisé ce drame pour essayer de dézinguer le premier ministre_ », allant encore plus loin en qualifiant cette affaire d’« _une instrumentalisation pour coller une balle au premier ministre
et à l’enseignement catholique_ ». Un soutien politique clair de la part d’une force qui cherche coûte que coûte à donner des gages de sérieux au régime. Alors que Bayrou tente de sauver sa
peau tout en essayant de construire un budget 2026 ultra-austéritaire, l’audition aura montré combien le Premier ministre reste fragilisé. Si celui-ci craint que le budget ne fasse « _entrer
le pays en grève_ » et que les « _manifestations s’enchaînent_ », il serait temps de lui donner raison et de mettre un coup d’arrêt à son gouvernement qui enchaîne les offensives racistes
et sécuritaires. Pour cela, il n’y a qu’une voie : le rapport de forces par en bas, sur la base des méthodes de la lutte de classes et d’un programme d’action, qui articule nos
revendications économiques et démocratiques à la lutte contre la militarisation.