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Il se voyait déjà, en interprète fringuant, retranscrire la pensée du savant étranger, en simultané. Vif et plein d'allant, il a cru - au moins cinq minutes - que chemise et cravate lui
colleraient parfaitement à la peau. Rehausserait très naturellement son chic anglais. « Me suis barré. » Raté.
À la flotte, les études ! Jon Kershaw a tranché. « Un jour, des potes me proposent une balade dans un zoo à Coventry [N.D.L.R., région des West Midlands, près de Birmingham]. Un dimanche
après-midi, j'y vais. » C'est tout petit mais il y a des dauphins. « Je suis resté scotché à ces animaux… » Il sourit. « Ils me regardaient vraiment… Je veux dire : ils me regardaient dans
les yeux ! »
Dès lors, il ira très régulièrement leur rendre visite. Il se liera même d'amitié avec le couple de soigneurs en charge de ces étonnants mammifères marins. Jusqu'à prendre leur relais… « Ils
partaient à la retraite. Ils m'ont proposé d'assurer la suite. J'ai accepté… et mon père n'a même pas gueulé ! » Il rit.
Il était une fois, donc, dans un tout petit espace dédié à la vie animale, un jeune homme un soupçon hésitant chargé d'élever deux poissons pas comme les autres. Nous sommes en 1973 et après
trois microsemaines de formation, il s'était retrouvé responsable de deux êtres aussi intelligents que sociaux. Des artistes d'un genre nouveau. Attendus par un public encore peu exigeant.
Heureusement…
Deux bêtes à Coventry, trois à Clacton. Jon Kershaw fait ses armes. A l'instinct. 1977, Mallorque le réclame. Il fonce. Il met de l'âme à l'ouvrage. Il peaufine sa technique. Chaque jour un
peu plus épris. Et un peu plus dans le doute, aussi… « C'était un nouveau métier. Il y avait tout à faire, à découvrir. Aux Etats-Unis, ça commençait à se développer pas mal. Je me suis
intéressé à ce qu'ils faisaient… » Il cherchait des solutions. « Les dauphins travaillaient, on les récompensait avec du poisson. Mais une fois qu'il en a ingéré des kilos… allez lui
demander de sauter dans un cerceau ! » Soupir.
Jon Keshaw saute dans un avion. « J'avais entendu parler d'un soigneur américain qui avait d'excellents résultats… Quand je suis arrivé, que je l'ai vu, rond, avec ses petites lunettes, j'ai
pensé : ce type n'est pas soigneur ! » Eclat de rire. « A l'époque on était tous plutôt fins, beaux gosses ! » Il a mille questions à poser. « Et là, le mec me regarde et me balance :
comment tu veux que je t'aide ? Je ne les connais pas, moi, tes animaux ! »
Son sang (chaud) ne fait qu'un tour. Le jeune anglais est désespéré : « J'ai traversé l'océan pour ça ? » En fait, le type est psy. Et, l'air de rien, il a tout dit. « Le bon dieu leur a
donné une bonne dose d'intelligence pour arriver à vivre dans l'eau tout en respirant de l'air… Il faut l'aborder par sa psychologie. Au lieu de lui donner du poisson, il faut lui donner du
" yes ". Comme l'homme, il est motivé par la réussite. »
Marineland. Septembre 81. Les orques. « C'est pour eux que j'ai accepté l'offre. J'en avais vu un, une fois. Quand j'ai senti ce souffle, cette puissance… Bref. J'avais des enfants petits et
tout. C'était une folie. » Une folie qui a duré. Qui l'a nourri. Qui l'a happé. Il ne touche plus à sa trompette - « J'ai une formation de musicien classique. Mon père était architecte et
pianiste, ma mère chanteuse d'opéra » -, il ne joue plus au golf, il voit peu ses trois enfants et, aujourd'hui, ses quatre petits-enfants. « J'ai divorcé plusieurs fois. Ce n'est pas pour
rien ! C'est un job qui prend beaucoup de place. »
C'est un rêve. Bleu. Qui l'a même mené au Grand Bleu. Celui de Besson. Il a fait de Joséphine une actrice. La guidant pas à pas. Amoureusement. « C'était compliqué : les dauphins s'en
foutaient de son film ! » Lui aussi, quelque part. Son truc ç'a toujours été le rapport homme-dauphin. Rien d'autre. Une quête qu'il abandonnera sous peu. Riche, tellement riche de ces «
années passées dans la flotte à 12° ». Il va quitter la maison Marineland. Peut-on couper pareil cordon ? « Eh oui ! Et puis merde : j'ai 62 ans maintenant ! »
Si vous étiez un lieu d’Antibes?La Salis. Là où je suis venu à Antibes, pour la première fois. J’étais tombé malade du virus de la planche à voile. C’était un spot.C’était un peu pourri mais
j’y ai plein de bons souvenirs.
Si vous étiez un endroit pour sortir?Je n’ai pas le temps de sortir. On va dire que pour me promener, j’aime le village de Biot. Où je vis, d’ailleurs.
Si vous étiez une personnalité antiboise?Je le suis! (Rires) Je vais dire Mamo. Je ne le connais pas mais il a l’air de s’amuser beaucoup. J’aime ça.
Si vous étiez une plage?Je déteste la plage! Nager oui mais on fait ça à la piscine. Le soleil, la chaleur, tout ça…ça ne dépasse complètement. Je déteste. Je ne mets jamais les pieds sur
une plage! Jamais, je vous le jure !
Si vous étiez une qualité?La patience. Je me pousse à l’être, en tout cas.
Si vous étiez un défaut?L’impatience! (Rires) Il faut que les gens aillent droit au but.Quand il y a trop de mots, ça me gave! Comme en écriture.
Si vous étiez un sport?Le golf! Je suis addict. Le golf c’est la vie. Un jeu pour vieux, peut-être mais un sport pour jeunes. Concentration, état d’esprit, condition physique.
Si vous étiez un animal?Je serais un oiseau, un goéland. Parce que je m’appelle Jonathan! (Rires) J’aimerais bien voler comme ça. Le souci, c’est qu’ils n’ont rien dans le cigare.
Si vous étiez une odeur ou un parfum?Chanel 19. Le parfum de ma femme. Quand on s’est connu, elle le portait.
Si vous étiez un livre?N’importe lequel d’Anna Gavalda. J’adore son écriture. Mon préféré c’est Ensemble, c’est tout.
Si vous étiez une devise?Put all your troubles at the bottom, sit on the lid and smile. Mon grand-père me l’a écrit. Il m’avait mis ça dans unbouquin d’orthographe. Je l’ai toujours!
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