L’honneur, c’est du solide

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Disons-le tout net. Hier soir, le public s’était déplacé pour vivre des émotions, humaines et sportives. Les partants (Bastareaud, Guirado et les autres, _lire ci-dessous_) étaient à


l’honneur et leurs partenaires voulaient, par un succès, leur permettre de quitter Toulon sur une bonne note finale. D’autant plus glorieuse que les Rouge et Noir affrontaient les Jaunards


vainqueurs du Challenge européen, le week-end dernier. L’hymne argentin pour ouvrir la soirée et émouvoir aux larmes le coach Fernandez-Lobbe sur le départ avec sa sélection, Bastareaud et


sa désormais traditionnelle roulade suivi par Guirado pour fouler la pelouse en premiers, bientôt suivis par leurs coéquipiers ; le ton était donné pour cette soirée d’adieu. Il fallait


maintenant mettre toute cette cérémonie en musique. Dans cette rencontre pour l’honneur, Toulon devait se montrer à la hauteur. Il a réussi dans son entreprise même si ce ne fut pas sans


heurt. Dans cette confrontation pour le plaisir - il est toujours plus grand quand la gagne est au bout -, les hommes de Collazo ont sorti la grosse caisse pour se faire entendre. Les


percussions d’Isa, Basta et Tao ont donné un drôle de « la » à l’orchestre varois, qui jouait plutôt juste malgré quelques couacs çà et là. Pour preuve, Pietersen, bien servi par Fekitoa, se


défaisait de Lamerat pour inscrire dans cette petite musique de nuit le premier essai. Dommage qu’une partition plus loin, un bémol de Nanaï Williams s’engouffrant sur 50 mètres ait permis


à Grosso d’être à la conclusion de son échappée belle. Dans la foulée, Webb profitait d’une avancée d’Alainu’Uese pour bondir dans l’en-but à la demi-heure de jeu. Toulon menait le bal. Et


Isa, de tous les bons coups, en rajoutait une couche dans le second acte de cette opéra-bouffe (carton rouge pour Romain Taofifenua, et biscottes dans les deux camps - cinq en tout). Mayol


donnait de la voix, Ollivon montrait la voie, Clermont essayait d’aller de l’avant. Mais au fil des minutes, le jeu s’enlisait, la copie tournait au brouillon. Les échauffourées se


multipliaient. L’ASM tentait, les Toulonnais contraient, gérant leur confortable avance. Ils jouaient après la sirène pour le plaisir. Un dernier carton clermontois, un dernier essai de


Nakosi, synonyme de bonus offensif. Mayol pouvait chanter. Cette dernière sortie était réussie. Vivement demain… Une grande page de l’histoire du club s’est tournée hier soir avec la


dernière prestation à Mayol des monstres sacrés, Mathieu Bastareaud et Guilhem Guirado. D’un coup, d’un seul, le RCT va donc perdre une véritable icône (Mathieu) et un totem (Guilhem). Deux


gaillards aussi solides qu’attachants qui ont écrit les plus grandes heures de gloire du RCT avec leurs tripes et leur sang ! Sans parler du facteur X Tuisova, privé de dessert hier soir, et


de tous les autres (1) que l’on regrettera à des degrés divers… Ainsi en va-t-il du rugby professionnel et de l’histoire du club… Mais les supporters toulonnais qui, eux, vont rester, ne


pouvaient les laisser partir sans leur crier une dernière fois toute leur gratitude et leur douleur. Comme ils ont réservé une _standing-ovation_ à Juan Martin Fernandez Lobbe, en pleurs


avant le coup d’envoi, les Fadas ont hurlé à la dernière roulade de Mathieu Bastareaud, le premier sur le pré avec Guilhem Guirado. Même le ciel pleurait à ce moment, ce qui n’a jamais


permis ensuite au jeu d’atteindre les sommets espérés. Qu’importe, le RCT faisant malgré tout la course en tête, le public regardait les siens avec des yeux de Chimène et poussait ses héros


comme si une qualification était encore en jeu. Clin d’œil de Mourad Boudjellal à la pause, Claude Nougaro s’invitait sur les écrans de Mayol pour une version de Nougayork, spéciale dédicace


à qui vous savez… Celui qui saluait à sa façon la sortie de son pote Guilhem à la 47e en grattant son millième ballon et que l’on retrouvait quelques minutes après en train de jouer une


dernière fois les papas pour essayer de calmer ses copains proches de disjoncter sur une grosse échauffourée. Trop tard pour Romain Taofifenua, expulsé de la fête avant son bouquet final.


Insuffisant aussi pour Webb, qui écopait un peu plus tard d’un carton jaune… Mais tant bien que mal, le RCT parachevait son succès pour offrir à ses illustres partants la fin victorieuse


qu’ils méritaient. Dans un tonnerre d’applaudissements !