"les mots peuvent tuer": après le suicide de leur fille charlize à nice, ses parents attaquent tiktok

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_"Notre ange."_ Sur la table disposée près de l’entrée de l’appartement, ces deux mots surplombent le visage de l’enfant absent. Le sourire de Charlize éclaire ces photos, autant


que la petite bougie au milieu. C’est ici, sur les collines niçoises, que l’adolescente a mis fin à ses jours, alors qu'elle venait d'avoir 15 ans. _"Une plaie ouverte"


_pour sa mère Delphine, son père Jérémy et sa grande sœur Ilana. Ilana rentrait avec son père, le 22 novembre dernier, quand Jérémy a découvert le corps de Charlize inerte dans la penderie.


Après trois tentatives de suicide, la jeune Niçoise est parvenue à ses fins. Les massages cardiaques désespérés de Jérémy n’ont pas suffi. Depuis, cette famille meurtrie _"revit


l’instant. On essaie de changer des choses, des centaines de fois par jour"._ Changer les choses. C’est le sens de l’action collective à laquelle se sont joints Jérémy et Delphine. Créé


par l’avocate Laure Boutron-Marmion, le collectif Algos Victima réunit des parents en colère. Dans leur viseur: TikTok. Ils pointent du doigt le réseau social chinois pour son absence de


modération. A leur sens, son redoutable algorithme aurait accru le mal-être d’adolescents vulnérables. Dont Charlize. "PERSONNE N’A RÉAGI" La veille de sa mort, la lycéenne a


partagé la vidéo d’une jeune fille, accompagnée d’un texte explicite:_ "Il paraît que la nuit porte conseil. Moi, elle m’a conseillé de prendre une corde et un tabouret..."_,


rapporte Jérémy. "_Le plus horrible, c’est que tout le monde a vu cette vidéo... Et personne n’a réagi. Parce que les enfants, les ados vivent dans un monde où tout est virtuel."_


Charlize était fragilisée par un deuil familial. C’est sur ce terreau qu’ont proliféré les serres du harcèlement scolaire, selon ses parents. Pour l’en extraire, ils l’avaient transférée de


l’institution Nazareth au collège Don-Bosco, en pleine année de 4e. Depuis, elle avait intégré le lycée Estienne-d’Orves. Plus de deux ans se sont écoulés avant l’issue fatale. Or


_"TikTok a toujours été là, en toile de fond. C’était une échappatoire"_. Pour Charlize, tout aurait commencé par des vidéos incitant à la perte de poids. Elle qui était si fine.


_"On aimerait pouvoir remonter l’historique pour comprendre d’où lui est venue cette idée"_, confient ses parents._ "a parle de perte de poids, puis ça dévie sur d’autres


sujets. On voit des adolescentes raconter leur prise de médicaments, la façon dont elles aimeraient partir... Et ça fait énormément de vues!"_ APPEL À LA MODÉRATION Jérémy et Delphine


n’appellent pas à supprimer l’application. Mais ils l’exhortent à la modération. _"En Chine, il existe un algorithme différent du nôtre. On veut le même, tout simplement. Pourquoi


n’aurions-nous pas un algorithme qui amène du contenu positif et peut remonter le moral de nos ados, qui ont déjà connu une période compliquée avec le Covid? Ils ont assez de négatif au


quotidien..."_ A Nice, le groupe d’appui judiciaire de la police nationale a enquêté sur la mort de Charlize. _"Les investigations sont closes, la procédure a été transmise pour


analyse"_, indique le parquet de Nice. Le lien avec des faits de harcèlement, anciens et imputés à de jeunes mineurs, s’annonce délicat à établir. _"Les mots peuvent tuer"_,


alertent néanmoins Jérémy et Delphine. Une mise en garde affichée sur les t-shirts avec lesquels ils ont couru le semi-marathon de Nice. Aujourd’hui, ils l’adressent à TikTok, et autres


réseaux sociaux. Après la mort de Charlize, certains auraient créé un groupe Instagram pour se moquer de son geste.