Marie gillain bouleversante dans le film "à la folie" sur l'emprise psychologique et les violences faites aux femmes

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Ça commence comme une comédie romantique avec beaucoup d’humour. Tout va bien entre Anna, jouée par Marie Gillain, et son compagnon Damien, campé par Alexis Michalik. Et puis, au cours d’un


cocktail entre amis, Anna poignarde Damien. Mise en examen pour tentative de meurtre, elle ne nie pas les faits mais personne ne comprend son geste. Anna n’a aucun passé de violence et ne


donne aucune explication... _À la folie_ raconte un mal actuel et omniprésent, celui de l’emprise psychologique exercée par un pervers narcissique sur sa compagne et des violences faites aux


femmes. Un film intense, plébiscité au dernier Festival de La Rochelle (meilleure comédienne et meilleur scénario). POURQUOI AVOIR ACCEPTÉ UN PROJET SI INTENSE? J’avais vu _Les Chatouilles_


d’Andréa Bescond et Éric Métayer, je connaissais leur travail avec les acteurs. Et puis j’ai lu le scénario d’Éléonore Bauer et Guillaume Labbé, un travail qui avait une dimension


autobiographique par rapport à Éléonore et j’ai été happée. Ça commence comme une comédie romantique, il y a beaucoup d’humour et l’étau se resserre petit à petit. J’ai aimé la manière dont


le scénario décrivait cette mise sous emprise et comment on détaillait ce mécanisme. Il y avait, dans l’écriture, des éléments qui semblaient authentiques comme quand on vous tend un pain au


chocolat tout en vous disant que vous êtes trop grosse. L’emprise psychologique, c’est ça, cette confusion des sentiments. QUELS CONTOURS AVEZ-VOUS VOULU DONNER AU PERSONNAGE D’ANNA? Une


forme d’abandon car, au départ, elle est émerveillée par cette histoire d’amour. Elle est dans l’euphorie, il y a une forme de lâcher prise. Et puis, arrive cette descente aux enfers dans la


noirceur... J’ai pu complètement m’abandonner en tant qu’actrice car j’avais un filet de sécurité avec Andréa Bescond et Éric Métayer en qui j’avais une confiance absolue. J’ai vécu ce


personnage très intensément. COMMENT S’EST CONSTRUITE VOTRE RELATION AVEC ALEXIS MICHALIK? C’est comme s’il y avait eu deux tournages. On a d’abord tourné tout ce qui était comédie


romantique, c’était léger, drôle. Et puis, on a changé d’ambiance quand on a commencé à tourner dans la maison de Damien, le personnage d’Alexis. C’était comme une prison dorée et le décor a


beaucoup aidé, on est rentré dans le nerf de la guerre car on montrait des violences psychologiques et physiques. Avec Alexis, il y a eu beaucoup de bienveillance dans notre jeu pour faire


de cette bascule quelque chose de crédible. Quand on est comédien, on sait pourquoi on joue ça et où on veut aller. Notre but, à tous les deux, était de démontrer comment la mécanique d’un


pervers narcissique s’opère rapidement, sans être caricaturaux. Même si le sujet est dur, d’actualité et violent, on prend plaisir à décortiquer l’âme humaine quand on est comédien. On a


senti sur nous une forme de responsabilité morale sur le sujet également. On voulait se rendre utile. COMMENT RESSORT-ON D’UN TEL TOURNAGE? Bizarrement, gonflée d’énergie. J’ai été exaltée


par mon personnage et j’ai besoin de cette énergie pour mon équilibre. J’ai été très satisfaite que, tous ensemble, on ait réussi à atteindre une forme de justesse, d’humanité, c’est comme


une prise de conscience vertueuse. C’était important de mettre des images, d’avoir un support artistique qui puisse permettre d’expliquer ce qu’est une violence psychologique. QUELS SONT VOS


PROJETS MAINTENANT? J’ai fini de tourner _Les Cadors_ avec Jean-Paul Rouve, Grégoire Ludig et Michel Blanc, le film devrait sortir en janvier. J’ai également tourné à nouveau avec Andréa


Bescond et Éric Métayer,_ Quand tu seras grand_, un projet autour d’un Ehpad et la cohabitation avec des enfants. Je tourne actuellement une mini-série en Suisse, _Délits mineurs_, et je


m’envole, fin septembre, pour la Tunisie pour le prochain film d’Alexandre Arcady basé sur son livre _Le Petit Blond de la Casbah_. Sans oublier le théâtre. J’ai un beau programme_ (rires)_.


_À la folie_, ce mardi, à 21h10, sur M6.