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Trois jours de pluies torrentielles. Puis, le 24 avril 1952, aux alentours de 17 heures, un craquement sinistre. C’est ainsi que commença la plus grande catastrophe climatique de Menton,
dont le tragique 70e anniversaire a lieu ce dimanche. Des habitations détruites en l’espace de quelques heures, des quartiers entiers rayés de la carte... Et un bilan humain, sur lequel les
sources divergent, qui s’élève à une trentaine de blessés, et entre 11 et 15 morts. Un choc. Des balafres, non seulement celles des collines meurtries, mais aussi celle des esprits
mentonnais, marqués par la tragédie. Retour sur cet épisode douloureux pour Menton, avec un premier volet historique et des témoignages. LE RÉCIT D’UNE JOURNÉE DE TERREUR, D’APRÈS UN
RAPPORT DU MAIRE DE L’ÉPOQUE Ce 24 avril 1952, cela fait désormais trois jours que des pluies diluviennes s’abattent sur Menton. Alors qu’un orage éclate en début d’après-midi dans la
commune, l’inquiétude monte chez les habitants qui commencent à ressentir des craquements dans les vallées… Dans un rapport envoyé au préfet, le maire de Menton, Parenthou Dormoy, détaille
avec précision le récit de cette journée de terreur. 13H30. Le maire de Menton et les services techniques sont informés du risque de débordement du Gorbio, qui pourrait alors entraîner une
inondation du bas quartier de Carnolès. Les services techniques envoient aussitôt une équipe pour dégager le pont, rue Paul Morillot, et construire deux bajoyers (murs de soutènement) afin
de contenir les eaux du torrent. 17H. Les services techniques sont de nouveau avertis d’une seconde crue du Gorbio. Une équipe est envoyée pour prendre les mesures de protection nécessaire.
Elle ne rentrera qu’à 19h30. Parallèlement, le maire est prévenu qu’une coulée de boue est entrée dans les sous-sols de la villa Mer et Monts, où est installée la maison de retraite
Gastaldy. L’évacuation des résidents est ordonnée immédiatement, le maire s’y rend sur place. Inquiet que l’éboulement qui vient de se produire à la villa Mer et Monts ne se reproduise dans
les autres vallées, le maire alerte le commissaire de police ainsi que la préfecture. 17H15. Un craquement sinistre s’échappe du Val du Careï. Après un glissement de terrain superficiel, le
premier éboulement important se produit dans la vallée. Provoquant l’écroulement des maisons Sismondini et Alunni, et causant six morts. À quelques mètres, les autres maisons tanguent,
chancellent. Le long des collines, des torrents de boue se forment, emportant plusieurs Mentonnais dans leur passage. Des premiers blessés du Careï affluent à l’hôpital de Menton. Une
permanence est installée à la mairie pour donner aux sapeurs-pompiers et aux agents des services techniques toutes les alertes. Le maire de la ville confirme à la préfecture la gravité de la
situation avant de se rendre, avec l’ingénieur, sur les lieux les plus menacés. Les rues centrales de la commune sont alors transformées en fleuves. L’Acquassoma, torrent canalisé en égout
qui traverse la ville du Nord au Sud, vient d’éclater. Des éboulements se produisent dans le Careï, mais aussi le Borrigo, et le Fossan. Causant cinq autres morts, des dizaines de blessés et
de disparus. Des centaines de personnes sont évacuées, en attente d’un relogement. Des maisons familiales, il ne reste plus que les fondations. 19H. Le commandant Bruneton, chef
départemental de sécurité, arrive sur les lieux. Le poste de commandement est installé au commissariat de police. Les sapeurs-pompiers se portent, eux, sur tous les points d’alertes signalés
par la permanence. Les premiers hébergements dans des hôtels réquisitionnés commencent à s’organiser sous la houlette du secrétaire général. Bénévoles, agents de la Ville, Scouts et secours
de la Croix-Rouge mettent en place un centre d’accueil d’urgence au sein de l’hôtel de ville. 21H. Les secours annoncés par la préfecture arrivent sur place, retardés par l’état des
corniches. CRS, pompiers de Nice et de Menton, gendarmes, et personnel des services techniques sont alors répartis en trois équipes correspondant aux trois quartiers les plus éprouvés : le
Careï, le Borrigo, et le Fossan. Avec pour mission : porter secours aux personnes en danger, aider à l’évacuation des immeubles menacés, et exercer sur les lieux des sinistrés une
surveillance afin d’éviter le pillage et tout incident éventuel. 21H30. Le préfet arrive à Menton. Les sauveteurs, en raison de l’état des lieux qui n’étaient que masses de boue et
décombres, décident de remettre les recherches devenues dans la nuit très dangereuses au lendemain matin. 6H. Les travaux de déblaiement et de recherches reprennent. Un responsable choisi
dans le personnel des services techniques est désigné pour chaque quartier. Le maire de Menton constitue un comité de secours, chargé de recevoir les fonds souscrits et de les répartir
suivant les nécessités. Dès le 25 avril au soir, 250 personnes sont relogées au sein de l’Hôtel des îles Britanniques, réquisitionné. Outre les maisons détruites par les éboulements dans les
vallées, de nombreuses habitations sont privées de gaz et d’électricité. Les centaines de relogés se repartissent ainsi chez des voisins, dans les hôtels de la ville, et au centre d’accueil
de la mairie. L’heure est désormais à la reconstruction. ------------------------- _Avec les Archives municipales de Menton et la Société d'art et d'histoire du Mentonnais_