Dépénalisation de l’ivg à monaco: monseigneur david réaffirme la position du diocèse

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Pour l’église monégasque, l’heure est grave. Jeudi dernier, les élus du Conseil national – à l’exception de Brigitte Boccone-Pagès et Régis Bergonzi – ont voté quasiment de concert en faveur


de la proposition de loi n°267 visant à dépénaliser l’interruption volontaire de grossesse en Principauté . Une proposition de loi qui fait suite à la consultation lancée par le Conseil


national, où 80% des Monégasques ayant répondu se disent favorables à une légalisation de l’IVG. Quelques semaines plus tard dans nos colonnes, l’archevêque Monseigneur Dominique-Marie David


avait rappelé l’opposition de l’Église sur ce sujet de société, avant de se fendre d’un communiqué un mois plus tard, pour qualifier ce dossier de _"grave"_, regrettant _"la


pression des consciences"_. Ce dimanche, dans sa lettre pastorale distribuée aux fidèles – s’apparentant davantage à un pamphlet en 14 points, l’archevêque évoque un _"point de


non-retour"_. Monseigneur David s’étonne premièrement que le sujet de l’IVG, qui troublerait _"les pensées de nombre d’entre vous [les fidèles]"_ selon ses propos, soit revenu


sur le devant de la scène politico-médiatique. POUR L’ÉGLISE, UN ENJEU NOTAMMENT IDENTITAIRE _"Le débat sur l’avortement a surgi soudainement dans l’agenda politique monégasque, porté


par une campagne médiatique, alors qu’il ne figurait pas dans le programme électoral de la majorité élue"_, indique Mgr Dominique-Marie David, soulignant que ce revirement soudain


pourrait porter préjudice à la parole des élus. _"En 2019, à l’occasion du vote d’une proposition de loi levant la sanction pénale encourue par les femmes ayant avorté, les conseillers


nationaux affirmaient dans une déclaration solennelle avoir atteint un point d’équilibre au regard des dispositions constitutionnelles de notre Principauté. Depuis, plusieurs d’entre eux ont


changé d’avis, au risque d’entamer le crédit de la parole politique."_ S’ensuit un long exposé mêlant théories biologiques et défense de l’identité monégasque, que l’archevêque


rappelle indissociable de la foi catholique, pour convaincre les fidèles que ce sujet _"peut nuire au maintien de notre cohésion nationale, à la fois précieuse et fragile"_.


_"En Principauté, nous sommes fiers de défendre nos spécificités. Parmi elles, se trouve la confessionnalité de l’État. La religion d’État ne peut être réduite à une simple tradition,


elle structure le droit monégasque lui-même, elle est indissociable de notre identité nationale [...] Nous, habitants de Monaco et fidèles de l’Église catholique, nous aimons ce pays, nous


voulons préserver son intégrité culturelle et son identité constitutionnelle"_, déroule l’archevêque, précisant que cette position _"ne relève pas uniquement de la foi"._


_"La biologie et la génétique expliquent désormais scientifiquement que la vie humaine commence dès la conception. L’embryon n’est pas un simple amas de cellules, ni une cellule du


corps de la mère qui serait un prolongement de son propre corps, il est une entité distincte. Ce nouvel être vivant appartient pleinement à l’espèce humaine"_, poursuit-il. Pour rappel,


cette proposition de loi a reçu un large soutien des gynécologues-obstétriciens de la Principauté. Dans son propos, Mgr Dominique-Marie David ne manque pas de citer le défunt pape François,


évoquant la _"culture du déchet"_. _"Sa dénonciation de l’avortement doit se comprendre d’un point de vue moral certes, mais aussi comme un refus absolu de la culture du


déchet, qui supprime ce que nous ne désirons pas et qui nous encombre."_ "RIEN DE CONTRAIRE AUX LOIS" POUR THOMAS BREZZO__ De son côté, Thomas Brezzo avait rappelé dans nos


colonnes que cette proposition de loi n’était en rien contraire aux dispositions monégasques. _"On a fait des études de droit comparé et on a fait faire une étude sur le droit


canonique, pour savoir quelles étaient les difficultés qu’on pouvait rencontrer entre le Concordat et la Constitution monégasque. Il n’y a rien de contraire aux lois"_, assurait le


président du Conseil national, prenant comme exemple des pays aux fortes traditions religieuses qui ont déjà légiféré sur la question. _"L’Angleterre et la Grèce, pour ne citer qu’eux,


en sont des exemples. En outre, des pays où la tradition religieuse est très ancrée, comme le Luxembourg ou l’Irlande, ont su faire progresser de manière significative les droits des


femmes."_