75 ans après l'Annapurna, Mathias Herzog sur les traces de son père Maurice

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Annapurna. Ce nom résonne comme un cri de victoire. Cette montagne himalayenne, dont le nom sanskrit signifie « Déesse de l'abondance », fut le théâtre, le 3 juin 1950, d'une première


absolue dans l'histoire de l'alpinisme. Ce jour-là, Maurice Herzog et Louis Lachenal deviennent les premiers hommes à fouler, sans oxygène artificiel, le sommet d'un 8 000 mètres.


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Dans la France exsangue de l'après-guerre, cet exploit, orchestré comme une épopée d'État, fut plus qu'une ascension : une revanche nationale. Une entreprise de réhabilitation morale pour un


pays humilié, fracturé, qui cherchait à se redresser, crampons aux pieds, drapeau en main. Le prix de cette conquête fut élevé. Gelures, amputations, douleurs tues. Cette équipe d'exception


affronta des défis immenses : conditions météorologiques extrêmes, terrain inconnu, évacuation périlleuse.À LIRE AUSSI Alpinisme – « Annapurna, premier 8 000 », un roman français


Malgré ces épreuves, leur succès propulsa la France sur la scène internationale de l'alpinisme et ouvrit la voie à toutes les expéditions himalayennes futures. Mais surtout, ces himalayistes


dessinèrent un lien inattendu et durable entre la France et le Népal, un pont entre les cultures, entre hauteurs physiques et élévation spirituelle.


C'est dans cet esprit, non de conquête mais d'hommage, que Mathias Herzog, fils de Maurice, est aujourd'hui reparti sur les traces de son père. « Annapurna ne sera pas conquis, mais honoré 


», confie-t-il. À Katmandou et dans les contreforts de la montagne, les célébrations mêlent rituels, musique et ferveur populaire. Lui n'est pas alpiniste. Il habite Chamonix, mais ne


cherche pas les cimes par les piolets. Mathias Herzog est professeur de yoga, en quête d'équilibre, de silence et d'harmonie.


Un jour, brisé par les chaos de la vie, cet ancien cadre de Gras Savoye et d'Accor quitte tout. À Goa, en Inde, il approfondit sa pratique. Il y rencontre des âmes cabossées par un monde


trop rapide, trop vorace. Il leur offre l'ancrage, la lumière. « J'avais touché le fond. Et puis Chamonix s'est imposé comme une évidence », confie-t-il. Là-bas, dans le chalet familial, il


a fondé une retraite spirituelle, une sorte de sanctuaire alpin pour ceux qui cherchent un autre sommet à atteindre, plus intérieur.


Une manière de prolonger l'héritage autrement, loin des drapeaux, mais au plus près de l'essentiel. Traditionnellement, c'est Sissi Herzog, la mère, qui représente la famille lors des


commémorations de cette conquête. « Quand j'ai vu le programme, assez chargé, et que Matthias était disponible je me suis dit : tiens, c'est peut-être le moment de passer le flambeau… à mon


fils, et à mon petit-fils Ethan, qui adorait son grand-père. »


Pour ce pèlerinage à haute portée symbolique, Mathias Herzog s'est entouré d'une troupe de musiciens, compagnons de route et de notes, qui l'accompagnent au Népal dans un esprit de


communion. Dans ses bagages, un objet chargé d'histoire : le piolet de son père, celui-là même qui a mordu la glace de l'Annapurna en 1950. Prêt exceptionnel consenti par le musée


international de la Montagne de Pokhara, ville lacustre lovée au pied de l'Annapurna, où un concert exceptionnel doit réunir musiciens népalais, indiens et occidentaux dans une fusion


éclectique.


Mélodies d'altitude, rythmes du monde, instruments traditionnels : la musique y devient « langage universel », « pont entre les peuples », « offrande aux montagnes ». Mais au-delà de la


célébration, cette performance vise aussi à éveiller les consciences « sur les fragilités environnementales de ces régions, sur la richesse des cultures menacées, sur le devoir de respect


envers ces sommets que l'homme ne devrait plus seulement conquérir, mais comprendre et préserver ».


Au cœur de ce 75e anniversaire, une initiative redonne au mot « héritage » sa pleine valeur : la création d'un fonds d'aide destiné aux porteurs népalais de basse altitude, moins visibles et


moins protégés que les sherpas de haute altitude, en cas d'accident, de maladie ou de catastrophe naturelle. Chargés de tentes, de vivres, de planches, de moquettes, ils arpentent les


sentiers escarpés, courbés sous le poids d'un monde qui ne les regarde pas.À LIRE AUSSI Gravir les 14 sommets de 8 000 mètres a-t-il encore un sens ?


Il fut un temps, pas si lointain, où l'on portait jusqu'à des voitures sur ces chemins : non pas des épaves, mais des Mercedes flamboyantes, des Ford clinquantes, trophées d'orgueil des


Ranas de Katmandou, ces princes autocrates qui verrouillaient le pays tout en singeant les fastes européens. Le Népal n'avait pas de routes, mais il avait des dos solides. Aujourd'hui


encore, dans les vallées reculées, les porteurs, vêtus de namlo, ce bandeau de fibres tressées, tirent des charges démesurées.


Chamonix, ce mardi 3 juin, sera aussi est à fête. La Compagnie des guides organise à 18 heures un verre de l'amitié, à la Maison des artistes La Tournette, l'ancienne maison de la famille


Herzog.


Article intéressant pour ne pas oublier ce bel exploit de l alpinisme Français mais l faut aussi rappeler le rôle primordial de Lachenal dans l épopée qui a été souvent mis en pointillé face


à Maurice Herzog qui avait une fâcheuse tendance à se mettre en avant


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