Que révèle le « Complément d’enquête » sur les possibles liens entre Rachida Dati et GDF Suez ?

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QUE RÉVÈLE LE « COMPLÉMENT D’ENQUÊTE » SUR LES POSSIBLES LIENS ENTRE DATI ET GDF SUEZ ?


« Vous m'emmerdez, je ne parle pas avec des voyous… » Voici, en substance l'unique échange qui a eu lieu entre Rachida Dati et le journaliste de _Complément d'enquête _qui a


réalisé le portrait de la ministre de la Culture pour l'émission diffusée sur France 2, le 5 juin en seconde partie de soirée.


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Intitulée « Rachida Dati, la conquête à tout prix », l'enquête de 58 minutes aborde en majeure partie une facette déjà connue de l'ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy :


l'ascension politique d'une jeune femme issue d'une fratrie de 11 enfants, élevée dans un HLM de Chalon-sur-Saône qui va devenir la première locataire du ministère de la place


Vendôme issue de l'immigration.


Une « artiste de la politique » pour la voix off du film, qui est louée par l'ancien sénateur Pierre Charon ou l'ancienne présidente d'Areva, Anne Lauvergeon. Mais le dernier


tiers du documentaire se penche sur une accusation nouvelle : Rachida Dati aurait-elle perçu de l'argent de GDF Suez pour défendre les intérêts de l'industrie énergétique gazière


au Parlement européen, où elle fut eurodéputée pendant dix ans (de 2009 à 2019) ?


À LIRE AUSSI RACHIDA DATI : « JE N'AI JAMAIS CONSIDÉRÉ MA FOI COMME UN ÉLÉMENT IDENTITAIRE » Le portrait de Rachida Dati – aussi populaire parmi l'électorat de droite que crainte


par ses adversaires politiques – est peu reluisant. Comme peut en témoigner l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui a eu maille à partir avec elle lors de la campagne


municipale de Paris en 2020. Buzyn raconte, face caméra, qu'après avoir refusé une alliance, la maire du 7e arrondissement de la capitale aurait changé de comportement et adopté un « 


ton violent » dans ses échanges par SMS. Elle lui aurait même promis de « lâcher les chiens » et de « pourrir [sa] campagne ».


Les journalistes de _Complément d'enquête_ ont choisi notamment de revenir sur l'épisode des affaires qui suivent son parcours. Il est rappelé sa mise en examen pour corruption


passive et trafic d'influence passif au profit de Renault-Nissan. Mais la nouveauté porte sur un autre dossier, dévoilé en collaboration avec _Le Nouvel Obs_, qui porte sur des soupçons


de conflit d'intérêts avec l'entreprise GDF Suez, au mitan des années 2010.


« Elle n'a jamais été rapporteuse de rien sur l'énergie, interroge l'ancienne ministre et ex-députée européenne Corinne Lepage. C'est la preuve d'intérêts nouveaux 


sur le sujet. Pourquoi, d'un seul coup en 2012, elle découvre le sujet de l'énergie ? Son prisme très orienté sur l'intérêt des gaziers m'interroge. »


Plus troublant, les journalistes de l'émission dévoilent des documents comptables qui viendraient, selon eux, prouver l'existence d'un lien entre Rachida Dati et


l'entreprise d'énergie. Ces documents seraient issus du cabinet d'avocats d'affaires STC, cofondé par Xavier de Sarrau, présenté comme proche de l'ancien président


de la République Nicolas Sarkozy.


Ces documents indiquent que deux versements de 149 500 euros TTC ont été établis par GDF Suez au profit du cabinet d'avocats, en juillet 2010 et février 2011, puis reversés par chèque à


Rachida Dati, en octobre 2010 et février 2010 respectivement, avec la mention « Dati honoraire GDF Suez ».À LIRE AUSSI AFFAIRE GHOSN-RENAULT : RACHIDA DATI CONTRE-ATTAQUE


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Les journalistes de _Complément d'enquête_ et du _Nouvel Obs_ évoquent également un cahier à spirale saisi dans le bureau de l'assistante


de l'édile du 7e arrondissement. On y voit écrit à la main une mention « GDF 250 » à côté de « Renault 300 ». Pour les journalistes, il s'agit là d'une preuve que ce « 250 »


correspond à la somme de 250 000 euros hors taxes, perçue en deux fois par Rachida Dati en 2010.


Ces éléments concorderaient aussi avec des factures saisies par les enquêteurs lors d'une perquisition réalisée à la mairie du 7e arrondissement de la capitale en 2019 (Rachida Dati en


est l'édile depuis 2008). À ce jour, aucune poursuite n'a été déclenchée contre l'actuelle ministre de la Culture dans ce volet GDF Suez.