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À quoi joue Gabriel Attal ? D'humeur silencieuse ces dernières semaines, le patron de Renaissance a ressurgi dans le débat public, ce mardi 20 mai, avec l'annonce de trois
propositions chocs pour lutter contre l'islam politique en France. Quelques heures avant la publication par le gouvernement d'un rapport explosif sur l'entrisme islamiste en
France, l'ancien Premier ministre a ainsi proposé l'interdiction du voile dans l'espace public pour les jeunes filles de moins de 15 ans et la création du délit de contrainte
au port du voile contre les parents qui forceraient leurs filles mineures à se voiler.
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Il a également suggéré le vote au Parlement, après celle votée en 2021, d'une deuxième loi contre le séparatisme appelée « loi contre l'entrisme islamiste ». « Il faut agir » face
à l'islamisme radical, tonne, ce mercredi, le trentenaire depuis la salle des Quatre Colonnes de l'Assemblée nationale.
Fruit de plusieurs mois de consultations au sein du parti, ces premières annonces s'inscrivent plus globalement dans un travail de fond entrepris par Renaissance depuis la reprise en
main du parti par le député des Hauts-de-Seine en décembre 2024. Les premières conclusions doivent notamment être dévoilées ce lundi 26 mai, lors d'une convention thématique sur les
questions régaliennes « pour lutter contre l'entrisme islamiste ».
Deux ans après son combat mené pour l'interdiction de l'abaya et du qamis à l'école, qui lui avait valu une importante percée sondagière, l'ancien ministre de
l'Éducation nationale réitère en prenant un positionnement radical. Lui, l'ancien socialiste qui s'inscrivait en 2016 contre Manuel Valls et sa volonté d'interdire le
burkini ou qui, en tant que secrétaire d'État à la Jeunesse, s'opposait en 2021 à Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l'Éducation nationale, dans certains arbitrages sur
la laïcité et dans la lutte contre l'islamisme, durcit le ton.
« L'exercice d'une religion est un droit individuel, on peut exercer une religion, on peut porter le voile si on le souhaite quand on est une femme », confiait-il encore au micro
d'Apolline de Malherbe le 28 octobre 2019, détaillant là une approche plus nuancée qu'aujourd'hui. À LIRE AUSSI FRÈRES MUSULMANS : ENFIN LA FIN DE L'ANGÉLISME
Qu'importe. Dans l'entourage de l'ancien locataire de Matignon, on réfute l'idée d'une volte-face idéologique de la part du trentenaire. « Gabriel a toujours défendu
la fermeté sur ce sujet, dans tous les ministères où il est passé, il a œuvré en ce sens. C'est au cœur de son engagement politique », défendent ses proches.
L'annonce a malgré tout de quoi surprendre. Avec cette proposition, le risque est de guider la formation macroniste vers des positions autrefois combattues… par le parti présidentiel
lui-même. En 2021, lors de l'examen de la loi contre le séparatisme, les députés Renaissance Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau avaient ainsi suscité la polémique en interne en
proposant un amendement signé individuellement pour interdire le port du voile pour les « fillettes ».
« Le sujet ne fait pas partie de notre agenda, car nous ne confondons pas l'expression de la foi religieuse et les atteintes aux valeurs de la République », avait alors rétorqué le
Premier ministre de l'époque, Jean Castex. Aujourd'hui, symbole du glissement idéologique de Renaissance vers son flanc droit, c'est désormais le secrétaire général du parti
et président de groupe à l'Assemblée lui-même qui reprend à son compte l'idée autrefois honnie par la majorité.
Si la proposition a été condamnée par la gauche, à l'instar du socialiste Jérôme Guedj accusant, par exemple, Gabriel Attal de « courir après la droite et l'extrême droite », elle
n'a pas tardé non plus à faire réagir et à diviser au sein même du bloc central. « Il y a une grande cohérence à le faire si l'on est vraiment féministe et universaliste. Avec
quelle vision du monde grandira une petite fille qui, dès 8 ans, aura dû se voiler dans l'espace public ? » défend, pour sa part, le député EPR David Amiel auprès du _Point_, tandis que
d'autres s'insurgent contre une telle proposition. « Un énième coup marketing qui en dit long sur sa capacité réelle d'action », a ainsi déploré un député Horizons au cours
de la journée lorsqu'un cadre Renaissance s'interrogeait à haute voix : « Je ne suis pas sûr qu'aller dans le couloir des idées des Républicains soit la meilleure idée. »
Hasard (ou non ?) de calendrier, les annonces du patron de Renaissance coïncident à deux jours près avec l'intronisation du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, en chef de la
droite française. Porté par son incarnation des sujets régaliens, l'homme de Beauvau voit, depuis son arrivée au gouvernement, son capital politique exploser. Selon un récent sondage
Cluster17 pour _Le Point_, 59 % des électeurs Renaissance aux élections européennes en 2024 souhaitaient que Bruno Retailleau soit candidat en 2027. Une menace réelle pour le jeune retraité
de Matignon, qui cherche à s'inscrire sur la ligne de départ de la prochaine présidentielle et qui voit son concurrent LR prendre la lumière, et trouver un écho favorable auprès de ses
propres militants. À LIRE AUSSI EXCLUSIF. DE RENAISSANCE À RECONQUÊTE !, RETAILLEAU FAIT UNE RAZZIA SUR LA DROITE
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Conscient du danger, Gabriel Attal chercherait-il à porter un discours de plus en plus radical pour se ranger dans le même couloir que son rival ? «
La convention sur les sujets régaliens était prévue depuis janvier, le parti travaille sur des mesures depuis plusieurs mois. Il ne faut pas y voir une réaction face au récent congrès des
Républicains », rétorque-t-on dans l'équipe de l'ex-Premier ministre, qui refuse de voir son initiative être décrite comme une réaction à chaud.
Preuve en est, selon eux, d'autres conventions thématiques doivent également bientôt se tenir, comme celle sur les sujets économiques et sociaux, le 10 juin, et une autre consacrée à
l'écologie, prévue fin juin. « Le secrétaire général du parti assume une ligne ferme sur les sujets régaliens, mais il ne peut pas être réduit à cela. C'est le seul à se saisir
dans le même temps de sujets de société trop souvent délaissés : maman solo, harcèlement, danger des réseaux sociaux pour les mineurs », rétorque son entourage. L'un n'empêche pas
l'autre…