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QU’EST-CE QUE LA CHENILLE URTICANTE, DE RETOUR AVEC PLUSIEURS SEMAINES D’AVANCE EN ÎLE-DE-FRANCE ?
D'ordinaire, elles ne refont surface qu'une fois l'hiver passé. Pourtant, comme l'explique _Le Parisien_, la région de Freneuse (Yvelines) voit le retour, depuis quelques
jours, des chenilles processionnaires. Ces insectes, très urticants, sont redoutés pour les allergies qu'ils provoquent.
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Habituellement, ces chenilles descendent de leurs arbres au printemps pour s'enfouir sous terre avant de se faire papillon. Mais cette année, elles sont considérablement en avance : «
L'an passé, on avait observé les premières processions mi-février. Cette fois, c'est dès la mi-décembre, de plus en plus tôt. C'est affolant », témoigne auprès du _Parisien_
Daniel Vaugelade, président de l'Union pour la protection de la boucle de Moisson, qui ne cache pas une certaine inquiétude.
À LIRE AUSSI POURQUOI LA DISPARITION DES INSECTES DOIT NOUS PRÉOCCUPERDéfenseur de l'environnement, devenu une référence locale en matière d'évolution de la faune et de la flore,
il est régulièrement sollicité par des habitants de sa région. Il y a quelques jours, l'un d'entre eux a fait appel à ses services après avoir trouvé ces urticantes, dans son
jardin, au sol. « Je n'en revenais pas, raconte ce riverain du secteur de Freneuse. Elles sont descendues de mon pin malgré le piège que j'ai posé. Elles sont en train de dévorer
mon arbre et j'ai peur pour mon chien. » En effet, le phénomène peut être mortel pour les animaux de compagnie.
Face au fléau répété, Emmanuel a pris une décision radicale : abattre son pin, haut de quinze mètres, qu'il avait planté il y a vingt-deux ans. « C'est une invasion, les gens
appellent en mairie. Nous avons des quartiers entiers touchés, on voit des arbres recouverts de ces affreuses guirlandes », se désole Jean-Marc Pommier, le maire (Divers gauche) de
Bonnières-sur-Seine, une commune yvelinoise proche.
Le constat est partagé par les spécialistes de la lutte contre les nuisibles : jamais leur travail n'a commencé si tôt. Djamel, de l'entreprise MVA Services, n'a « jamais vu
ça ». Lui qui intervient dans tout le département parle d'une augmentation « exponentielle » du nombre d'arbres touchés : « Cette année, j'ai traité 450 pins au lieu de 250
l'année dernière et 150 il y a deux ans. »
À LIRE AUSSI CES ARBRES MALADES DU CLIMAT QUI RÉSISTENT MAL AUX ÉPIDÉMIESUn constat auquel s'ajoute une inquiétude. « On sait que les chenilles sont venues du Sud à cause du
réchauffement climatique. On voit aujourd'hui qu'elles se sont adaptées mais aussi que leur cycle de croissance est déréglé. » En intervention à Montesson, près de
Saint-Germain-en-Laye, l'homme a décroché une demi-douzaine de cocons d'hivernage d'un grand pin. À l'intérieur, des chenilles au développement déjà bien avancé. Son
téléphone sonne. Un nouvel appel pour invasion de processionnaires.
Deux espèces sont observables en Île-de-France : la chenille processionnaire du pin et celle du chêne. Celle du pin a commencé à coloniser massivement l'Essonne, la Seine-et-Marne et la
pointe sud des Yvelines il y a plus de quinze ans. Elles s'observent désormais aussi dans l'Oise, y compris dans la forêt d'Ourscamp, à une centaine de kilomètres de Paris.
À LIRE AUSSI CHANGEMENT CLIMATIQUE, INCENDIES : POURQUOI LA FORÊT SOUFFRE PLUS QU'AVANTL'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France rappelle que les poils de ces
chenilles « peuvent se détacher très facilement sous l'effet du vent » et provoquer éruptions douloureuses au contact de la peau, irritations de la gorge, difficultés respiratoires en
cas d'inhalation, conjonctivites, ainsi que maux de ventre et vomissements si on en ingère ».
Si ses traitements biologiques sont qualifiés de « très efficaces » et surtout d'« indispensables », le professionnel ne donne aucune assurance. « Je l'explique clairement au
client, prévient-il. On ne peut pas garantir que cela ne reviendra pas. »
Que faire à part espérer de fortes gelées ? Djamel a une solution radicale : « Il faudrait bannir les pins de l'espace public. » Pour les zones naturelles, c'est un tout autre
défi. La boucle de Moisson, située près de Freneuse, occupe plus de 300 hectares d'espaces naturels et compte des milliers de pins. Quel traitement serait efficace pour une si grande
surface.
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre 84 % de la région Île-de-France avaient été colonisés en 2021 par la chenille processionnaire du pin, selon l'Inrae (Institut national de
recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement). L'année suivante, un décret a classé les chenilles du pin et du chêne parmi les espèces à la
prolifération nuisible à la santé humaine. « Cet ajout implique que les préfets de départements doivent définir par arrêté les mesures de gestion des populations de chenilles
processionnaires à mettre en place sur leur territoire », précise Fredon, le réseau d'experts missionné par le ministère de la Santé pour rédiger un guide national d'aide à
l'élaboration d'un plan local d'action, publié en juin dernier.
Aucun préfet d'Île-de-France n'a pris le problème à bras-le-corps. « L'ensemble des départements étant colonisé, ils sont tous susceptibles de prendre un arrêté préfectoral,
confirme l'Agence régionale de santé (ARS). Afin d'assurer la cohérence des mesures à appliquer, un travail de coordination régionale sera mis en place, dans le cadre du 4e Plan
régional santé-environnement (PRSE4) dont l'approbation est prévue fin mars 2024, pour aboutir à une rédaction harmonisée des arrêtés préfectoraux. »