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TURIN EST À NOUVEAU ACCESSIBLE EN TRAIN : POURQUOI IL FAUT VISITER LA BELLE PIÉMONTAISE REPORTAGE - Avec la réouverture de la liaison ferroviaire directe avec la France, la capitale du
Piémont à nouveau rayonne. Publicité On croyait avoir tout vu à Milan. Erreur. En bien des points, sa grande rivale du nord, Turin, la dépasse. La ville où est née la Fiat a longtemps
souffert de son passé industriel et ouvrier. Seconde méprise, car la « dolce vita » a pris ici racine dans l’authenticité et le goût du travail bien fait, boostée encore par la présence de
100.000 étudiants, qui ont fait de Turin une fête. Capitale de l’Italie entre 1861 et 1865, elle le fut d’abord du duché de Savoie, puis du royaume de Piémont Sardaigne, avant de se faire
détrôner par Florence puis enfin par Rome. La vieille cité en a gardé de beaux restes : superbes rues bordées d’immeubles cossus, palais royal, parlement (devenu Musée du Risorgimento) et
quantité de passages couverts et cafés historiques, à commencer par le Fioro, sur la Via Po, où Cavour venait faire l’unité de l’Italie. Mais, miracle, cette ville alanguie sur les rives du
Pô, dont les rues offrent des perspectives sur les monts enneigés des Alpes, n’a rien cédé au tourisme. Ses cafés, ses places, ses boutiques aux vitrines d’autrefois demeurent fréquentés par
les Turinois qui chaque matin avant de se rendre au travail y prennent un « ristretto »… Et le soir, le célèbre « aperitivo », à base de vermouth. Sur la Via Roma, les rares enseignes du
shopping international n’ont pas réussi à chasser un commerce de proximité florissant, qui tient tête aux tendances. Comme sur la Via Pio, cette boutique de vinyles des grandes classiques de
l’opéra (n° 20), qui voisinent avec une antique adresse de sous-vêtements, où les gaines (qu’on croyait disparues) font encore devanture. Tel est l’inimitable Turin, où se respire un air
d’Italie cher à Fellini, dont on a projeté les films au Lux, cinéma des années 1930, niché au fond de la Galleria San Federico. Préparer son voyage Service Le contenu de cet article a été
rédigé de manière indépendante par la rédaction. Lorsque vous cliquez ou effectuez une réservation via nos liens partenaires, Le Figaro peut percevoir une commission. * Réserver un road trip
Voir * Réserver un voyage sur mesure Voir Proche de Lyon, Turin fut la première en Italie atteinte par les rayons des frères Lumière. Elle a inventé le cinéma italien avec,
reconnaissons-le, un certain succès. Le Musée national du cinéma, installé dans la Mole, spectaculaire édifice de 167 mètres de hauteur, raconte par le menu l’essor de cette industrie
turinoise, puis italienne, devenue un art pour le monde entier. LE GAM DONNE LE TON Pour autant Turin n’est pas une ville du passé à l’urbanisme défait. Bien au contraire. De grise et
d’ouvrière, elle est devenue verte et cossue. L’inauguration il y a quelques jours d’un nouveau jardin du Palazzo Cisterna en plein centre, Via Carlo Alberto, témoigne d’un effort
considérable qui en a fait un des meilleurs ratios au m² de jardin par habitant, de toute l’Italie. Quant au shopping sur la Via Roma, il fait chauffer les cartes bancaires comme les pavés
au soleil de la Piazza San Carlo. Mais ce qui tient surtout éveillé la belle Piémontaise, c’est l’art. À commencer par son étonnant musée d’art moderne, le GAM (Galleria Civica d’Arte
Moderna e Contemporanea di Torino), dont la conservation en chef est saisie d’une frénésie de créativité, comme nulle part ailleurs. Créées en 1959, les collections vont de la fin du XVIIIe
siècle à nos jours, présentées dans un bâti de l’époque, très sixties, qui a fini par devenir de la nôtre, tant il fut précurseur. La muséographie brille par son originalité, en instaurant
une présentation qui échappe à la chronologie, et un dialogue entre les disciplines et les styles. Arts visuels, sculptures, peintures classiques, installations d’art contemporain… Tout se
mélange et finit par s’assembler sous nos yeux médusés. > Si l’on veut intéresser les jeunes générations, les ramener > dans les musées, il faut être dans l’étonnement, dans la >
surprise > Chiara Bertola, curatrice du GAM Car bien entendu cette apparence de chaos esthétique a un sens et ne doit rien au hasard, mais à l’inventivité de sa curatrice, Chiara Bertola,
fraîchement débarquée de Venise (elle a été la fondatrice de la Venice Gardens Foudation). «_ Si l’on veut intéresser les jeunes générations, les ramener dans les musées, il faut être dans
l’étonnement, dans la surprise_ _»,_ justifie-t-elle, entraînant ses visiteurs au deuxième étage du musée, où sont présentés des chefs-d’œuvre encore emballés dans leurs caisses ou
négligemment posés sur des étagères métalliques. Karel Appel, Andy Warhol, Calder ou Penone voisinent avec des vues de Turin, des pastorales du XIXe siècle, des portraits de Francesco Hayez
et des bustes de Canova. Tout fonctionne à merveille. Y compris les expositions temporaires, Alice Cattaneo (jusqu’au 7 septembre) et, en sous-sol, celle très captivante de l’artiste
contemporain Fausto Melotti, qui dompte l’espace en encadrant des vides. ART PRIVÉ Même émerveillement sur la Piazza San Carlo, au cœur du vieux Turin, d’où l’on s’extrait du grand
classicisme architectural du XVIIIe siècle environnant pour rejoindre un lieu d’exposition souterrain d’une grande modernité. C’est la Gallerie d’Italia, ouverte en 2022, mécénée par la
puissante Fondation di San Paolo, issue de la banque du même nom. Dans une enfilade de salles, plus spectaculaires les unes que les autres, dont une recouverte de lames d’argent, est
présentée l’exposition de l’artiste noire-américaine Carrie Mae Weems (jusqu’au 7 septembre également), consacrée au regard que porte la photographe sur la communauté afro-américaine. Art
vidéo, photographie et installations sonores expriment le quotidien d’une certaine Amérique, dans un anti-trumpisme assumé. Passionnante de bout en bout. La Fondation di San Paolo réunit
dans ce même sous-sol 7 millions de négatifs, provenant de l’agence italienne de presse Publifoto (créée en 1937), dont elle a racheté le fond en 2015. Le travail de numérisation des clichés
s’expose derrière de grandes vitres dans l’ancienne salle des coffres. Leur mise en ligne progressive se fait sur un mur d’image interactif, accessible à tous. Les banques italiennes, au
cœur de la créativité, portent à bout de bras d’incroyables projets comme c’est le cas encore de la fondation bancaire CRT (Cassa di Risparmio di Torino), qui a réhabilité d’anciens ateliers
de réparation de locomotives. Devenu l’OGR (Officine Grandi Riparazioni), c’est le lieu le plus tendance de Turin. Dans une architecture industrielle monumentale, 35.000 m², on y trouve le
plus grand espace d’exposition de la ville, qui accueille notamment chaque dernier week-end d’octobre une présentation majeure d’Artissima, la foire turinoise d’art contemporain. Mais pas
uniquement. Restaurants, bars, auditoriums, salles de concert (dédiées au rock’n’roll) et pépinière de start-up attirent un public jeune et festif. Situé entre le quartier ultrachic de la
Crocetta et l’École polytechnique, le bâti s’ouvre sur une cour dans laquelle une œuvre de William Kentridge rend hommage aux travailleurs du fer. LA PISTE D’AGNELLI Une transformation de
site industriel plutôt réussi qui fait écho au Lingotto, l’ancien siège de Fiat, revisité par Renzo Piano dans les années 1990, après que l’usine a été transférée plus près du Pô. Récemment
un jardin suspendu est venu enrichir et égayer la piste d’essai d’un kilomètre et demi, « La Pista 500 », à 28 mètres de hauteur, sur laquelle Giovanni Agnelli lançait ses voitures. Semée de
25 œuvres d’artistes contemporains, dont un immense graffiti en papier collé de la française Dominique Gonzalez-Foerster (dans un virage relevé), le ruban de bitume, promenade d’art par
excellence, prends les couleurs de l’avenir, dominant la ville à ses pieds… Le reste de l’ancienne chaîne de montage de la Fiat est un gigantesque centre commercial sur trois niveaux. Le
quatrième, que l’on atteint soit par des ascenseurs soit en utilisant la vieille rampe des années 1930, correspond à la piste d’essai. Renzo Piano y avait aménagé deux spectaculaires
excroissances. L’une est inaccessible au public, boule de verre fumé dans laquelle Agnelli tenait ses réunions, posant son hélicoptère sur l’héliport attenant. L’autre, véritable coffre à
bijoux, a la forme de l’arche de l’Alliance et renferme 25 chefs-d’œuvre de la peinture italienne et française, issue de la collection privée de l’Avvocato et dont il fit don à travers la
fondation qui porte son nom - et celui de sa femme Marella. Une pinacothèque où l’on voit, notamment, de superbes Canaletto, quelques Picasso, Manet, Tiepolo, Bellotto et la plus grande
collection d’œuvres de Matisse en un même lieu en Italie. _« Tout art fut contemporain »,_ rappelle-t-on sur les rives du Pô… CARNET DE ROUTE VENIR SNCF Voyages Italia assure trois A/R
quotidiens depuis Lyon en 5 h 37. On peut aussi embarquer à Macon-Loche TGV et à Chambéry. En première classe, service continu à la place et accès privilégié à toute une série de services
connectés. DORMIR Le Grand Hôtel Sitea, dirigé depuis 1925 par la même famille propose 125 chambres au luxe désuet, dans le quadrilatère le plus prisé de Turin à deux pas de la Via Roma. En
face, une annexe (au Royal Palace) compte six suites avec butler. Deux tables, dont une gastronomique (1 macaron Michelin) sur laquelle veille le chef italien Davide Scabin. _Tél. : 00 39 11
517 01 71._ BONNES TABLES Esperia, sur la rive droite du Pô, est la table du club d’aviron de Turin, mais est ouverte à tous. On y sert une spécialité turinoise, les Plin (petit ravioli à
la viande de veau). Autour de 20 €. Sesto Gusto. Pizzeria très prisée des Turinois où le chef propose d’innombrables combinaisons. Pizzas dès 8 €. SE RENSEIGNER Office de tourisme :
_turismotorino.org_