Qu'est-ce que el niño, le phénomène météorologique qui inquiète l'onu?

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QU'EST-CE QUE EL NIÑO, LE PHÉNOMÈNE MÉTÉOROLOGIQUE QUI INQUIÈTE L'ONU ? FOCUS - El Niño a atteint son pic en décembre et il est l'un des cinq plus puissants phénomènes


météorologiques jamais enregistrés, a indiqué l'Organisation météorologique mondiale. Publicité _«L'enfant terrible du Pacifique»_ continue de frapper cette année. Le phénomène


météorologique El Niño a atteint son pic en décembre et il est l'un des cinq plus puissants jamais enregistrés, a indiqué mardi 5 mars l'Organisation météorologique mondiale, qui


prédit des températures au-dessus de la normale entre mars et mai sur la terre ferme. El Niño _«s'affaiblit progressivement mais continuera d'avoir un impact sur le climat mondial


dans les mois à venir, alimentant la chaleur emprisonnée par les gaz à effet de serre issus des activités humaines»_, précise l'organisation. Ce phénomène naturel se caractérise par une


hausse de la température de l'océan Pacifique Est, au large des côtes péruviennes, et se traduit par une élévation de la température globale de la planète. Cette anomalie naturelle se


produit tous les trois à sept ans pour une durée moyenne de neuf à douze mois. Le début de l'épisode se situe généralement au printemps puis s'intensifie entre octobre et décembre,


pour s'effacer durant l'hiver. Ce phénomène est la conséquence d'une perturbation dans la circulation atmosphérique générale entre les pôles et l'équateur. Son


apparition engendre un déplacement des zones de précipitations vers l'est de l'océan Pacifique et empêche la remontée d'eau froide le long de la côte de l'Amérique du


Sud. Sous l'effet d'El Niño, la température de l'océan Pacifique _«augmente de 0,5 à 4°C par rapport à la normale»_, précise Fabio d'Andrea, chercheur CNRS au Laboratoire


de météorologie dynamique. El Niño - l'enfant en français - a été baptisé ainsi par des pêcheurs péruviens, il y a des centaines d'années. En cause, la disparition des poissons


qui ont migré vers les eaux froides à cause d'une vague de chaleur sous-marine à la période de Noël. Un cadeau empoisonné imputé à l'enfant Jésus. SÉCHERESSE, INONDATIONS,


CYCLONES... Lors du passage d’El Nino, le déplacement des précipitations vers l'Amérique du Sud peut ainsi entraîner de fortes sécheresses en Australie et en Indonésie. _A contrario_,


les pluies peuvent être accrues dans le nord-ouest des États-Unis, le sud de l'Amérique du Sud et la Corne de l'Afrique. Ces précipitations peuvent être une bonne nouvelle pour


cette région africaine durement touchée par la sécheresse, en raison du réchauffement climatique. Mais El Niño augmente-t-il les risques d'événements climatiques extrêmes ? _«Pas


nécessairement, ils pourraient juste être distribués à un autre endroit»_, répond Christophe Cassou, directeur de recherches du CNRS au CERFACS à Toulouse. _«La côte péruvienne


habituellement sèche peut connaître des inondations»_, donne-t-il en exemple. _«Le nombre de cyclones dans les Caraïbes peut également diminuer pour sévir dans le Pacifique central, vers la


Polynésie»_, poursuit le chercheur. Toutefois, les impacts du Niño se feront peu ressentir en Europe car _«il affecte surtout les tropiques du Pacifique et le continent américain»_,


rassure-t-il. Au regard des précédents _«Super Niño»_ sur les périodes de 1982-1983, 1997-1998 et 2015-2016, les conséquences sur notre continent étaient _«limitées»_. BATTRE LE RECORD DE


CHALEUR DE 2016 Le dernier événement de Niño de la période 2015-2016 avait été particulièrement puissant. Avant que 2023 ne batte ce record, l'année 2016 était considérée comme


_«l'année la plus chaude jamais enregistrée en raison du “double effet” du El Niño et du réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre»_, soulignait l'OMM début 2023.


Comparée à la période de 1901 à 2000, _«l'année 2016 a connu une anomalie de température de +1°C»_, indique Christophe Cassou. L'actuel épisode El Nino, qui s'est développé en


juin 2023, a atteint son apogée entre novembre et janvier. Il a affiché une valeur maximale d'environ 2,0 °C au-dessus de la température moyenne de surface de la mer sur la période


1991 à 2020 pour l'océan Pacifique tropical oriental et central. L'OMM indique qu'il y a des chances que La Niña - qui a l'inverse d'El Niño fait baisser les


températures - se développe _«plus tard cette année»_ après des conditions neutres entre avril et juin. Mais l'OMM juge que les probabilités sont trop incertaines pour le moment. El


Niño est à différencier de La Niña, qui intervient en alternance et à la même fréquence. Elle provoque un refroidissement des eaux du Pacifique Est. Depuis trois ans, la Terre était sous


l'influence de ce phénomène. Pour Christophe Cassou, c'est également l'un facteur qui explique _«pourquoi le record de température globale n'a pas encore été battu»_.