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L’ONG Surfrider réclame l’interdiction des filtres, qu’elle juge inutiles pour la santé et toxiques pour les océans. Publicité «_C’est un déchet évitable, on ne devrait même pas se poser la
question_», s’indigne Lucie Padovani, chargée de plaidoyer sur la question des déchets plastique pour l’ONG Surfrider Foundation Europe. Chaque année, des milliards de mégots de cigarette
sont jetés au sol, rappelle l’organisation. Ce mercredi 21 Mai, l’ONG demande l’interdiction des filtres de cigarettes, qui sont «_un faux allié pour la santé, _et _un vrai poison pour
l’environnement._» Chaque filtre peut renfermer entre 12 000 et 15 000 microfibres plastiques, qui se retrouvent ensuite dans les sols ou les écosystèmes aquatiques. «_Ils ne sont que très
peu biodégradables, donc ils sont une source de pollution multiple_», explique Marianne Quéméneur, chargée de recherche à l’institut de recherche pour le développement (IRD). Même si un
mégot est jeté au sol en ville, «_il peut se retrouver dans les égouts, passer par le système d’assainissement sans être retenu et se retrouver dans l’océan_», prévient Lucie Padovani. Les
mégots de cigarette, constitués principalement de plastique, l’acétate de cellulose, se fragmentent en micro et nanoparticules une fois jetés dans l’environnement. En se dégradant, ils
libèrent près de 7000 substances chimiques toxiques, dont du plomb, du mercure, ainsi que de la nicotine, tout en acidifiant l’eau de mer, selon une étude menée en 2020 par plusieurs
instituts, dont le CNRS. Cette pollution a un impact direct sur la faune et la flore marines : une seule cigarette peut contaminer jusqu’à 1000 litres d’eau. «_Nous avons étudié les
micro-organismes présents dans les sédiments marins,_ raconte Marianne Quéméneur, qui avait mené à cette étude,_ l’impact était significatif : certains types de bactéries disparaissaient
après exposition aux mégots._» La position de l’ONG est claire, ils souhaitent une interdiction totale des filtres dans les cigarettes. «_Le filtre ne protège pas, il n’élimine pas le risque
pour les fumeurs_, explique l’ONG, _ils ont seulement_ _un intérêt économique et marketing pour les fabricants car ils rendent le goût plus doux en réduisant l’âcreté de la fumée du
tabac»_. De ce fait, Lucie Padovani justifie que c’est «_une demande réaliste et rationnelle au vu de ce que dit la science_». L’idée que les filtres ne protègent pas la santé des fumeurs
peut paraître contre intuitive, mais elle est prouvée par des études scientifiques. Les filtres amènent_ «les fumeurs à prendre des bouffées plus volumineuses et plus prolongées»,_ précise
le Comité national contre le tabagisme (CNCT). Certains États européens se pencheraient déjà sur la question, notamment les Pays-Bas. En France, le CNCT appelle les pouvoirs publics à
interdire aux fabricants leur utilisation. À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le week-end du 31 mai, l’ONG lancera une nouvelle édition de sa campagne européenne «_Surfrider
against cigarette butts (Surfrider contre les mégots)»_, afin de rassembler des volontaires à travers le continent, pour une collecte de mégots. En 2024, la campagne avait permis de
mobiliser 862 personnes dans cinq pays européens (Espagne, Portugal, Grèce, Allemagne et Pays-Bas), avec un total de plus de 183 000 mégots collectés. La Ville de Paris a dévoilé, mardi 20
mai, un nouveau plan de lutte contre les mégots, articulé autour de dix mesures. Parmi elles : la distribution gratuite de 400 000 cendriers de poche dans les bureaux de tabac, et
l’installation d’éteignoirs sur les corbeilles de rue qui n’en sont pas encore équipées. Au total, 350 tonnes de mégots sont ramassées dans les rues de la capitale chaque année.