
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
Le 15 avril 2019, la cathédrale millénaire, symbole du romantisme, brûlait. En cette date anniversaire, _Le Figaro_ vous propose de réviser vos figures de style grâce au célèbre roman de
l’écrivain. Publicité Il y a quatre ans, jour pour jour, un incendie ravageur dévastait la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’émoi suscité dans le monde entier permit de redécouvrir un
emblème de l’identité culturelle française qui accueillit en son sein les états généraux réunis par Philipe IV le Bel, les _Te Deum _chantés à l’occasion des victoires militaires de Louis
XIV, le sacre de Napoléon Ier, le _Magnificat_ entonné par le général de Gaulle, pour ne citer que ces évènements. N’oublions pas non plus que Notre-Dame constitue un personnage romanesque à
part entière: sous la plume de François Rabelais, Gargantua vole les cloches de l’édifice pour les accrocher au cou de sa jument en guise de grelots ; mais il faut attendre l’année 1831
pour que Victor Hugo écrive quelques-unes des plus belles pages de la littérature épico-romantique, en offrant une place de choix à la cathédrale dans son roman homonyme ; en voici quelques
extraits aux en figures de style notables. LA COMPARAISON _«[…] la grande rose centrale flamboie comme un œil de cyclope enflammé des réverbérations de la forge.»_ Il s’agit de l’une des
figures de style les plus courantes. Au crépuscule du jour, la rosace de Notre-Dame semble se confondre avec l’œil d’un cyclope, grâce à un rapport d’analogie surprenant qui peut faire
songer à l’œil du cyclope Polyphème, crevé par un épieu enflammé utilisé par Ulysse et ses hommes. Le procédé s’avère impressionnant et riche de sens, puisqu’il permet de suggérer la
démesure de la cathédrale, en même temps qu’il l’anime et l’élève au rang de créature mythologique intimidante. L’ANTITHÈSE _«Les contre-nefs étaient pleines de ténèbres, et les lampes des
chapelles commençaient à s’étoiler, tant les voûtes devenaient noires.»_ Par l’antithèse, on rapproche deux mots ou deux idées fortement contradictoires. Dans le cas présent, Victor Hugo
crée un clair-obscur en jouant avec le lexique de l’ombre et de la lumière. L’effet produit est fortement poétique, car il dévoile l’image cosmique - donc infinie - d’une_ «voûte»_ étoilée
pour évoquer le plafond de l’édifice. L’HYPERBOLE _«Ses rayons [du soleil], de plus en plus horizontaux, se retirent lentement du pavé de la place, et remontent le long de la façade à pic
dont ils font saillir les mille rondes-bosses sur leur ombre […]»_ En littérature, l’hyperbole désigne le procédé de l’exagération. Figure très appréciée de Victor Hugo, elle est, dans ce
passage, de type quantitatif et amplifie le nombre de sculptures que l’on trouve à l’intérieur de la cathédrale, peut-être pour souligner l’aspect sublime du lieu, ou son opulence.
L’HYPOTYPOSE _«[…] les trois portails creusés en ogive, le cordon brodé et dentelé des vingt-huit niches royales, l’immense rosace centrale flanquée de ses deux fenêtres latérales comme le
prêtre du diacre et du sous-diacre, la haute et frêle galerie d’arcades à trèfle qui porte une lourde plate-forme sur ses fines colonnettes, enfin les deux noires et massives tours avec
leurs auvents d’ardoise, parties harmonieuses d’un tout magnifique, superposées en cinq étages gigantesques, se développent à l’œil sans foule et sans trouble […]»_ Victor Hugo effectue une
véritable hypotypose de la cathédrale Notre-Dame: la description proposée est particulièrement minutieuse et réaliste, en raison de l’énumération de détails, à tel point que l’image créée
semble sortir du texte: on voit franchement la cathédrale plus qu’on ne la lit. Les figures de style transfigurent et embellissent Notre-Dame de Paris. Victor Hugo nous montre, une fois de
plus, que la littérature est parfois plus vraie et saisissante que la réalité elle-même.