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Une enquête que rapporte le _Guardian _révèle que 67% des étudiants britanniques n’utilisent jamais ou presque ce discret signe de ponctuation. Le point-virgule aurait-il dit son dernier mot
? Publicité Le très sérieux quotidien britannique s’inquiète. Dans un article publié ce dimanche 18 mai, le _Guardian _note le déclin du point-virgule, ce discret pilier de la langue
écrite. Kurt Vonnegut l’avait déjà condamné sans appel : _« N’utilisez pas de points-virgules. Tout ce que cela montre, c’est que vous êtes allés à l’université. »_ L’écrivain américain s’y
conformait rigoureusement : jamais plus de trente dans un seul roman. _«Une étude suggère que les auteurs britanniques ont pris à cœur les conseils de Vonnegut»_, regrette le journal avec
cynisme. Deux décennies plus tard, cette boutade semble en effet être devenue prescription collective. Selon une étude commandée par Babbel, l’usage du point-virgule dans les livres anglais
a chuté de près de moitié en vingt ans. Il n’apparaît plus qu’une fois tous les 390 mots, contre une fois tous les 205 mots en 2000. Une autre étude, menée par Lisa McLendon, auteure de _The
Perfect English Grammar Workbook_, révèle que 67% des étudiants britanniques n’utilisent jamais ou rarement le point-virgule. Seuls 11% des sondés se décrivent comme des utilisateurs
réguliers. Pire encore : la moitié des étudiants avoue ne pas savoir comment l’utiliser. UN DÉSAMOUR PROGRESSIF Le point-virgule serait-il un caprice linguistique ? Le quotidien s’attelle
vaillamment à la réflexion. Ce signe de ponctuation raffiné, loin d’être une relique inutile, permet de relier deux idées indépendantes mais liées, ou d’éviter les confusions dans des listes
complexes, rappelle le _Guardian_. Et de citer la définition qu’en donne le dictionnaire d’Oxford : _«Un signe de ponctuation indiquant une pause, plus prononcée qu’une virgule, entre deux
propositions principales.»_ Le point-virgule apparaît pour la première fois en 1494 dans l’œuvre du savant et imprimeur italien Alde Manuce. Malgré sa longévité, son usage reste clivant.
Ainsi, la célèbre série horrifique _Chair de poule, _de Robert Lawrence Stine, compte un point-virgule tous les 200.000 mots. Cormac McCarthy en a utilisé 42 dans son premier roman _The
Orchard Keeper_, mais un seul dans les neuf suivants. La journaliste anglaise Lynne Truss, auteure de _Eats, Shoots & Leaves_, fustigeait ce signe de ponctuation comme _«dangereusement
addictif»_. _«Beaucoup d’écrivains accros au point-virgule deviennent une gêne pour leur famille et leurs amis»,_ précisait-elle avec humour. Nombreuses sont pourtant les figures à avoir
porté haut ce petit point. Virginia Woolf en faisait un outil rythmique fondamental dans _Mrs Dalloway. _Abraham Lincoln le défendait avec chaleur. _«J’ai beaucoup de respect pour le
point-virgule ; c’est un petit bonhomme bien utile», _expliquait-il malicieusement. D’autres auteurs comme Salman Rushdie, John Updike ou encore Donna Tartt en font un usage généreux.
Entendez par-là une moyenne de 300 occurrences tous les 100.000 mots. Alors, faut-il sonner le glas ? Pas tout à fait. Si son usage a bien chuté depuis le milieu des années 2000, le
point-virgule connaît un léger regain depuis 2017. Et le _Guardian _de citer avec grande précision les chiffres de _Google Books Ngram Viewer._ Que nous disent-ils ? L’usage du point-virgule
en anglais a augmenté de 388% entre 1800 et 2006, avant de chuter de 45% au cours des onze années suivantes. De 2017 à 2022, le point-virgule semble retrouver grâce dans la littérature
anglophone, avec une hausse de 22%.