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Face à la hausse des prix des fruits, il est tentant de se lancer dans un peu d’autoproduction. Mais comment s’assurer rapidement de belles récoltes ? Le spécialiste du jardin bio Denis
Pépin livre ses conseils de plantation pour qui rêve de se doter d’arbres fruitiers productifs et faciles à cultiver. Publicité Sommaire * QUELS ARBRES FRUITIERS FAUT-IL PLANTER ? * QUELS
SONT LES AUTRES CRITÈRES POUR CHOISIR UN ARBRE ? * Quand et comment faut-il planter ses arbres fruitiers ? * Quels soins faudra-t-il leur prodiguer ensuite ? * Existe-t-il une période
opportune pour tailler les arbres ? * Comment prévenir les maladies et les attaques d’insectes ? Afficher plus Quel plaisir et quelle fierté de se nourrir des fruits de son jardin ! Mais
comment y parvenir sans s’épuiser ni y passer trop de temps ? Notre spécialiste du jardin bio, Denis Pépin, nous dévoile les règles à suivre pour obtenir de beaux résultats dans les grands
vergers comme dans les petits ! QUELS ARBRES FRUITIERS FAUT-IL PLANTER ? Je recommande des formes fruitières de vigueur réduite. Ces arbres, qui seront de petite taille à l’âge adulte,
permettront des interventions faciles et rapides, à portée de main. Ils ne nécessiteront pas de recourir à une échelle pour les tailler ou les protéger contre les ravageurs, les maladies, le
gel printanier… Et, plus vite que les arbres classiques - souvent dès la 2e année -, les petits arbres produisent des fruits qui, eux, ne sont pas plus petits ! Mieux vaut donc planter soit
des fruitiers nains, soit des fruitiers dont le porte-greffe est faible - car de la vigueur du porte-greffe dépendra la taille finale de l’arbre -, soit des arbres colonnaires (à la forme
resserrée en colonne, et qui montent jusqu’à 2 mètres et plus). Mais si un arbre nain ou colonnaire est toujours identifié comme tel, l’information sur la vigueur du porte-greffe d’un arbre
classique n’est pas communiquée sur l’étiquette. D’où l’intérêt de se fournir chez un pépiniériste qui a réalisé ses greffes lui-même. Enfin, opter pour une forme d’arbre palissée (en U, par
exemple) est une fausse bonne idée : une fois plantés, ces arbres, souvent greffés sur des porte-greffes à croissance vigoureuse pour pouvoir être vendus rapidement, ont tendance à «
s’emballer ». Leur forme est très difficile à conserver sans un travail de taille considérable. QUELS SONT LES AUTRES CRITÈRES POUR CHOISIR UN ARBRE ? La force du porte-greffe doit être
adaptée au type de sol, surtout s’il est très acide, très calcaire, trop humide ou desséchant. Par exemple, si votre terre est sableuse, il faudra éviter les porte-greffes faibles. Ils
auraient du mal à y pousser, car leur système racinaire peu développé peinerait à puiser l’eau nécessaire à la croissance de l’arbre. Préférez alors ceux de vigueur moyenne, car l’arbre ne
sera finalement pas trop vigoureux, faute d’eau. Les espèces doivent aussi être adaptées au climat : un abricotier s’acclimate mieux dans le Sud que dans le Nord, et c’est l’inverse pour un
pommier. Mais le réchauffement climatique ouvre des possibilités, et en ferme d’autres. Il n’est désormais pas rare de voir des agrumes en Bretagne. Mieux vaut également privilégier des
variétés autofertiles, où la fécondation se fera entre deux fleurs d’un même sujet, plutôt qu’autostériles, qui nécessitent une fécondation croisée et donc la présence d’autres variétés
compatibles dans votre jardin ou celui d’un voisin. Et gardez en tête que la production de fruits de variétés autofertiles sera toujours meilleure s’il y a deux arbres. Planter des variétés
peu sensibles aux maladies et aux ravageurs est également essentiel : vous réduisez le risque, sans l’exclure à 100 %. Enfin, optez, quand c’est possible, pour des arbres à racines nues :
élevés en pleine terre, ils ont déjà été exposés à toutes les conditions heureuses et malheureuses d’un jardin, ce qui va les aguerrir et leur donner une meilleure reprise que ceux élevés en
pot. Éclaircir pour réguler On parle d’alternance quand un arbre fruitier (surtout les pommiers et les poiriers) produit beaucoup une année, et peu ou pas du tout la suivante. Pour réguler
cette production d’une année sur l’autre, Denis Pépin conseille d’éclaircir l’arbre, de manière à laisser une pomme ou une poire tous les 8 à 10 cm, une pêche tous les 12 à 15 cm et une
prune tous les 7 à 8 cm, par exemple. Cette taille s’effectue pour les pommiers entre la fin mai et le 10 juin dans la plupart des régions, quand les pommes ont le volume d’une petite noix
ou d’une noisette. Ce sacrifice d’une partie de la production future, qui peut être douloureux pour beaucoup de jardiniers, permet à l’arbre de bien nourrir un nombre limité de fruits (qui
seront ainsi plus gros et plus sucrés) et de mieux préparer la floraison, et donc la production, de l’année suivante. Il permet aussi d’éviter la casse des branches sous le poids de fruits
trop nombreux. QUAND ET COMMENT FAUT-IL PLANTER SES ARBRES FRUITIERS ? Il faut attendre fin octobre, début novembre, quand les feuilles sont tombées, pour planter des arbres à racines nues.
Ceux en conteneur peuvent être replantés dès la fin septembre. Pour une plantation réussie, il faut que la terre soit encore chaude et un peu humide. Pas détrempée, car les racines ne
peuvent s’alimenter correctement dans une terre tassée, donc compacte. Dans une bonne terre de jardin naturellement fragmentée, souple et aérée, creusez un trou de 50 cm de profondeur et 50
cm de large. Si la terre est tassée et ne permet pas d’atteindre cette profondeur, élargissez le trou. Commencez par enlever la terre de surface riche en humus (la plus foncée sur 20 à 25 cm
d’épaisseur environ) et mettez-la de côté. Décompactez la couche plus profonde. N’enfouissez pas de matière organique ni d’engrais en profondeur ! Si un apport est nécessaire, mélangez-le à
la terre de surface. Pour un arbre à racines nues, taillez légèrement ses racines endommagées. Mais ne touchez pas à sa partie aérienne avant un délai d’an, car les bourgeons terminaux
émettent des hormones qui favorisent la croissance des racines. Enrobez ensuite ses racines de pralin, un mélange boueux de terre du jardin, d’eau et, éventuellement, de bouse de vache ou de
compost bien mûr. S’agissant d’un arbre élevé en pot, immergez la motte dans un seau d’eau propre pendant au moins une heure afin qu’elle soit imbibée à cœur. Coupez les racines qui se
seraient développées en périphérie de la motte. Dans les deux cas, plantez ensuite l’arbre jusqu’au collet, c’est-à-dire sans recouvrir le bourrelet de greffe. Étalez les racines au fond du
trou de plantation en conservant leur position. Rebouchez le trou en replaçant chaque couche de terre à sa place initiale. N’oubliez pas le tuteur, à enfoncer dans le trou de plantation, de
manière qu’il soit à 4 cm du tronc environ ! Arrosez copieusement et lentement, même si de la pluie est prévue. Après quelques jours, griffez la terre, puis paillez. Et après quelques
semaines, attachez le tuteur à l’arbre. QUELS SOINS FAUDRA-T-IL LEUR PRODIGUER ENSUITE ? Autour des arbres, il faut éviter l’installation d’herbes indésirables qui viendraient le
concurrencer, en maintenant un paillage pas trop épais, de 5 cm environ. Tous les 2 à 3 ans, idéalement au début de l’automne, vous pouvez apporter un peu de compost en surface. Durant les 2
ou 3 ans qui suivent la plantation, il faut aussi être attentif à l’état de sécheresse du sol, du printemps à la fin de l’été. Et si la terre est sèche à environ 20 cm de profondeur,
irriguer ses arbres car leur système racinaire est encore peu développé (surtout celui des arbres nains). EXISTE-T-IL UNE PÉRIODE OPPORTUNE POUR TAILLER LES ARBRES ? Tout au long de l’année,
vous devez débarrasser les arbres des branches mortes ou malades dès que vous les voyez, afin d’éviter la propagation de maladies. Mais vous devrez aussi tailler vos arbres fruitiers pour
les former (les structurer) et les entretenir. Ainsi, il faudra régulièrement raccourcir les prolongements trop vigoureux des branches, à 10 cm de leur point de départ. Cette taille évite le
départ de branches difficiles à contrôler ensuite. L’idéal est d’agir dès l’été, courant juillet pour les pommiers, poiriers, pruniers, et juste après la récolte pour les cerisiers. Il
faudra aussi supprimer les branches et rameaux trop nombreux ou enchevêtrés : l’arbre produira alors moins de fruits, mais de plus gros calibre, car ils seront bien aérés et éclairés. De
même, au bout d’un certain temps, il faudra supprimer les rameaux vieillissants (qui ont déjà porté beaucoup de fruits), dont le renouvellement est en place. Faites-le plutôt à la fin de
l’hiver (jusqu’au débourrement, quand les bourgeons éclosent) pour les arbres à pépins, et en été, après la cueillette, quand la sève circule, pour les arbres à noyaux. Qui est notre expert
? Denis Pépin est jardinier depuis plus de 40 ans. Cet ingénieur écologue et agronome se consacre depuis 2005 au Jardin des Pépins. Biologique et écologique, fleuri et très productif, ce
jardin multi primé est conçu et organisé autour de sa maison, pour les besoins de sa famille. Denis Pépin y est toujours à la recherche de solutions concrètes, écologiques, simples et
pragmatiques pour réduire le temps passé, l’effort physique et les dépenses, économiser les ressources naturelles sans renoncer à la production intensive des légumes et des fruits. Il donne
aussi des cours et des conférences, et est l’auteur de nombreux ouvrages sur le jardinage écologique, parmi lesquels _Petits Arbres fruitiers (presque) sans entretien_, sur le sujet des
nouvelles formes fruitières pour petits jardins, et_ Petits Fruits, délices du jardin bio_ (éd. Terre vivante). ------------------------- COMMENT PRÉVENIR LES MALADIES ET LES ATTAQUES
D’INSECTES ? À la fin de l’hiver, pendant le gonflement des bourgeons, pulvériser de la bouillie bordelaise (un fongicide à base de cuivre et de chaux) permet de bloquer la propagation des
maladies. Mais cela ne sera efficace que si les arbres sont suffisamment espacés pour que le vent et le soleil sèchent les feuilles rapidement, car les milieux humides sont favorables aux
maladies. Il faudra aussi supprimer régulièrement les rameaux et feuilles malades, les fruits pourris ou contaminés par des insectes, sur l’arbre et à terre. Et en automne, broyez finement
avec la tondeuse les feuilles tombées, pour accélérer leur décomposition. Ou ratissez-les pour les utiliser en paillage, à l’écart des arbres fruitiers. Contre les attaques de ravageurs, les
protections physiques qui enveloppent l’arbre ou le fruit (sachets, voiles de protection, etc.) sont les plus efficaces.