Soudan : un convoi humanitaire de l’onu attaqué au darfour

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SOUDAN : UN CONVOI HUMANITAIRE DE L’ONU ATTAQUÉ AU DARFOUR Cinq personnes ont été tuées lorsque des véhicules transportant vivres et médicaments ont été pris pour cible, dans cette région


ravagée par la guerre. Publicité Dans la nuit du 2 au 3 juin, un convoi humanitaire comprenant des camions du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’UNICEF a été violemment attaqué dans


la ville de Kuma, dans le Darfour-Nord, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre El-Facher, ville martyre du conflit soudanais. L’Onu a fermement condamné l’incident. Le convoi, bloqué depuis


plus de deux semaines dans cette zone contrôlée par les Forces de soutien rapide (FSR), attendait une autorisation officielle pour traverser les lignes de front. Il visait à acheminer des


vivres, de l’eau et des médicaments à la population d’El-Facher, encerclée et affamée depuis mai par les paramilitaires de Mohamed Hamdane Daglo. L’Onu fait état de «_ cinq morts et


plusieurs blessés_ », et a indiqué ne pas être en mesure d’identifier les auteurs de l’attaque, dont les deux camps se renvoient mutuellement la responsabilité. ACCUSATIONS MUTUELLES D’un


côté, les paramilitaires des FSR accusent l’armée soudanaise d’avoir « _délibérément attaqué [le convoi] (...) après avoir été retenu pendant plus de 15 jours dans la région de Diba _». De


l’autre, le gouvernement et l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane affirment que ce sont les FSR qui ont mené une attaque « _de manière agressive à l’aide de drones_ ». L’attaque du


convoi intervient quelques jours après le bombardement répété des entrepôts du PAM à El-Facher et le ciblage dramatique de l’hôpital international d’El-Obeid, frappé le 30 mai par un drone.


Six soignants au moins ont été tués, et plus d’une quinzaine d’autres blessés. À Kuma, des activistes assurent avoir assisté à une frappe la veille, qu’ils imputent à l’armée régulière, dans


une zone pourtant sous contrôle des FSR. Ce flou rend toute enquête indépendante difficile, voire impossible. Mais le résultat, lui, est certain : une aide cruciale n’a pas atteint ceux qui


en ont le plus besoin. EL-FACHER, VILLE ASSIÉGÉE Capitale provinciale du Darfour-Nord, El-Facher est depuis plusieurs semaines coupée du monde. Elle reste l’un des derniers bastions de


l’armée régulière dans cette région, que les paramilitaires tentent de conquérir par des bombardements répétés, notamment sur les quartiers civils et les infrastructures médicales. Dans ce


chaos, les hôpitaux sont à bout de souffle, les marchés vides et les puits, souvent ciblés, réduisant drastiquement l’accès à l’eau. «_Le Soudan est le théâtre d’une urgence humanitaire


d’une ampleur effroyable_», alerte Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l’Onu. Une famine croissante y est déjà signalée. CIVILS PRIS POUR CIBLE Depuis avril


2023, le Soudan est plongé dans une guerre intestine entre les forces armées du général Burhane et les FSR, une milice née de l’appareil sécuritaire du dictateur déchu Omar el-Béchir. En


deux ans, le pays s’est transformé en champ de ruines. Les deux parties sont accusées de crimes graves : attaques aveugles sur des zones habitées, frappes de drones contre des hôpitaux,


entraves systématiques à l’acheminement de l’aide. Des accusations croisées d’ingérences étrangères ajoutent à la complexité. Les FSR dénoncent un soutien militaire de l’Égypte à l’armée ;


en retour, le gouvernement accuse les Émirats arabes unis d’armer les paramilitaires – accusations que Le Caire comme Abou Dhabi réfutent. Selon le HCR, quatre millions de Soudanais ont fui


le pays : 1,5 million vers l’Égypte, plus d’un million vers le Soudan du Sud, dont 800 000 Sud-Soudanais rapatriés, et 850 000 vers le Tchad. Le Tchad, l’un des pays les plus pauvres du


continent, accueille aujourd’hui plus de 1,2 million de réfugiés soudanais, sous une pression logistique et financière intenable. Ces dernières semaines, plus de 68 000 nouveaux réfugiés


sont arrivés dans l’est du Tchad, au rythme alarmant de 1 400 personnes par jour, selon la porte-parole du HCR Eujin Byun. « _Il s’agit d’un jalon dévastateur dans la plus grave crise de


déplacement de population au monde _», a-t-elle déclaré. Pendant que les puissances régionales se défendent ou se dérobent, des humanitaires meurent, les civils souffrent et le pays sombre.


L’attaque du convoi à Kuma n’est qu’un épisode de plus dans une guerre ou la neutralité humanitaire n’est plus respectée.